Commentaire de Démocrite et Héraclite Montaigne, Essais

Au XVIe siècle, malgré la diffusion des principes humanistes qui sont de placer l’homme au premier plan, c’est la religion qui primera jusqu’en 1598 avec l’édit de Nantes. Montaigne participa à l’aboutissement de cet édit. Par ailleurs, c’est un moraliste, c’est-à-dire qu’il étudie les mœurs et la nature humaine. Ainsi, de 1580 à 1588, il se cantonna dans son donjon, et s’inscrivit dans cette démarche moraliste pour écrire les Essais en s’inspirant de Sénèque avec la devise sceptique « Que sais-je ?». Montaigne créa alors un genre nouveau : l’Essai, qui est un texte de réflexion caractérisé par sa forme libre, dans lequel l’auteur exprime ses idées sans prétendre épuiser le sujet et dont sa personnalité est toujours présente. Le chapitre 50 étudié ici ; « Sur Démocrite et Héraclite » placé entre le chapitre « des coutumes anciennes » et « de la vanité et des paroles ». Ces deux chapitres illustrent la condition humaine décrite dans ce chapitre.

PB : Comment Montaigne met-il en avant, par un style à saut et à gambade le jugement dans ce chapitre et comment l’illustre-t-il ?

Montaigne utilise le jugement comme un outil au service de la connaissance. Il nous expose sa démarche d’écriture qui est « à saut et à gambades ». Cette démarche implique un style qui lui est particulier.

Le jugement est utilisé comme un outil qui est mis au service de la connaissance. Le premier mot de ce chapitre est « jugement ». C’est une revendication humaniste, qui place l’esprit comme étant une valeur suprême. Le jugement est décrit comme un « outil », au service de la connaissance, c’est-à-dire que l’on s’en sert et qu’il est utile. Cette utilisation est soulignée par le groupe de mots « tous les sujets » et par l’adverbe « partout ». Dans ce chapitre le jugement est sujet de nombreuses phrases, on peut penser que c’est le jugement qui permet à l’auteur d’écrire. Il met en avant le fait qu’il s’en sert pour écrire ses « Essais ». Il dit que le jugement se fait aussi sur les mouvements : « Tout mouvement nous révèle. », pour cela il compare le jugement à un cheval, qui est jugé quoiqu’il face et pour l’auteur c’est pareil.

Montaigne évoque le fait qu’il n’y a pas que les qualités extérieures ni nos actes qui doivent être jugés mais l’ensemble de ce qui fait notre caractère : « Ne prenons donc plus comme excuse les qualités extérieures des choses : nous ne devons-nous en prendre qu’à nous. Notre bien et notre mal ne dépendent que de nous. Adressons à nous-mêmes nos offrandes et nos vœux, et non pas au « des- tin » : il ne peut rien sur notre caractère. C’est notre caractère, au contraire, qui l’entraine derrière lui, et lui donne sa forme. ». Cependant il se contredit juste après en évoquant que le fait de juger est important et qu’il faut juger, il en profite alors pour juger les échecs qui est un sujet vain pour lui mais qu’il ne peut s’empêcher de juger. Montaigne en vient aux passions qu’elles changent notre âme, il les décrit comme étant des « distractions ridicules » qui est un terme assez péjoratif.

Montaigne utilise une démarche qui permet de comprendre. son argumentaire tel que la personnification qu’il utilise pour parler de l’essai pour en parler : « S’il s’agit d’un sujet que je ne connais pas, je le teste sur lui », « Tantôt je l’essaie sur un sujet creux, un sujet rien du tout, pour voir s’il trouvera de quoi lui donner corps, l’appuyer et l’étayer. Tantôt je le conduis vers un sujet noble et rebattu, auquel il ne peut rien ajouter d’original, le chemin étant si fréquenté qu’il ne peut marcher là que sur la piste d’autrui... ». Cette personnification relate l’importance de son art d’expérimenter. Il fait

...