Biographie de François René, Vicomte de Chateaubriand

François René, Vicomte de Chateaubriand.

François-René, vicomte de Chateaubriand, né à Saint-Malo le 4 septembre 1768 et mort à Paris le 4 juillet 1848, est un écrivain romantique et homme politique français. Il est considéré comme l'un des précurseurs du romantisme français et un des grands noms de la littérature française en général. Si le rôle politique de Chateaubriand dans la mouvance royaliste au moment du Premier Empire et de la Restauration est resté mineur, il en va tout autrement dans le domaine littéraire où sa place est grande. En effet ses descriptions et ses analyses en ont fait un modèle pour la génération des écrivains romantiques en France (« Je veux être Chateaubriand ou rien » proclamait le jeune Victor Hugo). Il participera aussi au goût pour l'exotisme de l'époque en évoquant l'Amérique du Nord où il a voyagé dans Atala (1801) ou Les Natchez (1826) ou encore dans le récit de son voyage en Méditerranée dans Itinéraire de Paris à Jérusalem en 1811. En apparence, la vie et la carrière de Chateaubriand n'offrent plus grand mystère, tant son œuvre entière, de l'Essai sur les révolutions aux Mémoires d'outre-tombe, ressemble à une confession. L'œuvre monumentale de Chateaubriand reste les Mémoires d'outre-tombe (posthumes, 1849-1850) dont les premiers livres recréent son enfance et sa formation dans son milieu social de petite noblesse bretonne à Saint-Malo ou à Combourg alors que les livres suivants relèvent davantage du tableau historique des périodes dont il a été le témoin de 1789 à 1841, ce qui fait de ce texte à la fois un chef-d'œuvre de l'autobiographie romantique et une mine d'informations pour l'historien. De ce fait, nous nous demanderons en quoi le parcours privé et public de la vie de François-René, Vicomte de Chateaubriand illustre-t-il l’image du contexte français du XIXe siècle tant d’un point de vue historique, que littéraire et politique ? Pourquoi est-il considéré comme le témoin de la France du XIXe ? Pour cela, nous retracerons chronologiquement la vie de Chateaubriand comme basée sur ses Mémoire d’Outre-Tombe avec tout d’abord de l’Ancien Régime à la Révolution, puis dans un second temps sa carrière politique sans toutefois oublier la littérature.

I. De l’ancien Régime à la Révolution.

a) Jeunesse.

Né en 1768, sous le règne de Louis XV, Chateaubriand a baigné dans le climat intellectuel et moral du siècle des Lumières. Il est issu d'une très vieille famille aristocratique ruinée qui s’installe à Saint-Malo en 1757. La famille retrouva sa dignité grâce à la réussite commerciale du père, le comte René-Auguste de Chateaubriand (1718-1786), chevalier puis comte de Combourg. Cette réussite commerciale est fondée sur le commerce avec les colonies où il fut corsaire en temps de guerre, pêcheur de morue et négrier en temps de paix. Dernier-né de dix enfants dont quatre sont décédés au berceau ou en bas âge de René de Chateaubriand et Apolline de Bedée, il a un frère aîné Jean-Baptiste et quatre sœurs : Marie-Anne, Bénigne, Julie, Lucile. Il a trois ans lorsque son père, réussissant dans les affaires, peut racheter en 1761 le château de Combourg en Bretagne, dans lequel la famille Chateaubriand s'installe en 1777. François-René y passe une enfance qu'il décrira comme souvent morose auprès d'un père sévère et d'une mère superstitieuse et maladive, Apolline Jeanne Suzanne de Bédée, fille du seigneur de La Bouëtardaye. Il fait successivement ses études aux collèges de Dol de 1777 à 1781, de Rennes en 1782 et de Dinan en 1783. Il obtient un brevet de sous-lieutenant au régiment de Navarre à 17 ans, sous les ordres de son frère Jean-Baptiste, puis est fait capitaine à dix-neuf ans. Il vient à Paris en 1788, où il se lie avec Jean-François de La Harpe, Jean-Pierre Louis de Fontanes et autres écrivains de l'époque.

Chateaubriand fait ses débuts littéraires en écrivant des vers pour l'Almanach des Muses. Il est alors nourri de Corneille et marqué par les idées de Rousseau. L’appui de son frère Jean-Baptiste qui le présenta à la cour lui permis de faire la rencontre de Malesherbes alors ministre de Louis XVI. Cette entrevue fut facilitée par le fait qu’en Novembre 1787, son frère Jean-Baptiste de Chateaubriand épousa à Paris Aline-Thérèse Le Pelletier de Rosanbo, petite-fille de Malesherbes. Une brillante carrière semble alors s’offrir à lui, mais la Révolution grondante renversa tous ses espoirs. En effet, en janvier 1789, il participe aux États de Bretagne et en juillet de la même année, il assiste à la prise de la Bastille avec ses sœurs Julie et Lucile. Il conçut alors le projet aventureux de partir pour l’Amérique et découvrir le passage pour aller aux Indes par la baie Hudson. Malesherbes lui donna des lettres de recommandations lui facilitant ainsi l’entrevue avec Washington.

b) Voyage et exil.

Ainsi, le 8 Avril 1791 Chateaubriand prend le large de l’Amérique au départ de Saint-Malo, et arrive le 10 juillet à Baltimore. Ses premiers pas le dirigent vers la maison présidentielle des Etats-Unis pour rencontrer Washington, rencontre qui restera gravée dans la mémoire du jeune Homme. Après plusieurs tentatives pour trouver le passage aux Indes, Chateaubriand explora seul les vastes forêts du Nouveau-Monde. Il rencontra la population indigène et étudia leur culture et langue. C’est au sein de cette nature vierge qu’il recueillit les premiers éléments de ces succès futurs littéraires : Atala, René et Natchez. Un soir, il tomba sur un fragment de journal Anglais qui lui apprit les malheurs que connaissait la France et la fuite de Louis XVI à Varennes. Il abandonna ses projets dans le Nouveau-Monde pour revenir dans sa patrie et combattre sous le drapeau des Princes Français. Ainsi, il retourne à Philadelphie où il se réembarque début décembre et arrive au Havre le 2 janvier 1792, après une effroyable tempête et trouva son pays natal couvert de sang et de ruines. De retour à Saint-Malo, Chateaubriand épouse Céleste Buisson de la Vigne le 21 Février 1792. Ce mariage arrangé par le frère aîné de Chateaubriand fut établis afin de lui garantir des revenus décents. Bien qu’il ne s’agisse vraiment d’un mariage d'amour, elle restera attachée à son époux malgré ses nombreuses absences et infidélités. Au mois de mai, le jeune couple, accompagné de Lucile et Julie, gagne Paris où la Révolution précipite son cours.

Le 15 juillet, Chateaubriand émigre sans enthousiasme, avec son frère, pour rejoindre les

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