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Molière, Le malade imaginaire

Commentaire de texte : Molière, Le malade imaginaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Mai 2023  •  Commentaire de texte  •  2 897 Mots (12 Pages)  •  316 Vues

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Introduction.

Le malade imaginaire = dernière pièce de Molière.

1673

Comédie-ballet qui met en scène un bourgeois hypocondriaque, nommé Argan, qui veut absolument marier sa fille Angélique à un médecin. Mais elle est amoureuse de Cléante. Toinette, l’insolente servante d’Argan prend part à cette décision et prend le parti de la jeune fille contre son père.

Cette fin de la scène 5, située à l’acte I = querelle entre Argan (maître) et Toinette (servante)= topos comique dans lequel le valet prend l’autorité sur son maître.

Problématique : Dans quelle mesure cette scène de querelle entre maître et valet a des allures comiques ?

1er mouvement : un affrontement d’égal à égal (L.1-6)

Argan — Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis.

Argan a une conception très conservatrice du mariage et du rôle du père.

Relation inégalitaire,  le père détient l’autorité verbe « commander » et le pp sujet « je »  L’adverbe « absolument » montre que l’autorité qu’Argan tâche d’incarner est sans limite et incontestable. Décision indiscutable. La proposition subordonnée relative « que je dis » = rôle autoritaire . Argan se montre omnipotent (il a tous les pouvoirs) envers sa fille qui n’a aucun droit personnel. Caractère tyrannique = figure d’autorité absolue.

Pronom « lui »  placée en COI indique qu’il parle de sa fille sans vraiment s’adresser à elle, alors que celle-ci est présente . Ne l’inclut pas alors qu’il est question de son mariage.

Maître et servante se disputent à propos du sort d’Angélique.

En s’adressant directement à Toinette pour discuter de l’avenir de sa fille, il reconnaît implicitement l’autorité de la servante.

Toinette — Et moi, je lui défends absolument d’en faire rien.

Toinette défie l’autorité d’Argan et ose lui répondre en s’imposant: le pp « moi » est mis en relief en étant placé après la conj de coordination « et » et la virgule. Toinette montre un caractère très affirmé et insolent pour une servante.

Parallélisme de construction dans les répliques de Toinette : elle reprend la répliques de son maître. effet comique, se place sur le même plan que lui, et défie son autorité de père et de maître. Utilise à son tour le pronom personnel « lui » qui se réfère à Angélique.

Elle ne reconnaît à Argan aucune autorité légitime à légiférer envers sa fille et qu’elle en prend donc le droit.

L’affront est donc double : Toinette est irrévérencieuse envers son maitre en ne reconnaissant pas sa supériorité hiérarchique mais elle l’attaque également sur sa supériorité paternelle qu’elle lui arrache. Toinette présente donc un comique de caractère par son insolence qui rend Argan ridicule.

Argan — Où est-ce donc que nous sommes ? et quelle audace est-ce là à une coquine servante de parler de la sorte devant son maître ?

Ces deux interrogations directes à valeur rhétorique témoignent de l’indignation d’Argan quand sa servante lui répond. Il est à noter que si le topos de la querelle entre maitre et valet est courante au théâtre à cette époque ( voir les autres pièces de Molière : le rôle de Sganarelle, Jacques le Fataliste et son maître un siècle plus tard chez Diderot), Toinette est ici une femme qu’Argan désigne négativement avec le GN « une coquine servante ». Cet affront est donc doublement irrespectueux envers Argan car en plus d’être servante, Toinette est une femme et Argan le patriarche ne peut pas que son autorité soit remis en question de la sorte.

Le nom « audace » caractérise bien Toinette. Observons aussi le déterminant possessif qui produit un effet de possession, et qui crée cet effet de défi. Le défi et l’audace de Toinette contrastent avec la servitude qu’elle lui doit. Si Toinette tire son comique de caractère de son insolence, Argan, quant-à-lui, tire son comique de caractère de son tempérament colérique et irascible, facilement emporté et indigné.

Toinette — Quand un maître ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser.

Toute la réplique de Toinette est marquée par un ton de défi, puisqu’elle ose prendre position devant son maître et lui répondre. Cela accentue l’effet comique de cette dispute entre maître et valet, où ce dernier dépasse les limites de sa fonction. Toinette se place de nouveau en figure d’autorité en osant un présent de vérité générale dans la proposition principale « une servante bien sensée est en droit de le redresser » de sorte qu’elle exprime un propos général qui conditionne et limite l’autorité du maitre. Elle se place en garante du cadre de la relation qui lie le valet au maitre en attribuant des droits à l’un pour enlever à l’autre. La proposition subordonnée complétive CCT « quand un maitre ne songe pas à ce qu’il fait » indique que

Toinette remet en question la clairvoyance d’Argan ; elle se place comme capable de déterminer mieux que lui les enjeux de la situation d’Angélique.

Transition : Cette lutte de pouvoir entre les deux protagonistes est tellement insupportable à Argan qu’il en perd la capacité à répondre à Toinette et cherche à en venir aux mains, ce qui révèle d’autant plus son comique de caractère qui repose ici sur son caractère despotique.

2ème mouvement : une dispute aux allures de farce (L.7)

Argan court après Toinette — Ah ! insolente, il faut que je t’assomme.

La didascalie annonce les mouvements des personnages, ils se pourchassent, ce qui produit une mise en scène comique. Cette deuxième partie reprend un motif farcesque récurrent dans la comédie (et la farce) : la bastonnade : une querelle grotesque et risible entre deux personnages. Les didascalies indiqueront d’ailleurs qu’ils se pourchassent. La mise en scène participe de ce côté farcesque de la pièce. L’interjection « ah ! » témoigne de l’indignation d’Argan qui n’entend pas laisser le dernier mot à Toinette et qui tient donc absolument à lui donner le premier coup. Il faut noter ici que les stichomythies reposent à présent sur la menace de coups

Toinette se sauve de lui — Il est de mon devoir de m’opposer aux choses qui vous peuvent déshonorer.

 La didascalie indique que Toinette échappe à Argan. Néanmoins, contrairement à lui, celle-ci continue de pérorer dans cette scène sur la supériorité qu’elle se confère à elle-même. En effet, la tournure impersonnelle « il est de mon devoir » donne l’impression que Toinette s’est investie d’une mission d’une importance presque politique (celle du patriarche) qu’elle se doit d’accomplir. Elle se donne donc un rôle qui dépasse les limites de sa fonction en se mettant en rivalité avec Argan qui ne peut le supporter = effet comique, farcesque. En revanche, la proposition subordonnée relative indique qu’elle garde tout de même sa fonction de servante : quoi qu’il arrive, elle dit servir son maître et ses intérêts plaçant se dernier comme incapable de se suffire à lui-même. Toinette se donne un rôle de tutrice garante d’un ordre que son maitre ne sait pas tenir et profère alors un nouvel affront car elle remet en question le discernement du patriarche.

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