Comment les poètes rendent-ils leurs sentiments personnels universels ?

Dissertation : Comment les poètes rendent-ils leurs sentiments personnels universels ?

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        Depuis son origine et de tout temps, les poètes ont utilisé la poésie comme un genre favorable, un lieu privilégié, servant à l’expression de soi, aux émotions et aux sentiments personnels universels. On peut donc s’interroger sur la façon dont les poètes rendent leurs sentiments personnels universels, se demander si le poète ne parle que de lui-même, ou s’il il parle aussi des autres. Pour tenter d’y répondre, nous verrons d’abord que la poésie est un genre propice à l’expression du moi, que le poète parle avant tout de lui-même. Ensuite, nous montrerons que le poète utilise aussi la poésie pour partager des émotions universelles. Enfin, nous constaterons que le poète ne parle pas seulement de sentiments personnels ou universels : il peut aussi utiliser la poésie comme un moyen d’expression pour faire passer ses idées sur bien d’autres sujets et qu’il peut aussi tout simplement s’opposer à toute forme d’expression de sentiments et chercher à ne créer que du Beau.

        Tout d’abord, quand on pense à la poésie, on pense à un genre propre à l’expression du « moi ». En effet, bien souvent, le poète passe par la poésie pour parler de lui-même. Par exemple dans la poésie lyrique, l’expression du moi passe par l’utilisation quasi-permanente du pronom personnel « je ». Ce « je » permet au poète de décrire et de développer des sentiments personnels divers et variés. Le sentiment exprimé est très souvent un sentiment amoureux : le poète dialogue avec la femme aimée, ou avec lui-même évoquant sa passion, sa souffrance amoureuse. Pour exemple, on peut citer le poème « je vis, je meurs, je me brûle, je me noie » dans lequel Louise Labé nous montre à travers son sonnet les émotions et les sentiments amoureux ressentis.
Mais, le poète peut aussi exprimer un autre sentiment de souffrance : celui du deuil. Ainsi, Ronsard dans « La mort de Marie », nous évoque sa peine face à la disparition de la femme aimée. On peut aussi citer Victor Hugo, qui dans « Demain dès l’Aube » exprime sa douleur face à la mort par noyade de sa fille Léopoldine.

La mort est aussi évoquée par Guillaume Apollinaire, dans les « Rhénanes d’automnes », où celui-ci évoque la mort humaine ainsi que la mort de la nature.

Par ailleurs, ce sentiment personnel ressenti et exprimé par le poète peut également être un sentiment très intérieur d’accablement et de dépression. Ainsi, Baudelaire dans « Spleen » évoque son mal-être profond et le sentiment d’étouffement dont il souffre. Cependant, on peut souligner que les sentiments du poète ne sont pas toujours négatifs, ils peuvent parfois être positifs. Ainsi, dans son sonnet « mon rêve familier » extrait du recueil Poèmes saturniens, Verlaine se met à rêver d’un idéal amoureux à travers une femme inexistante ce qui lui procure une certaine espérance.

Le poète semble donc principalement parler de lui-même, de ses propres sentiments. Toutefois, ses sentiments, s’ils sont très personnels peuvent aussi avoir un caractère universel.

En effet, le poète en parlant de lui, peut toucher le lecteur qui se reconnait et partage les mêmes sentiments que lui. Ceux-ci deviennent alors universels et peuvent toucher tout le monde. Le poète sait exprimer, utiliser les mots pour rendre compte de ce que le commun des mortels ressent mais ne sait pas toujours exprimer. Quand Hugo parle de la mort de sa fille, il exprime la douleur ressentie par tout parents devant une telle épreuve, une telle injustice. Le lecteur peut se lire lui-même dans le poème, s’identifier au poète, partager ses sentiments, se reconnaître dans ce qui est décrit. Le lyrisme évoque alors des sentiments connus de tous les hommes, des sentiments complétement universels. Les nombreux poèmes des auteurs de la Pléiade comme Ronsard illustrent bien ce caractère universel. Aussi, le poète peut tout simplement s’adresser directement à l’autre, l’invitant notamment à profiter de la vie, c’est le thème du Carpe diem. Sur ce point, on peut prendre pour exemple la poésie de Ronsard avec des poèmes comme « Sur la mort de Marie », « Mignonne allons voir si la rose » ou encore « Quand vous serez bien vieille ». Le thème du carpe diem et de la fuite du temps est aussi un lieu commun de la poésie lyrique.

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