Commentaire Sur Le dénouement De la pièce de théâtre Dom Juan de Molière

I) La mort de Dom Juan

1) Une revanche pour ses victimes, un soulagement pour l’humanité

La mort de Dom Juan est avant tout une revanche pour ses victimes, et même un soulagement pour l’humanité. Sganarelle le fait remarquer à travers une accumulation, ce qui souligne le grand nombre de victimes :« files séduites, familles déshonorés, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout. » En effet, Dom Juan était un grand séducteur, et accumulait les conquêtes féminines pour simple plaisir de séduire, ce qui était extrêmement choquant et immoral. Mais, comme le souligne Sganarelle, les actes de Dom Juan avaient également de graves répercutions sur d’autres personnes, comme le père de Dom Juan, ou encore les maris de ses victimes. Le libertin renie dieu tout au long de l’œuvre, ce qui était impensable pour l’époque, et il enfreint de nombreuses lois et règles morales. Son valet souligne ces graves fautes, en faisait une assonance en « é » et en « l »: « ciel offensé, lois violés ». Enfin, pour résumer les éléments affirmés dans sa réplique, il dit « tout le monde est content », ce qui souligne une fois de plus que sa mort est non seulement un soulagement pour ses victimes, mais même pour l’humanité entière.

2) Les apparitions surnaturelles

Les apparitions surnaturelles rendent ces deux scènes de dénouement fantastique, et tragique. En effet, dans la scène 5 apparaît un spectre en femme voilée, qui symbolise toutes les femmes que Dom Juan a séduit, pour qu’il se souvienne éternellement des fautes qu’il a commises. Le voile que porte cette femme voilée rappelle Done Elvire, que Dom Juan a sorti d’un couvent pour l’épouser. Ce spectre lui donne une ultime chance pour ne pas être emporté aux enfers: « s’il ne se repentit pas ici, sa perte est résolue », que Dom Juan refuse, car il veut rester fidèle à ses idées jusqu’au bout. Ensuite, le spectre représente le temps, avec une faux à la main. La faux représente aussi la mort, ce qui signifie que la mort du libertin approche, et qu’il a eu tord de ne pas vouloir se repentir. Dans la scène 6 apparaît la statue, qui est la métaphore de la conscience. Elle est chargée d’accompagner Dom Juan aux enfers. Juste avant la mort du libertin, elle affirme « Dom Juan, l’endurcicement au pêché est une mort funeste, et les grâces du Ciel que ‘l’on renvoie ouvrent un chemin à sa foudre » Cette phrase signifie que Dom Juan n’a pas voulu se repentir, et a voulu rester immoral, sans se remettre en question, il n’a donc pas d’autre choix que d’être livré aux enfers.

La principale action de ce dénouement est donc la mort de Dom Juan, le héros de cette pièce. Il s’agit de l’aboutissement d’une logique dramatique, à travers une scène à tonalité tragique.

II) Le dénouement : aboutissement d’une logique dramatique

1) Une scène tragique

Ces deux scènes de dénouement sont loin de ressembler à ce dont le lecteur s’attendait, car elles ne sont pas similaires dénouement d’une comédie. En effet, le dénouement a un registre tragique, et même une tonalité dramatique. Le champ lexical de l’enfer est abondant : « diable » (l7), « terreur » (l10), « péché » (l22), « mort » (l22), « foudre » (l23), « feu » (l24), « brule » (l24), « brasier ardent« (l25). Ce champ lexical intensifie le côté tragique et très sombre de la scène, et rend la mort de Dom Juan dramatique. Ces deux scènes sont abondantes en didascalies, le rythme est donc soutenu, ce qui accentue le côté tragique de la pièce, et créé une tension chez les spectateurs. De plus, Dom Juan sent qu’il va mourir, il y a donc comme un compte à rebours jusqu'à sa mort, ce qui est tragique. La dernière phrase que prononce le libertin avant de mourir est « Ô Ciel ! Que sens-je ? Un feu invisible me brûle, je n’en puis plus, et tout on corps devient un brasier ardent. Ah ! » Dom Juan est entrain de descendre aux enfers, c’est donc un cri de douleur, qui insiste sur le fait qu’il n’avait pas d’autre choix qu’aller en enfers, et accentue l’effet tragique de cette scène.

