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Méthodologie du commentaire composé

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Par   •  19 Janvier 2024  •  Commentaire de texte  •  2 962 Mots (12 Pages)  •  33 Vues

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Sujet : Étymologiquement, le mot « travail » vient du latin tripalium qui désigne un dispositif visant à immobiliser le cheval pendant que le maréchal ferrant s’occupe de lui (soins, changement des fers…). Parce que l’objet sert à contraindre l’animal, le sens du mot a dérivé vers l’oppression pour signifier « instrument de torture ».

Vous réfléchirez à cette définition du travail en lien avec les œuvres à notre programme.

Rappel méthode intro :

[Amorce] Si faire de sa passion son métier est une possibilité, il n’en demeure pas moins que le travail, tel qu’on peut le concevoir au XXIème siècle, reste communément l’activité rémunérée qui permet de gagner sa vie. Ainsi lui préfère-t-on bien souvent nos loisirs, même si on n’en donne pas une définition aussi sévère que celle qui nous est proposée : [citation du sujet]

« Étymologiquement, le mot « travail » vient du latin tripalium qui désigne un dispositif visant à immobiliser le cheval pendant que le maréchal ferrant s’occupe de lui (soins, changement des fers…). Parce que l’objet sert à contraindre l’animal, le sens du mot a dérivé vers l’oppression pour signifier « instrument de torture ». » [Analyse du sujet ] Cette définition du mot travail s’appuie sur son étymologie et pointe un objet, dispositif, lieu, mettant en avant la contrainte voire l’assujettissement, la domination (« oppression »), voire la souffrance intolérable (« instrument de torture »). Pourtant, cette vision est réductrice. Le sens même du mot travail a largement évolué à travers les siècles et il ne correspond plus depuis longtemps à cette définition. Pour autant, le travail est-il un lieu/moment d’émancipation, de libération de soi ? Est-il un lieu/moment de joie, voire de bonheur ? [Pbmatique] Nous nous demanderons donc si le travail se caractérise effectivement par l’assujettissement et la souffrance. [Annonce des œuvres] Nous répondrons à cette question en nous appuyant sur Les Géorgiques de Virgile, La Condition ouvrière de Simone Weil et Par-dessus bord de Michel Vinaver. [Annonce du plan] Nous verrons d’abord, en accord avec la définition proposée, que le travail, dans nos œuvres, est effectivement marqué par la contrainte, la servitude, et une souffrance qui peut être violente pour l’individu. Cependant, nous montrerons que le travail peut aussi être l’occasion de la libération de l’homme, son épanouissement, son bonheur. Enfin, nous nous demanderons si l’effort, la résistance auxquels le travail oblige le travailleur, ne sont pas l’occasion d’un dépassement de la condition humaine et de la participation à une œuvre collective garante de sens.

  1. Le travail, dans nos œuvres, est effectivement marqué par la contrainte, la servitude, et une souffrance qui peut être violente pour l’individu.

  1. La contrainte domine le monde du travail : il est nécessaire pour survivre.
  • Virgile pointe que le travail est une nécessité de la condition humaine, renforcée par l’allusion au mythe de Prométhée : « Le Père des dieux lui-même [Jupiter] a voulu rendre la culture des champs difficile » I p. 45. Les hommes doivent assumer de détenir le feu, puissance de travail, par leurs efforts pour survivre. Et si cet effort n’est pas produit, si les bons gestes ne sont pas faits, Virgile promet la famine au laboureur : « tu en seras réduit à contempler le gros tas d’autrui et à secouer, pour soulager ta peine, le chêne dans les forêts » (> secouer les chênes pour récolter les glands ) I p. 47.
  • Weil montre comment la précarité sociale des ouvrières les conduit à « se laisser réduire en esclavage (…) ; pour 70F on aurait accepté n’importe quoi, on se serait crevé. » Lettre à Boris Souvarine p. 75. Dans « La Vie et la grève des ouvrières métallos », elle pointe l’ « obsession » des

« sous gagnés » pour éviter de subir la faim (p. 270-271).

  • Vinaver : Passemar exprime son inquiétude face à un possible licenciement : « Ça arrangerait bien mes affaires si cette pièce pouvait rencontrer un succès non seulement d’estime mais commercial parce que du côté de Ravoire et Dehaze les choses ne vont pas si bien en ce qui me concerne et en ce qui concerne quelques autres d’ailleurs » V p. 205. Ici, le « succès commercial » indique bien que l’enjeu est de « gagner sa vie ».

