Comment le groupe social des femmes est-il marginalisé dans Lorenzaccio?

        Au XIXème siècle, la tragédie se fait vieille, tandis que le drame romantique est en pleine ascension. On prône un mélange entre le sublime et le grotesque, en donnant une plus grande importance au décor et à la mise en scène (cosmovisions.com). Cependant, quand Alfred de Musset écrit Lorenzaccio en 1834, il n’a aucunement l’intention de faire de son œuvre une représentation théâtral ; sa pièce de théâtre est alors uniquement faite pour être lue. L’œuvre nous plonge dans le XVIème siècle, à l’époque de l’assassinat de Alexandre de Médicis, duc de Florence, tué par son propre cousin, Lorenzo. Ce dernier est au centre de la pièce ; personnage torturé et incompris, Musset se sert de lui pour critiquer sa propre société qu’il trouve corrompue et hypocrite. Cependant, les femmes, qui sont part entière de la société à l’époque de l’auteur, sont très peu présentes dans l’oeuvre. Dans cette évaluation critique, nous nous intéresserons donc à comment le groupe social des femmes est-il marginalisé dans Lorenzaccio (1834) de Alfred de Musset. Le participe « marginalisé » étant définis comme « écarter quelque chose, une activité de ce qui est essentiel, les rendre accessoires, secondaires » (larousse.fr). Nous commencerons par étudier comment les femmes du récit sont présentées, puis nous examinerons leur fonction dans l’intrigue.

Premièrement, tous les personnages de la pièce sont présentés au début de l’œuvre dans une liste de personnages. Nous y trouvons uniquement six figures féminines sur environ une cinquantaine de rôles ; elles sont donc en minorité. De plus, ces femmes ne sont mentionnées qu’à la fin de la liste. « DEUX DAMES DE LA COUR » se trouvent seulement à la vingt-quatrième ligne. Et les quatre derniers noms cités sont, elles aussi, des femmes. La Marquise de Cibo et Louise Strozzi, malgré qu’on puisse les penser importantes au court de la pièce, ne sont que les deux derniers noms de la liste de personnage. La position des femmes est illustrée grâce à ce procédé stylistique qui indique au lecteur leur marginalisation dès leur présentation ; elle passe après le reste de la population.

        De plus, au fil de la pièce, quand les personnages féminins sont présentés, ils sont majoritairement silencieux ou, du moins, ne disent rien de pertinent pour le déroulement de l’action. Par exemple, Gabrielle, la sœur de Maffio, est dite comme « [passant] dans l’éloignement » (Acte I, Scène 1). Elle n’a aucune réplique. Elle n’est mentionnée qu’à travers une didascalie. De même pour Louise Strozzi, qui est très discrète. Dans la seconde scène du premier acte, pour sa première apparition, elle n’a que deux courtes répliques étant constituées d’une seule phrase chacune. Ceci se reproduit dans la cinquième scène du second acte, où Le Prieur et Philippe Strozzi ont de multiples répliques allant jusqu’à vingt-cinq lignes, tandis que Louise n’en a que trois, la plus longue étant constituée de trois lignes. Ces éléments montrent au lecteur que, malgré le fait que ces personnages féminins puissent être importants pour le déroulement du récit, elles ne sont jamais au centre de l’attention. Pour finir, lors de l’acte I scène 5, deux dames de la cour ont un bref dialogue devant l’église. Celui-ci est assez insignifiant puisqu’elles cherchent à acheter des bas. De plus, elles ne mentionnent que des faits à propos de Julien Salviati qui sont déjà à la connaissance du lecteur. Ce dernier trouve donc que ces informations sont superflues. Pour conclure, dans leur présentation, les femmes sont marginalisées, que ce soit dans le liste des personnages, où elles se retrouvent toutes à la fin, ou dans le récit en lui même, où leur présence est négligée.

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