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Phèdre, Racine : la passion est-elle un sentiment habitant le personnage à l’encontre de sa volonté et qui le prive toujours de sa liberté ?

Dissertation : Phèdre, Racine : la passion est-elle un sentiment habitant le personnage à l’encontre de sa volonté et qui le prive toujours de sa liberté ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Mai 2023  •  Dissertation  •  3 621 Mots (15 Pages)  •  187 Vues

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THOUVENIN

Amandine         Dissertation Phèdre        UE 401

        Saint-Evremond, dans son essai Sur le caractère des tragédies dit qu’ « on peut rapporter à trois mouvements principaux tous ce que nous fait sentir une passion si générale : Aimer, bruler et languir ».

C’est en accord avec cela que, dans Morales du grand siècle, Paul Benichou dit : « Le propre de la passion telle que la conçoit Racine est qu'elle tend à posséder d'abord celui qui l'éprouve ; elle est la négation de la liberté. »

En d’autres mots, la passion, venant de patior qui signifie subir, est subie par le personnage sans qu’il ne puisse la contrer, elle l’habite entièrement et qu’elle prive toujours de sa liberté. Cela voudrai dire que le personnage, selon Racine, n’est pas la source de sa propre passion qui lui échappe totalement et que celle-ci la réduit a une position d’esclave privé de sa liberté de penser et d’agir. Les personnages habités par la passion seraient alors toujours privés de liberté, leurs actes et leurs paroles seraient dictées par leur passion.

Nous allons alors nous demander si la passion est un sentiment habitant le personnage à l’encontre de sa volonté et qui le prive toujours de sa liberté ; Ou alors si le personnage est tout de même à l’origine de sa passion et qu’il garde une liberté d’action et de paroles.

Pour répondre à ce questionnement nous nous appuieront sur notre lecture de Phèdre de Jean Racine et nous verrons d’abord que la passion, est un sentiment qui habite entièrement le personnage sans qu’il ne puisse le contrer ce qui lui retire toute liberté d’action et de parole, ce qui nous amènera alors a remarquer que la passion est au départ l’œuvre du personnage lui-même qui en est le coupable et qu’il garde une forme de liberté. Alors nous reformulerons en disant que la passion est un sentiment que le personnage essaye de justifier en se plaçant en tant que victime, pouvant alors poser des limites au personnage touché mais aussi à tous les autres personnages et étant, parmi d’autre, un des facteurs de privation de la liberté.

Nous verrons d’abord que la passion habite le personnage sans qu’il ne puisse la contrôler, l’empêchant alors de bénéficier de sa liberté d’action et de parole. Nous verrons dans un premier temps que la passion est une force irrésistible puis qu’elle force le personnage à s’asservir et enfin que cela a pour conséquence de priver le personnage de sa liberté.

D’abord, le personnage est habité par une passion qu’il ne peut pas contrôler. En effet, par exemple cette passion peut être une malédiction qui est lancée sur le personnage, un sentiment qui est bien plus fort que la volonté le personnage. Nous pouvons prendre l’exemple de la passion qui habite Phèdre. Cette passion est très forte, nous le voyons tout au long de la pièce. Phèdre voue un amour qui est excessif et surtout impossible pour Hippolyte qui est son beau-fils. Elle s’en rendra compte le jour de son mariage avec le père d’Hippolyte, Thésée. Cette passion que voue Phèdre pour Hippolyte est en fait une malédiction jetée par Vénus, ce qui montre qu’elle n’en est pas l’origine première et qu’elle ne peut donc pas la contrôler. Tout au long de la pièce, Phèdre blâmera alors Vénus pour cet amour, se plaçant comme victime, elle dira elle-même : « mon cœur, déjà vaincu, ne se défend plus d’elle ». Cela se remarque très fortement par exemple dans la scène 3 de l’acte I, Phèdre va se placer tout au long de cette scène comme une victime de cet amour, allant jusqu’à se placer en tant que malade, avec un vocabulaire médical. Dans cette scène Hippolyte est également placé comme ennemi et comme coupable de cet amour. C’est en ce sens que Phèdre est habitée par une passion qu’elle ne peut contrôler, puisqu’elle lui est imposée par Vénus. Nous voyons donc bien que le personnage est habité par la passion qui lui est en fait transmise par une force extérieure et qu’il doit donc la subir. Cette passion va alors avoir pour conséquence de pousser le personnage à s’asservir

En effet, cette force irrésistible va pousser le personnage à s’asservir, impactant alors ses pensées, ses paroles et ses actes. Nous voyons qu’à cause de sa passion, Phèdre sera l’origine d’un conflit. Toutes ses pensées sont paramétrées par cette passion. Elle a alors perdu sa raison ce qui la pousse d’abord à taire cet amour qu’elle a pour Hippolyte. Cela représente alors une limitation de la parole. Ensuite, elle aura des paroles parfois irréfléchies, toujours guidées par cette passion. Dès la scène de son entrée, elle est présentée comme une femme malade. Phèdre évoque elle-même dans l’acte II à la scène 5 le « fol amour qui trouble ma raison », cette passion l’empêche alors de penser de manière réfléchie et elle en est consciente. Puis, cela va atteindre les actes de Phèdre puisqu’elle va décider de s’empoisonner pour se suicider. Nous voyons donc qu’elle limite à la fois sa parole et sa vie à cause de cette passion. Phèdre est donc bien asservie par cette force qu’est la passion et nous voyons que la tumeur amoureuse ne peut être extraite que par une destruction totale de soi. Nous voyons alors que cette force que constitue la passion empêche le personnage, ici Phèdre, de penser et de raisonner de manière normale et réfléchie. Seulement, cette passion ne touche pas uniquement Phèdre mais aussi les autres personnages qu’elle côtoie, leur infligeant des sentiments négatifs.

        Cette passion va pousser le personnage touché mais aussi tous les autres personnages à se limiter à des ressentiments qui sont négatifs. En effet, le personnage touché par la passion deviendra un concentré des ressentis négatifs qui viennent avec, la colère, la haine, la jalousie, le chagrin. Ces sentiments vont alors se répandre dans son entourage. Cela se remarque dans notre pièce lorsque, touchée par sa passion pour Hippolyte, Phèdre ressent un grand chagrin car elle a conscience que cet amour ne mènera qu’à sa mort. Dans la scène 6 de l’acte IV on en a un exemple, Phèdre va faire une tirade sur les tortures que lui inflige la jalousie de l’amour qu’Hippolyte porte pour Aricie. Cela a pour conséquence de répandre chagrin et colère dans son entourage, Oenone sera chagrinée à l’idée de perdre la femme dont elle s’occupe depuis toujours, elle va alors retourner la situation, accusant Hippolyte de cet amour pour Phèdre ce qui va encore attiser la colère. On peut voir ce chagrin lors de la scène 3 de l’acte I, dans ce passage, Oenone va supplier Phèdre de lui confier le mal qui la touche. On comprend alors bien qu’elle ressent de la tristesse par rapport à la situation. Nous voyons donc que, dans la pièce, la colère et la tristesse de Phèdre se répand sur tous les autres personnages, ce qui sera en fait le nœud de l’intrigue. Nous avons en ce sens montré que la passion retire aux personnages leurs libertés de ressentir des sentiments heureux, les limitant aux sentiments négatifs associés à l’amour.

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