  1. Le travail peut être l’occasion de l’établissement d’un rapport de domination entre les hommes.

- Cet aspect est particulièrement marqué dans les textes de Weil et une lettre à Simone Gibert l’exprime de manière synthétique : « on vit à l’usine dans une subordination perpétuelle et

humiliante, toujours aux ordres des chefs. » Lettre à Simone Gibert p. 67 C’est sans doute un des aspects dominants du recueil La Condition ouvrière et cela explique que la grève soit au contraire considérée comme un mouvement libérateur dans « La Vie et la grève des ouvrières métallos ».

- Vinaver : Le carriérisme de Benoît le conduit à agir contre les intérêts de son frère pour mieux pouvoir l’évincer. Non content d’avoir menti à Dehaze et d’avoir accusé son frère de vouloir prendre la place de PDG avant l’heure (ce qui a eu comme conséquence d’envoyer le vieil homme à l’hôpital et donc de laisser le champ libre à Benoît), il s’est associé à la banque qui ne veut pas « d’un patron « pour temps paisibles » mais d’un « méchant bonhomme qui aime mordre » III p. 95. Cela fait dire au représentant Lubin : « le bâtard s’est entouré d’une bande de fumiers qui tueraient leur propre mère si ça pouvait servir leur carrière » V p. 218.

  1. La souffrance au travail peut être d’une telle violence qu’elle peut détruire l’individu.

- Chez Virgile, les abeilles sont présentées comme un animal travailleur, particulièrement zélé, mais capable de mourir à la tâche : « Souvent aussi, dans leurs courses errantes, elles se brisent les ailes contre des pierres dures, et vont jusqu’à rendre l’âme sous leur fardeau, tant elles aiment les fleurs et sont glorieuses de produire leur miel. » IV p. 155

  • Weil : Ce risque de la mort au travail est présenté chez Simone Weil comme la logique même de la rationalisation. « La mort, évidemment, c’est l’extrême limite à ne pas atteindre, mais tant qu’on n’est pas mort au bout d’une heure de travail, c’est, aux yeux des patrons, qu’on pouvait travailler encore plus. » Mais il ne s’agit pas seulement d’une perspective tragique, la mort à la tâche a bien été une réalité : « on s’est rendu compte des milliers de morts prématurées provoquées par le travail des enfants dans les usines », « La rationalisation » p. 318-319
  • Vinaver : Passemar mentionne lorsqu’il se présente qu’il succède à un employé qui s’est donné la mort : « ils m’ont embauché chez Ravoire et Dehaze pour succéder à un chef de section au service facturation qui s’était suicidé sans raison apparente » I p. 16-17. L’expression « sans raison apparente » peut suggérer qu’il s’agit d’un suicide pour raison professionnelle. Par ailleurs, dans la pièce, il est régulièrement du travail mortifère des camps de concentration, par l’intermédiaire d’Alex, rescapé des camps : « ceux qui survivaient ont ramassé les corps et on les a emmenés se laver sous la douche où qq autres sont morts et puis ils ont été libérés » III p. 103 La mère d’Alex, pianiste virtuose et son père professeur d’histoire romaine sont ainsi morts à Auschwitz. (IV p. 164-165

  1. Cependant, le travail peut aussi être l’occasion de la libération de l’homme, son épanouissement, son bonheur.

  1. Le travail peut procurer le plaisir d’un beau résultat, d’une tâche accomplie.
  • Vinaver : Au Ve mouvement, alors que l’entreprise est sur la voie de la réussite, Cohen manifeste un sentiment de satisfaction : « Je vous dirai que je suis plus heureux maintenant le travail est plus intéressant […] La vie n’est faite que de petits progrès qui s’ajoutent » V p. 188-189.
  • Virgile : Certes, le travail de la terre est dur, mais il offre des plaisirs et même un certain confort :

« Ô trop fortunés, s’ils connaissaient leurs biens, les cultivateurs ! Eux qui, loin des discordes armées, voient la très juste terre leur verser de son sol une nourriture facile. » II p. 99. De même, l’évocation du vieillard de Coryce souligne les récompenses du travail rural : « avec ces richesses, il s’égalait, dans son âme, aux rois ; et quand, tard dans la nuit, il rentrait au logis, il chargeait sa table de mets qu’il n’avait point achetés. » IV p. 152

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