Analyse littéraire sur Cet amour de Jacques Prévert

Analyse littéraire « Cet amour »

Jacques Prévert (1900-1977) est un scénariste, parolier et poète de renommée mondiale. Suite à un puissant traumatisme causé par les deux guerres mondiales et ses nombreuses répercussions négatives telles que la division de peuples ou nations autrefois unis, le désespoir, la famine, la mort et bien d’autres, cet écrivain français a gagné en popularité dans le monde de la francophonie par ces textes énonçant les splendeurs de la vie, sans toutefois nier la présence de la cruauté dont la race humaine peut faire preuve. Ainsi, « Cet amour » parue dans Paroles (1949) évoque ce qui semble avoir été une difficulté pour lui dans le passé : aimer la vie après avoir vécu ou témoigner de tant d’atrocités. Présenté sous les thèmes des émotions positives et des émotions négatives ressenties au courant de l’existence humaine, ce poème illustre subséquemment une leçon élémentaire, néanmoins fréquemment oubliée : la vie est une succession d’émotions contradictoires, ce qui en fait simultanément sa beauté et sa complexité.

Au premier abord, Prévert aborde la joie et le bonheur dans toute sa magnificence. Par conséquent, l’amour envers la vie est exhibé de la même manière que si l’on décrirait un sentiment amoureux envers une autre personne: « Cet amour si vrai, si beau, si heureux, si joyeux et si dérisoire ». L’énumération des adjectifs représentant cet amour permet d’en concevoir toute la puissance et l’importance qu’il possède auprès de l’énonciateur (JE). De surcroît, cette énumération, également sous forme de personnification, attribue ces adjectifs normalement dédiés aux êtres vivants à une émotion elle-même, ce qui est d’ailleurs plutôt inaccoutumé. De cette manière, il est plus aisé pour le lecteur d’en saisir l’effet chez l’homme concerné dans le poème, qui se sent empli d’une sensation de vivacité procurée par un amalgame de toutes ces émotions. De plus, le narrateur éprouve une certaine impression de jeunesse et de naïveté par rapport à ce que la vie lui réserve :  « Nous éveiller, sourire et rire et rajeunir » (Prévert, 1949, p.141). L’utilisation de cette gradation de verbes prouve qu’il est pourvu d’une certaine innocence, puisqu’il exprime que la vie se résume uniquement à des événements positifs. Enfin, on peut en convenir qu’une part de l’énonciateur semble voir la vie telle une véritable perle, magnifique et dépourvue de défauts.

Cependant, une partie du poème contredit ce qui est discuté dans l’écrit en énonçant la présence d’une certaine fragilité de l’attachement à la vie : « Tremblant de peur comme un enfant dans le noir » (Prévert,1949, p.140). Par le biais de cette comparaison, le narrateur exprime que le fait d’être épris de la vie demeure délicat et peut facilement être chamboulé par divers événements de l’existence. De cette façon, ce dernier compare ce désir de vivre à une réaction commune chez un enfant : trembler lorsqu’ils sont seul dans le noir. De plus, l’énonciateur s’estime empli d’une détresse, ou peur de perdre son amour et son goût à la vie « Surgis soudain, tends-nous la main et sauve-nous » (Prévert, 1949, p.142). Cette phrase de forme impérative peut être confondue avec une supplication de la part de l’énonciateur envers sa propre amour de l’existence qui l’habite. Ce type de phrase amplifie l’impression de détresse que transmet le narrateur au lecteur en plus d’employer une personnification, permettant de cette manière à ce même lecteur de comparer le sentiment à une personne. Cette citation est également une gradation, puisque trois actions sont placées dans un ordre précis, créant par conséquent un effet d’amplification. Ainsi, la candeur perçue de la perception de la vie que partageait l’énonciateur se voit prendre moins d’ampleur et devenir plus réaliste.

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