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Montesquieu, Lettres persanes, lettre XXIV

Commentaire de texte : Montesquieu, Lettres persanes, lettre XXIV. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Mars 2023  •  Commentaire de texte  •  2 314 Mots (10 Pages)  •  136 Vues

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Texte 10

Analyse linéaire

Montesquieu, Lettres persanes, lettre XXIV

Introduction :

Montesquieu (Charles-Louis de Secondat) est un auteur du XVIIIe siècle (1669-1755). Magistrat de formation, il a consacré une grande partie de son œuvre à la comparaison des différents systèmes politiques, notamment dans son ouvrage L’Esprit des lois.

Les Lettres persanes sont un roman épistolaire publié anonymement par Montesquieu en 1721. Il s’agit de l’une de ses premières œuvres. Il est constitué par un échange de lettres entre des Persans effectuant un voyage en Europe, et des correspondants restés à Ispahan ou moins avancés dans leur périple. L’action du roman se situe en 1712, à la fin du règne de Louis XIV. Le recueil des cent soixante et une lettres persanes mêle deux récits aux univers opposés : le récit de voyage de deux seigneurs persans en Europe et les intrigues du sérail laissé sous l’autorité des eunuques.

Le récit de voyage prend toute sa dimension dans la lettre 24, la première qui offre une aussi large place aux observations des voyageurs en terre étrangère. Elle est rédigée par Rica, qui vient d’arriver à Paris, et elle est adressée à Ibben, resté à Smyrne, en Turquie. Rica y fait le récit de son arrivée à Paris et fait part de son étonnement à son interlocuteur.

Lecture du texte

Problématique :

Comment le regard extérieur du Persan permet-il une satire sociale et politique ?

Enjeux :

-Un échange épistolaire.

-Un regard extérieur.

-Une satire sociale et politique.

Mouvements :

Premier mouvement : l.1 à 17 : un regard amusé et critique sur le mode de vie des Français.

Deuxième mouvement : l. 18 à 20 : transition.

Troisième mouvement : une satire politique.

Premier mouvement (l. 1 à 17) :

Le début de la lettre, consacré à la description étonnée de Paris par Rica. Il est dominé par la figure de l’hyperbole.

La première phrase sert d’introduction à la lettre en fournissant des indications de temps et de lieu (« à Paris depuis un mois »). Cependant les hyperboles « toujours » et « mouvement continuel » introduisent un contraste entre la période assez longue et l’impossibilité du repos. La critique de l’auteur porte ici sur la rapidité qui anime les rues de Paris avec le champ lexical de l’agitation qui s’explique par l’expansion économique de Paris à cette époque.

La deuxième phrase de cette introduction décrit l’installation des deux Persans grâce à la série de trois subordonnées circonstancielles de temps. L’agitation évoquée se révèle dès le début stérile, puisqu’elle ne permet pas aux Persans d’obtenir ce dont ils ont besoin.

La suite du mouvement est composée de « choses vues », considérées comme dignes d’être rapportées à Ibben par Rica. Celui-ci commence par une comparaison entre Paris et la ville d’origine des deux interlocuteurs : la mention d’Ispahan apporte une note d’exotisme au texte, tout en rappelant le regard extérieur, étranger, de Rica. Les remarques qui vont suivre seront donc marquées par l’étonnement du Persan : on peut noter l’adresse complice à Ibben avec « tu juges bien », l’adverbe d'intensité « si », et la mention des « astrologues », qui produit un effet comique ici. Rica utilise également des périphrases pour décrire les immeubles : « six ou sept maisons les unes sur les autres », ou encore une expression naïve et dépréciative : « une ville bâtie en l’air », pouvant être comprise comme une ville sans fondations, un château de cartes. La fin du paragraphe introduit le thème du mode de vie des Parisiens, toujours à travers l’hyperbole, avec « extrêmement peuplée ». 

La critique de l’agitation parisienne se poursuit en effet dans le paragraphe suivant, à travers l’opposition entre la l’effervescence étourdie des Parisiens et la sage lenteur des Persans :

-le début du paragraphe permet de rappeler le procédé du regard extérieur, encore une fois porteur d’étonnement, avec l’euphémisme « tu ne le croirais peut-être pas ». Rica use pour cela de l’hyperbole (« je n’y ai vu marcher personne »), et emploie trois formes négatives à valeur absolue dans ce début de paragraphe. Le Persan semble donc décrire un lieu extraordinaire. Le lecteur occidental auquel s’adresse Montesquieu n’est cependant pas dupe et comprend la satire de son univers familier.

On note ensuite la comparaison entre les déplacements des Occidentaux et des Persans :

-Les Parisiens : « ils courent, ils volent » : suite de deux propositions très courtes, composées chacune d’un verbe de mouvement et séparées simplement par une virgule (parataxe). Le rythme est rapide, renforcé par la gradation et la métaphore finale (« ils volent »), le tout suggérant de manière ironique une vitesse excessive.

-En opposition, le mode de vie des Persans : une phrase ample, avec des périodes plus longues et comprenant un vocabulaire insistant sur la lenteur : « voitures lentes », « pas réglé ». On note également les marques d’exotisme que sont les mentions de l‘Asie et des chameaux, qui renvoient à des traditions ancestrales (voir l’opposition entre les chameaux et les « machines » des Parisiens, pouvant symboliser ici des modes de déplacement plus modernes). La fin de la phrase (« les feraient tomber en syncope ») souligne également ce contraste de manière ironique, en portant un regard dépréciatif sur les parisiens (petites choses fragiles).

Le début de la phrase suivante va dans ce sens de cette opposition : la lenteur et la constance sont de nouveau valorisées avec les compléments circonstanciels de manière « à pied » et « sans changer d’allure », évoquant une image majestueuse de l’Oriental maître de lui, qui contraste encore une fois avec l’effervescence de l’Occidental. C’est ce que montre d’ailleurs la comparaison «enrager comme un Chrétien », dans un retournement amusant du point de vue.

L’efficacité du discours de Rica est due au fait qu’il s’appuie sur des expériences de sa vie, des anecdotes, pour étayer son jugement : il s’agit ici d’un argument de persuasion. La suite du paragraphe repose sur ce principe et met l’accent sur une conséquence de cette agitation parisienne et qui est le manque de courtoisie.  

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