Candide de Voltaire

        En 1759, Voltaire publie l'un des plus grands succès littéraires francophones, Candide. Ecrit au XVIIIème siècle, le siècle des Lumières, ce conte philosophique met en évidence les débats présents dans la société à cette époque. Dans ce conte d'aspect traditionnel, Voltaire fait preuve d'ironie et critique la société.

Candide, héros éponyme du conte, persuadé que le monde est parfait, va finalement vivre toutes sortes de mésaventures avec son ami Cacambo et se rendre compte de la misère du monde.

Le passage que nous allons étudier est une parenthèse dans l’œuvre de Volaire coupé du mal déployé dans le reste du récit. La cruauté des chapitres précédents est suspendu pour une visite de l'Eldorado, un village coupé du monde.

        Comment Voltaire parvient t il via la description d'un village utopique à porter un regard critique sur la société ? 

Dans une première partie, nous montrerons en quoi l'Eldorado peut être considéré comme une utopie puis nous verrons que ce texte est en fait ironique, c'est une satire de la société.

        Tout d’abord, l’Eldorado se définit comme un monde idéal où les valeurs optimistes défendues par le maître de Candide, Pangloss, semblent régner. Voltaire décrit l'Eldorado comme un pays de plaisir et de bonheur. En effet, ce monde semble positif en tout points. Tout d'abord, les habitants ont tous l'air heureux : « éclatèrent de rire ».

Ce passage montre un pays parfait, où il n' y a aucune guerre ni aucun conflit, l'harmonie et l'union règnent entre les hommes. De plus, le village est développé, les habitations sont luxueuses « bâtie comme un palais l'Europe », les habitants vivent dans le confort et la nourriture est abondante « on servit quatre potages garnis chacun ». L'équité entre les hommes et les femmes accentue cette perfection sociale : « deux garçons et deux filles de l’hôtellerie ».

        Le traitement du thème de la richesse matérielle est intéressante car l'or et les pierres précieuses n'ont en réalité aucune valeur dans l'Eldorado. En effet la valeur d'un produit est subjective, elle dépend de sa rareté et de l'attention qu'on y porte. Ainsi, « Les voyageurs ne manquèrent pas de ramasser l'or, les rubis et les émeraudes ». L'abondance de richesses sous la forme de matière première supprime leur valeur marchande et ces richesses ne sont donc plus exploitées.

        Les habitants de l'Eldorado n'ont aucun préjugé et accueillent les deux étrangers Candide et Cacambo, avec politesse et générosité. En effet, tous leurs sens sont sollicités de la ligne 12 à 87 : l’ouïe, « une musique très agréable se faisait entendre »; l'odorat, « une odeur délicieuse se faisait sentir » ; la vue, « vêtus de draps d'or » et enfin le goût, « des pâtisseries délicieuses ».

        Cependant, ce monde idéal est bien trop parfait pour exister, Voltaire caricature l'Eldorado. En effet, tout est trop abondant pour être réel, on trouve de nombreuses hyperboles notamment dans le repas servi aux deux étrangers : « un contour bouilli qui pesait deux cents livres », « trois cents colibris dans un plat ».

De plus, la ''normalité'' dans ce village est assez luxueuse : la première maison du village est « bâtie comme un palais d'Europe », cela donne l'impression que toutes les autres sont aussi somptueuses ce qui est invraisemblable. Cet effet est accentué lorsque l'hôte désigne les pierres précieuses du chemin par le mot « caillou».

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