Biographie de Koltès

Koltès (1948-1989)

1948 : naissance de Bernard-Marie Koltès

1970 : il monte sa propre troupe, le « Théâtre du Quai »

1973 : Récits morts

1974-78 : il adhère au PCF

1975 : tentative de suicide

1977 : Sallinger ; La Nuit juste avant les forêts présenté en off au festival d’Avignon, début de sa véritable carrière de dramaturge après un reniement des premières pièces jugées trop lyriques

1985 : Quai Ouest

1986 : Dans la solitude des champs de coton

1988 : traduction du Conte d’hiver de Shakespeare ; Le Retour au désert, qui entre au répertoire de la Comédie-Française

1989 : mort. Sa dernière pièce, Roberto Zucco sera créée de façon posthume en 1990.

Une vocation théâtrale

Il s’est consacré essentiellement au théâtre même s’il s’est porté vers plusieurs genres littéraires (notamment le roman). C’est avec la représentation de La Nuit juste avant les forêts, créée en 1977, au festival d’Avignon qu’il s’impose comme l’un des dramaturges les plus novateurs de sa génération. Il développe une œuvre singulière en marge des injonctions esthétiques de son époque : au rebours de la dramaturgie du « théâtre de l’absurde » qui joue de la fragmentation et de l’incohérence affichée, il n’a jamais refusé l’intrigue ni la mise en scène psychologique des personnages comme le voulait la tradition de l’« anti-théâtre » né dans les années 1950.

Lyrisme et maîtrise de la parole

L’écriture de Koltès est intensément théâtrale parce qu’elle incorpore dans sa trame, et sans hyperbole démonstrative, tous les paramètres du spectacle dramatique : le temps, l’espace, le rapport entre les êtres. L’espace est l’une des lignes de force de ses pièces et rythme la dramaturgie, la tension entre les êtres et le mouvement de la parole. La parole est intensément théâtrale : lyrique et fortement maîtrisée, elle dégage une puissance dramatique. Vocabulaire simple, syntaxe aux contours précis → langue articulée, juste, sans marques rhétoriques. La parole des personnages noue des dialogues paradoxaux, où les règles habituelles de la conversation sont subverties : l’écho d’une question est souvent retardé. Les répliques tendent au monologue et montrent la solitude des personnages.

Violence et révolte

Les personnages de Koltès son t situés socialement, porteurs d’enjeux idéologiques et politiques mais n’accèdent jamais à la généralité d’un type. Koltès donne une portée générale à des situations banales. Son théâtre s’élabore à partir des revendications politiques qu’il porte : la dénonciation de l’injustice du monde, la révolte radicale contre l’organisation sociale et politique que subit quotidiennement la multitude anonyme. C’est pourquoi ses personnages sont tous des marginaux. La revendication politique et idéologique fait entendre une violente charge, argumentée, contre l’hégémonie dominatrice de Blancs. Combat de nègre et de chiens expose ainsi comme dans une tragédie le mépris criminel des colons pour les populations asservies.

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