Comment les poètes réagissent-ils face à la fuite du temps

    « La vie passe comme un torrent qui coule toujours et ne s'arrête jamais. » disait Mary Sarah Newton, qui était une essayiste et peintre anglaise du 19ème siècle. Cette phrase décrit la fatalité de la fuite du temps et par conséquent de la fin de notre vie. En effet le temps qui passe est un sujet inspirant souvent de l’angoisse et de la peur et notamment pour les auteurs de littérature. C’est pourquoi ils tentent, à travers leur plume, de retranscrire cette inquiétude en espérant y trouer des réponses. Mais alors, de quelle manière les auteurs répondent-ils à l’angoisse de la fuite du temps ? Nous verrons dans une première partie la réponse avec le mouvement épicurien, puis avec le mouvement mélancolique et enfin avec le mouvement du stoïcisme.

    Tout d’abord le mouvement épicurien est un mouvement prônant l’appréciation du moment présent et plus particulièrement avec le carpe diem signifiant « cueille le jour ». Ce mouvement est depuis longtemps réfléchis, Horace dira dans ses Odes, à Leuconoé « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain » en 23 ou 22 avant Jesus-Christ. Cette philosophie de vie a été très utilisée par les auteurs, notamment Ronsard, pour exprimer leur relation par rapport à la fuite du temps. Ils invitent leur lecteur à profiter de cet instant pour ne pas le regretter une fois le temps passé comme dans le poème « saisir l’instant » de Esther Granek. Le proverbe « mieux vaut vivre avec des remords que des regrets » évoque le fait d’oser et de s’aventurer avant qu’il ne le soit trop tard, rejoignant donc l’idée de l’épicurisme. Ils en useront considérablement lors d’œuvres voués à la séduction. Comme dans le poème « quand vous serez bien vieille » de Ronsard, où l’auteur invite la jeune dame à accepter son amour maintenant pour ne pas qu’elle le regrette plus tard.  

    Cependant, les auteurs emploient également la métaphore filée de la rose dans leurs œuvres pour accentuer la nécessiter de profiter de l’instant présent. Cette métaphore associe la rose à la brièveté de la vie, se reposant sur la courte durée de vie de cette fleur elle évoque donc la nécessité de profiter avant qu’il ne soit trop tard, comme le poème « Je vous envoie un bouquet » de Ronsard le démontre. Cette métaphore traduit aussi la beauté et la jeunesse attirantes, en référence à la beauté de la rose et son association faite avec l’amour, mais qui cependant, ne durent pas indéfiniment. Ces deux aspects de la métaphore filée de la rose appellent encore le lecteur à profiter de l’instant présent  

    Les auteurs ont aussi eu recours au mouvement mélancolique pour répondre à l’angoisse de la fuite du temps. Cette mélancolie est traduite à travers le spleen et la nostalgie. Le spleen étant une mélancolie sans cause apparente, Baudelaire, poète du XIXeme siècle, y a très souvent eu recours. Le spleen confère un caractère implacable au temps qui passe, l’auteur n’est que spectateur et ne peut s’en échapper, le poème « L’Ennemi » de Baudelaire y fait référence. Dans le spleen, l’auteur est oppressé et étouffé par cette fatalité du temps. Le spleen est aussi accompagné de la nostalgie qui est un vrai culte du souvenir. Dans le poème « L’horloge » de Baudelaire, l’auteur supplie de se souvenir à travers la personnification de l’horloge évoquant le temps. L’auteur est enfermé dans cette bulle du passé, obligé de se rappeler les évènements révolus. Le souvenir étant le seul moyen d’échapper au temps, les écrivains peuvent continuer à vivre à travers les mémoires des personnes de part des autobiographies, des mémoires, des œuvres ou bien leurs enfants comme le qualifie le dicton latin « aut libri, aut liberi » (soit des enfants soit des livres).

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