2) La place de la religion

Dans ce dénouement, la religion tient une place prépondérante. Dom Juan, qui a toujours renié l’existence de Dieu, a fait de nombreux actes contre la religion, il n’y a donc que la puissance divine qui peut l’arrêter. On pourrait suggérer que Molière, qui a critiqué la religion à travers le personnage de Dom Juan tout au long de l’œuvre, cherche néanmoins à nuancer cette satire dans le dénouement, en lui donnant une place importante. De plus, ces scènes rappellent le jugement dernier dans la Bible. Le mot « Ciel » est répété 4 fois dans ce dénouement, ce qui montre que la religion a un pouvoir important dans la mort de Dom Juan, et dans ce dénouement. De plus, le spectre prend l’apparence d’une femme voilée, ce qui fait penser à une religieuse. Ce spectre à peut être pour fonction de faire peur à Dom Juan, et de lui faire prendre conscience que ne pas croire en Dieu est une grave erreur. La religion tient donc un rôle majeur dans ce dénouement.

Ce dénouement à donc une tonalité tragique, mais il y a néanmoins quelques éléments comiques, qui nous rappelle que nous sommes dans une comédie.

III) Un dénouement de comédie ?

A) Les éléments comiques

Ces scènes présentent des éléments comiques, qui allègent le côté tragique et sombre du dénouement. Tout d’abord, juste après la mort de Dom Juan, Sganarelle est très malheureux, non pas parce que son maître est mort, mais car il n’a pas eu son salaire : « Ah ! Mes gages ! Mes gages ! (…) Il n’y a que moi seul de malheureux. Mes gages ! Mes gages ! Mes gages ! » Cette réplique clos la scène, et donc la scène, elle a donc une place très importante. Cette touche comique à pour rôle de détendre l’atmosphère tragique qui régnait, et de nous rappeler que l’on est dans une comédie. De plus, Sganarelle est très peureux à l’égard de ces apparitions surnaturelles, et ne peut s’empêcher de faire des remarques très drôles : « Ah ! Monsieur, c’est un spectre : je le reconnais au marcher ». Cette réplique n’a pas de sens, Sganarelle n’a jamais vu de spectre, et un spectre ne marche pas, et elle sert à apporter une pointe de comique. Ce dénouement présente donc des éléments comiques, qui ont pour principale fonction de dédramatiser les scènes.

B) Le personnage de Sganarelle

Sganarelle, le valet de Dom Juan est un personnage de comédie, c’est un bouffon. C’est de lui que viennent les répliques comiques dans ce dénouement. Mais le valet cherche à raisonner et à sauver son maître « « Ah ! Monsieur, rendez-vous à tant de preuves t jetez-vous vite dans le repentir ». (l6), ce qui souligne sa peur, mais montre qu’il est attaché à lui. Néanmoins, dans sa dernière réplique qui est très importante car elle clôture la pièce, Sganarelle réclame ses gages alors que son maître est mort. Le valet est très décevant car le spectateur pensait qu’il avait véritablement de l’affection envers son maître. Sganarelle est donc un hypocrite, car la mort de Dom Juan l’affecte peu. De ce fait, le personnage de Dom Juan est dédramatisé, car l’on se rend compte qu’il n’est pas le seul à avoir un sens moral limité, et il n’est peut être pas si mauvais que ca.

CONCLUSION

Dans la dernière scène Dom Juan, le héros, meurt descend aux enfers, la pièce ne peut plus continuer sans lui, il s’agit donc du dénouement. Ces deux scènes de dénouement sont très différentes d’un dénouement de comédie. Les apparitions surnaturelles donnent un aspect fantastique à ces scènes, ce qui les rend originales. De plus, le dénouement à une tonalité ironique bien que quelques passages soient comiques, principalement grâce au personnage de Sganarelle. De plus, Molière donne une place prépondérante à la religion dans ces deux scènes. Il s’agit donc d’un dénouement à la fois fantastique, comique, et tragique, qui est hors du commun.

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