Analyse de l'oeuvre le Mariage de Figaro de Beaumarchais

Le Mariage de Figaro

Publication : 1784

Auteur : Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais

Brève présentation de l’œuvre

    Pierre-Augustin Caron, mieux connu sous le nom de Beaumarchais, est né le 24 janvier 1732 à Paris. Issu d’une famille d’horlogers dont la situation modeste n’exclue pas la culture et le goût pour l’art, il devient, comme son père, horloger et met au point un nouveau système d’échappement pour les montres. Introduit à la cour, il reçoit des commandes de Louis XV qui marqueront le début de sa notoriété alors qu’il est âgé d’un peu plus de 20 ans.

    Néanmoins, il décide de parfaire son éducation et entreprend une carrière d’homme de Lettres. D’abord destinées à être jouées dans les salons de la bonne société, ses nombreuses parades lui permettront de former son style. Il se lancera dans l’écriture du drame Eugénie ou la vertu du désespoir créé par la Comédie Française en 1767, qui connaîtra un échec à ses débuts mais obtiendra un succès considérable après que Beaumarchais en ait réécrit quelques scènes.

   Auteur de la comédie Le Barbier de Séville, parue en 1775, Beaumarchais en écrit la suite, sous demande du public parisien, en 1778 qu'il intitule Le Mariage de Figaro.

Interdite par Louis XVI, la comédie est soumise à plusieurs censeurs. C’est néanmoins, l’attente du public qui poussera le roi à autoriser de créer la comédie en 1784.

    Dans un contexte politique marqué par des inégalités persistantes et la montée des contestations, le pouvoir politique se trouve impuissant. Le XVIIIème siècle, ou siècle des Lumières, est caractérisé par l’entreprise de la lutte contre l’ignorance et l’obscurantisme.

J’ai choisi de vous présenter cette œuvre puisque, dans cette pièce, Beaumarchais dénonce les abus de la noblesse ainsi que la condition des femmes à l’époque. De ce fait, cette œuvre a plusieurs enjeux philosophiques. L’auteur y dresse le portrait de Figaro, un valet d’un nouveau genre, et à recours au comique pour "retrouver l’ancienne et franche gaieté" alliée avec " un ton léger" de la plaisanterie de l’époque.

• Les abus de la noblesse

• Le Comte Almaviva incarne la figure du noble féodal qui concentre tous les pouvoirs : guerrier, financier, politique et judicaire
• Les décors symbolisent cette puissance seigneuriale : château avec son parc, une impressionnante salle d’audience

Acte III " le théâtre représente une salle de château, appelée salle du trône et servant de salle d’audience, ayant sur le côté une impériale en dais"

• Un Comte à la conduite déréglée : se laisse en permanence guidée par ses pulsions, sur le modèle du désir qui le fait courir après toutes les femmes, quels que soient leur âge ou leur condition
• L’abus de privilèges : Beaumarchais, pour dénoncer ses abus, reprend un sujet déjà abordé par Voltaire, Le Droit du seigneur, ici, le droit du cuissage (autorise le seigneur à passer la première nuit avec la mariée)

Ce que montre la pièce c’est que les grands seigneurs libertins du siècle se comportent finalement comme leurs ancêtres féodaux.

Acte I, scène 1 " un ancien droit du seigneur… Tu sais qu’il était triste !"

"ce droit honteux "

• Le libertinage : seuls les personnages nobles de la pièce - le comte et Chérubin - sont caractérisés de libertins, comme s'ils s'agissaient d'un code social

Acte I, scène 9 "un petit libertin, surpris encore hier avec la fille du jardinier" (innocent)

Acte V, scène 7 "l'amour n'est que le roman du cœur : c'est le plaisir qui en est l'histoire" (conscient voire même théorisé)

• La condition des femmes à l’époque

• Victimes des hommes : toutes les conditions sociales, tous les âges et tous les scénarios possibles sont représentés avec les personnages féminin de Marceline, Suzanne et la comtesse

Acte III "les femmes n'obtiennent de vous qu'une considération dérisoire ; leurrées de respects apparents, dans une servitude réelle ; traitées en mineur pour leurs biens, punies en majeur pour leurs fautes..."

• Maîtresses du jeu : elles sont plus informées que les hommes sur ce qu'ils se passent réellement  

Acte IV, scène 5 "le comte, déconcerté, à part.- Il y a un mauvais génie qui tourne tout ici contre moi"

• Les Lumières

• Écrite dans un contexte nouveau : marqués par de nombreuses découvertes scientifiques, la publication de l'Encyclopédie entre 1751-1772, soif de connaissance et volonté de diffuser le savoir, critique de l'absolutisme politique et religieux, prône la liberté et la dignité de l'individu (abolition de la torture 1780), remise en question de la condition des femmes
• La noblesse et la relation dominants / dominés (valets opprimés - droit de cuissage)
• Les injustices dues aux conditions sociales (Beaumarchais chercher à démontrer qu'être noble c'est avoir tous les pouvoirs sans pour autant les mériter et être capable d'en user avec discernement)

Acte V, scène 3 « Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! … Noblesse, fortune, un rang, des places ; tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ! Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. »

• Les injustices faites aux femmes (Voltaire défend dans son pamphlet, Femmes, soyez soumises à vos maris, l'égalité entre les hommes et les femmes)

Acte IV, scène 16 « nous sommes toutes portées à soutenir notre pauvre sexe opprimé, contre ce fier, ce terrible… (en riant) et pourtant un peu nigaud de sexe masculin »

• La question du bonheur :  avec le mariage / En effet, au début de l'œuvre, Figaro montre sa joie à l'idée d'épouser Suzanne mais qui va être vite arrêter par l’annonce de sa future femme

« Oh ! que ce joli bouquet virginal, élevé sur la tête d'une belle fille, est doux, le matin des noces, à l'œil amoureux d'un époux ! »

• Aux enjeux philosophiques

• Hasard et liberté : cascade de rebondissements imprévus qualifiée de "bizarre suite d'évènements" amène à s'interroger « Pourquoi ces choses et non pas d'autres ? Qui les a fixés sur ma tête ?» / le spectateur est entraîné dans une folle journée à l'image d'une vie depuis l'aurore jusqu'à son crépuscule

Acte IV, scène I « Suzanne- Aucune des choses que tu avais disposées, que nous attendions, mon ami, n'est pourtant arrivée ! 

Figaro- Le hasard a mieux fait que nous, ma petite : ainsi va le monde ; on travaille, on projette, on arrange d'un côté ; la fortune accomplit de l'autre »

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