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Anthologie de la fantaisie française au XXe siècle

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Par   •  20 Décembre 2017  •  Chronologie  •  2 530 Mots (11 Pages)  •  721 Vues

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M. Bortoli

ANTHOLOGIE

de la

FANTAISIE FRANÇAISE

xxe SIECLE

[pic 1]

Marc Chagall - Le violoncelliste, 1939 - École de Paris Plus

PREFACE

La poésie se caractérise par sa liberté. Dans une lettre à sa marraine, Apollinaire déclare : «  Il ne peut y avoir aujourd’hui de lyrisme authentique sans la liberté complète du poète et même s’il écrit en vers réguliers c’est sa liberté qui le convie à ce jeu ; hors de cette liberté il ne saurait plus y avoir de poésie. » Lorsque cette liberté pousse le poète à s’affranchir des carcans de la poésie traditionnelle (vers réguliers, rimes) on peut alors caractériser ce poète comme fantaisiste. En effet, la fantaisie dans la poésie est la faculté de créer en laissant une primauté totale à l’imagination et à la créativité. Cette liberté d’expression du poète donne des œuvres ou l’humour, la légèreté et les jeux de langages s’entremêlent avec le refus des règles, une primauté de l’imagination voire du non-sens ou de l’absurde. Johan Friedrich Von Schiller pour qualifier la poésie dit : « la fantaisie est un perpétuel printemps ». En effet, le printemps symbolise la liberté, la gaieté et surtout le renouveau. La fantaisie a cela de beau qu’elle est dans une perpétuelle évolution, elle n’est pas cantonnée a des règles mais aux infinies limites de l’imagination.

Il y a bien des exemples de poésies fantaisistes à travers l’histoire, par exemple le genre littéraire de la fatrasie au moyen-âge où le sens cède à l’initiative du son jusqu’à la pataphysique à la fin du XIXème. Toutefois, nous avons choisi de consacrer cette anthologie au XXème siècle. Il est en effet marqué par une poésie plus libre -la censure y est moindre- mais aussi par des formes de poésies plus variées. Ce siècle est  représentatif de la fantaisie en poésie car il en possède toutes les formes. Le mouvement surréaliste avec ses méthodes d’écritures laissant le subconscient ou l’imagination s’exprimer parfois à défaut du sens et la poésie moderne avec toutes les expériences qu’elle comporte font de ce siècle une véritable mine d’or de poésies fantaisistes.

Lorsque l’on parle de la fantaisie, on est amené à se demander quelles règles transcende-t-elle. En poésie, on pense naturellement à la versification, aux vers réguliers et aux rimes. C’est pourquoi nous avons choisis de débuter cette anthologie par « Paysage » de Guillaume Apollinaire. Ce poète avec ces calligrammes invente une nouvelle forme à la poésie, la beauté des vers ne réside plus seulement dans leur fond mais aussi dans leur forme. Avec ce poème, Apollinaire fait preuve non seulement d’une originalité sans commune mesure mais aussi d’une légèreté fantaisiste dans les dessins réalisés ; une maison, un arbre, de la fumée et des amants. C’est par ailleurs Apollinaire qui introduisit pour la première fois le terme de Surréaliste dans la préface de sa pièce "Les Mamelles de Tirésias" (1917). Contemporain à Apollinaire, Paul Klee est un peintre majeur évoluant entre le surréalisme l’impressionnisme et l’abstrait. « Red waistcoat » est un tableau fantaisiste par son caractère léger et enfantin ; la couleur dominante étant l’orange le tableau étincelle de cette légèreté. Les dessins en trait fin et simple dont il est constitué rappelle les calligrammes d’Apollinaire c’est pourquoi nous avons décidés de lié plus particulièrement ces deux œuvres.

La fantaisie c’est aussi une primauté de l’imagination sur la raison, cette primauté se retrouve dans le courant surréaliste, André Breton dans son manifeste du surréalisme (1924) définit celui-ci comme une : « dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. ». C’est pourquoi nous avons choisi de placer les poèmes la « Terre est bleue » de Paul Eluard  et « Union Libre » de André Breton en respectivement seconde et troisième place. Ces deux poèmes présentent un topo du surréalisme à savoir l’amour et la liberté toutefois ce qui est véritablement intéressant c’est leur libre association des mots. Ainsi « La terre est bleue comme une orange » ou encore « les guêpes fleurissent vert » sont deux vers qui par leur non-sens créé des images fortes. De même, dans « Union libre », sous la forme d’un blason André Breton associe à la femme aimée et à son corps des images qui n’ont pas toujours un sens logique : « Ma femme à la chevelure de feu de bois » ou encore : « Ma femme à la langue d'hostie poignardée ». Cette fantaisie s’illustre également dans la peinture avec des œuvres tels que « le violoncelliste » de Marc Chagall. Dans la continuité de l’affranchissement du sens, les surréalistes inventent un jeu d’écriture –le cadavre exquis- qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu'aucune d'elles ne puisse tenir compte des collaborations précédentes. Jacques Prévert et Louis d’Aragon s’y essaye pour la première fois en 1927 et c’est la première phrase obtenue, « Le cadavre exquis boira le vin nouveau », qui a donné son nom au procédé. Nous avons choisi leur poème en quatrième position parce qu’il clôt cette partie de la fantaisie.  

La fantaisie se démarque aussi par ses jeux de langages et sa légèreté. La poésie est l’art de manier les mots, Dans L’arc et la Lyre (1956) Octavio Paz écrit : « la création poétique est d’abord une violence faite au langage. Son premier acte est de déraciner les mots. Le poète les soustrait à leurs connexions et à leurs emplois habituels ». Pour illustrer cette facette de la fantaisie, nous avons tout d’abord choisi le poème  « Avenue du Maine »  de Max Jacobs. Celui-ci est basé sur le mot « manège » et tous les jeux de langages qui en résultent. Ici le sens n’a plus sa place comme nous le montre ces quelques vers : « Les manèges déménagent. / Ménager manager / De l’avenue du Maine ». Dans la même vague, nous avons choisi Raymond Queneau avec son poème : « Du Verbe ». A contrario de Jacobs, Queneau joue sur le sens des mots plus que sur leur homonymie. Ces quelques vers donne une idée assez précise de son travail : « J’embarque / Tu bateau / Il navigue ».

Enfin la fantaisie se caractérise par le plaisir et notamment par l’humour. Dans l’inconscient collectif, la poésie n’est pas drôle, elle n’a pas vocation à faire rire. Quand on en pense poésie, on pense plus spleen, lyrisme ou drame que comique. Pourtant cela représente  une partie non négligeable de la poésie, la dernière œuvre que regroupe cette anthologie en fait par ailleurs partie. « Le tigre et le curé » de Jean Luc Moreau est une histoire drôle versifiée et possédant des rimes. C’est un vocabulaire proche du familier et un fond extrêmement léger voire enfantin qui font de ce poème une œuvre fantaisiste.

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