Britannicus, La poétique des passions

Commentaire : La poétique des passions.

Britannicus, écrit en 1669, est une pièce de théâtre tragique de Jean Racine. Comme dans beaucoup de tragédies du XVIIe siècle, le sujet est emprunté à l’histoire romaine. Beaucoup de thèmes sont abordés dans cette pièce, notamment la description des ravages de la passion amoureuse et d’autres passions, nous allons nous concentrer plus particulièrement sur ces passions.

Nous allons nous demander de quelle manière la poétique des passions est un thème central de la pièce.

Dans un premier temps, nous verrons que la poétique est au service des passions, puis nous analyserons la diversité des passions dans l’œuvre. Enfin, nous verrons que passion est synonyme de tragédie.

        Tout d’abord, nous analysons la structure et la forme de la pièce, il y a cinq actes en alexandrins, trente-trois scènes et huit personnages. Le premier acte a la fonction d’exposition, in medias res, le lecteur est directement dans l’intrigue puis nous avons une mise en attente. L’acte 2 permet d’entrer dans le côté tragique de l’œuvre. L’acte 3 est la position centrale de la pièce, nous assistons à une instabilité puis la résolution de l’emprisonnement des deux amants. Les deux prochains actes se poursuivent alors naturellement. Le cinquième acte est un acte de dénouement qui est très vraisemblable. A travers la pièce, nous assistons à une incantation poétique de l’auteur, une invitation poétique, en chant.
Nous allons ensuite aborder l’origine du mot passion, très utilisé dans la pièce. Le mot passion vient du latin passio, qui signifie « souffrance », lui-même apparenté au grec pathos, de même sens. Dans le Larousse, nous pouvons trouver différentes définitions telles que : « Etat affectif intense et irraisonné qui domine quelqu’un » ou bien « Mouvement affectif très vif qui s’empare de quelqu’un en lui faisant prendre parti violemment pour ou contre quelque chose, quelqu’un » et enfin : « Amour considéré comme une inclination irrésistible et violente. »  Nous pouvons voir à travers ces différentes définitions que le mot « passion » est très large et il peut y avoir plusieurs définitions du mot, comme plusieurs passions. La passion reste associée à une forme de souffrance et de violence tout au long de la pièce.

La passion est donc importante dans cette œuvre, nous l’avons vu à travers l’origine du mot passion mais nous pouvons également le voir à travers la diversité des passions.

Néron est certainement le personnage le plus complexe. Racine explique cela dans la préface de Britannicus, il le qualifie de « monstre naissant ». Il parle de l’amour qu’l a pour Junie avec enthousiasme mais d’un autre côté, il porte un réel plaisir à la voir pleurer : nous retrouvons une complexité ici, voire même une sorte de sadisme : aimer voir la femme que l’on aime pleurer. Peu à peu, Racine montre la brutalité de Néron. Chaque personnage dans la pièce se retrouve à un moment ou à un autre confronté à la haine de Néron, à son insolence ou bien à son orgueil, son ambition.
La passion amoureuse est surtout présente dans la pièce, c’est un thème récurrent. La passion pour Néron est la passivité, Néron est le ravisseur, il veut parler mais ne peut pas : dominé par sa passion, il n’est plus maître de lui-même. Mais cette passion amoureuse est assez particulière car, comme nous l’avons vu précédemment, Néron aime voir Junie pleurer, ses larmes le charment. On pourrait dire que dans cette œuvre il y a une véritable « chaîne amoureuse » : Octavie aime Néron qui aime Junie qui aime Britannicus qui l’aime en retour. Nous avons plusieurs hypotyposes, notamment aux vers 394 et 395, Néron voit  Junie : il se souvient quand il la vit passer, il était resté sans voix et frappé par une « si belle vue », il revit le passé. La passion est sans cesse revécue.
Lors du premier acte, Agrippine explique que Néron l’écarte totalement du pouvoir, nous assistons ici à la passion du pouvoir par Néron. De plus, il a fait enlever Junie : il ne supporte pas qu’elle soit indépendante, c’est donc un certain pouvoir qu’il exerce sur elle.
Ce sont donc plusieurs thèmes dans cette pièce qui démontrent la complexité des passions, d’une part nous retrouvons la soif de pouvoir, notamment avec Agrippine dès le début qui contrôle son fils. D’autre part, le thème tragique principal qui est l’amour, tout d’abord avec Britannicus et Junie qui s’aiment franchement. Puis l’amour de Néron pour Junie qui n’est pas du tout réciproque, Néron oblige Junie à l’aimer en menaçant de tuer celui qu’elle aime.  

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