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Manon Lescaut : Dans quelles mesures les sentiments nobles des protagonistes de Manon Lescaut les réhabilitent-ils aux yeux du lecteur ?

Dissertation : Manon Lescaut : Dans quelles mesures les sentiments nobles des protagonistes de Manon Lescaut les réhabilitent-ils aux yeux du lecteur ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Juin 2023  •  Dissertation  •  2 467 Mots (10 Pages)  •  590 Vues

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Dissertation Manon Lescaut : Dans quelles mesures les sentiments nobles des protagonistes de Manon Lescaut les réhabilitent-ils aux yeux du lecteur

“J’ai à peindre un jeune aveugle (...) [au] caractère ambigu, un mélange de vertus et de vices, un contraste perpétuel de bons sentiments et d’actions mauvaises”. C’est ainsi que l’Abbé Antoine Prévost écrit à propos du personnage du Chevalier Des Grieux, issu du roman Manon Lescaut dont l’édition étudiée paraît en 1753. Il relate les péripéties d’un couple lié par une mésalliance, Le Chevalier Des Grieux et Manon Lescaut. Ces derniers, au fur et à mesure du roman, s'enfoncent peu à peu dans la débauche et la marginalité en commettant des actes moralement répréhensibles au nom de leur amour. Le livre d’abord jugé scandaleux en raison des valeurs exposées à été condamné à être brûlé avant d’être réécrit par l’Abbé Prévost. C’est en référence à ces valeurs jugées scandaleuses que Montesquieu écrit dans ses Pensées (posthume, 1899 ): "Je ne suis pas étonné que ce roman, dont le héros est un fripon et l'héroïne une catin qui est menée à la Salpêtrière, plaise, parce que toutes les actions du héros, le chevalier des Grieux, ont pour motif l'amour qui est toujours un motif noble, quoique la conduite soit basse. Manon aime aussi, ce qui lui fait pardonner le reste de son caractère." Ainsi, il est intéressant de se demander s’il est pertinent de partager l’avis de Montesquieu lorsqu’il implique que les sentiments nobles des protagonistes de Manon Lescaut les réhabilitent aux yeux du lecteur.

En effet, cette problématique nous pousse à considérer la légitimité des actions commises par nos deux héros. D’un côté, on peut envisager que les sentiments nobles des protagonistes pourrait, dans une certaine mesure, justifier leurs actes répréhensibles aux yeux du lecteur. De l’autre, on peut étudier l’idée que la débauche et l’immoralité de la vie menée par Manon et Des Grieux les rend d’autant plus condamnables aux yeux des lecteurs.

Tout d’abord, nous verrons que la noblesse des sentiments des protagonistes les réhabilitent aux yeux du lecteur.

Ensuite, nous observerons que les actes immoraux des personnages les condamnent aux yeux du lecteur.

Surtout, nous considérerons que la complexité des protagonistes procure du plaisir à ce dernier.

Assurément, les bons sentiments des héros les réhabilitent aux yeux du lecteur.

Tout d’abord, la pureté des sentiments et la puissance de l’amour qui unit les deux héros, Manon et Des Grieux, touchent le cœur du lecteur et peuvent justifier les actes immoraux qu’ils commettent au nom de leur passion. Par exemple, Manon, lors d’une dispute violente avec son amant dans le couvent de St Sulpice, lui déclame la puissance de ses sentiments : “ Je prétends mourir (...) si vous ne me rendez votre coeur sans lequel il est impossible que je vive.” Cette phrase est l’une des rares prononcées par Manon au discours direct. En effet, les propos de Mademoiselle Lescaut sont plus souvent rapportés au discours indirect par le narrateur, le Chevalier des Grieux. Ici, le discours direct et le champ lexical de la mort rendent les paroles de Manon encore plus impactantes, touchantes aux yeux du lecteur. La silencieuse Manon est donnée une voix pour crier son amour, ce qui participe à faire du couple des personnages appréciés du lecteur. Des Grieux est lui aussi émouvant dans son amour. En effet il nous révèle qu’il “souffrait mortellement dans Manon” alors, qu’à peine échappé lui-même de St-Lazare, il s’inquiète pour elle, toujours enfermée à la Salpêtrière. On remarque un parallèle avec la citation précédente, notamment avec l’adverbe “mortellement” qui dit aussi toute la violence de l’amour que Des Grieux porte à sa belle. De plus, la tournure utilisée et la préposition “dans” présentent Manon et des Grieux comme une seule entité, liés par une passion si puissante qu’ils s’en retrouvent inséparables. Ainsi, les sentiments amoureux violents qui unissent les deux héros, présentés dans cette œuvre comme indéniables et trop puissants pour être combattus, participent à attendrir le lecteur face aux actes condamnables que le couple commet au nom de leur amour.

Ensuite, les deux protagonistes présentent une soif de liberté, un besoin de vivre pleinement leur amour qui les rend humain, compréhensible pour le lecteur. Par exemple, Des Grieux s’échappe à plusieurs reprises d’instituts religieux où il est enfermé pour pouvoir revoir sa belle. Il s’enfonce dans la marginalité et dans l'illégalité pour elle. Il dit d’ailleurs à ses camarades :”Il faut la délivrer, (...) Je n‘ai souhaité la liberté que dans cette vue”. Ici, la négation restrictive place Manon au centre de ses intérêts, preuve de l’exclusivité de la place qu’elle occupe dans son cœur. Il a d’ailleurs tué et commit d'autres délits pour être libre et pouvoir rendre sa liberté à Manon. Ainsi, on voit qu’aucun mur ne peut retenir le couple, qui perçoit l’éloignement comme une véritable torture, un sentiment auquel le lecteur n’est certainement pas insensible et qui participe donc à soulever son empathie pour les deux amoureux.

Enfin, le parcours vers la débauche et la marginalité suivi par les héros s’achève par une sorte de rédemption morale. En effet, alors que tout leur crimes, ruses et autres méfaits les envoient en Amérique, terre des bandits et des prostituées, le couple ne se laisse pas abattre et décide de retourner sur le droit chemin en cherchant la rédemption divine, à l’époque très importante. Ainsi, ils décident de placer leur amour sous la protection des Écritures comme Des Grieux le propose à Manon : ”Nous avons l’âme trop belle, et le cœur trop bien fait l’un et l’autre pour vivre volontairement dans l’oubli du devoir.” On perçoit dans ces mots comme un sursaut de moralité, notamment avec l’usage des superlatifs “trop belle” et “trop bien fait” qui insiste sur la nécessité de remplir leur dit “devoir”, ici de se comporter en bon catholique et de se repentir.. De plus, Des Grieux reconnaît que “l’amour et la jeunesse avaient causé tous [leurs] désordres.” L’emploie de l’imparfait avec la valeur du passé donne une dimension nouvelle aux personnages, devenus plus sérieux, plus matures, qui jettent un regard clair sur leur situation et leurs erreurs passées. Ainsi, une telle remise en question de leur moralité et une envie de rédemption participent à améliorer

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