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Ma bohème, Rimbaud

Commentaire de texte : Ma bohème, Rimbaud. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Mars 2024  •  Commentaire de texte  •  1 711 Mots (7 Pages)  •  43 Vues

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"Cahiers de Douai" est un recueil de jeunesse. En 1870, Rimbaud a 16 ans. « L’homme aux semelles de vent » comme le surnommera Paul Verlaine plus tard, fugue à plusieurs reprises. Durant ses vagabondages, il écrit 22 poèmes. Il les recopie à Douai sur deux liasses de feuilles d’écolier : une première comportant 15 poèmes, une seconde avec 7 sonnets alors qu’il s’est réfugié chez son professeur de rhétorique : Georges Izambard. C’est à Paul Demeny, poète et éditeur, qu’il confie ses poèmes qui seront publiés 18 ans plus tard sans que Rimbaud le sache. Ma Bohème » est le dernier poème du recueil. Dans ce sonnet irrégulier en alexandrins, l’adolescent célèbre le voyage, la liberté, la nature mais aussi son amour pour la poésie, comme une conclusion à son œuvre de jeunesse.

Ma bohème

Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;

Mon paletot aussi devenait idéal ;

J’allais sous le ciel, Muse, et j’étais ton féal ;

Oh ! là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.

- Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course

Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.

- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,

Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes

De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,

Comme des lyres, je tirais les élastiques

De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

Le sonnet se compose de 2 mouvements : les 8 premiers vers montrent l'errance du sujet lyrique dans une nature inspiratrice et les 6 derniers vers le montre en pleine création poétique.

En quoi ce vagabondage heureux constitue-t-il un art poétique ?

I/ Le vagabondage du poète en harmonie avec la nature (v 1 à 8)

Rimbaud titre son poème avec un adjectif possessif qui montre que sa fugue est assumée et qui donne au sonnet aussitôt une dimension intime, avec une liberté de voyage, la Bohème étant à l'origine une région de Tchécoslovaquie.

Le premier mouvement commence par l'utilisation de la 1ère personne du singulier avec le pronom personnel "je" et le déterminant possessif "mes", prouvant que le poète assume sa fugue. Il utilise l'imparfait dont la durée est indéterminée. Il sait quand il est parti, il va de l'avant mais n'a pas de destination précise ni de date d'arrivée.

Le contre-rejet interne "les poings" est peut-être signe de colère ou nervosité avant sa fugue. De plus, la versification classique ne recommande pas la multiplication des accidents du rythme. La révolte de Rimbaud est déjà en place. Peu importe les codes en place pour lui.

Le participe passé "crevées" employé comme adjectif et le terme familier "paletot" montrent que même pauvre, Rimbaud est heureux et libre aussi bien dans son art poétique que dans son errance dans la nature. De plus son paletot devient “idéal”, ce qui signifie qu’il est en si mauvais état qu’il n’est plus qu’une idée.

Au vers 3, Rimbaud répète le verbe aller avec un complément de lieu qui indique que l’errance du poète a lieu en extérieur. L’imprécision de la localisation confirme que la destination n’a pas d’importance tant qu’il peut rester en extérieur et bouger, c’est à dire proche de la nature. Cela lui permet de se rapprocher de la “Muse” qu’il apostrophe, figure de l’inspiration poétique. On remarque qu’il se permet le tutoiement d’une figure d’habitude très respectée par les poètes avec les termes "ton féal”. Cette légère impertinence illustre parfaitement la rébellion du jeune Rimbaud, mais également la relation privilégiée qu’il noue avec la poésie. Ce tutoiement peut également être lu comme une forme d’allégresse due à la jeunesse du poète. Ceci se confirme grâce aux interjections du vers suivant : “Oh ! là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !”

On voit très bien que le personnage / poète se laisse emporter par sa fougue et le bonheur qu’il ressent à errer librement dans la nature. L'emploi du terme "amours" caractéristique de la poésie lyrique accentue la rêverie du poète propre à l'adolescence lors de sa fugue.

Le premier vers de la seconde strophe vient confirmer cette pauvreté matérielle : “mon unique culotte avait un large trou”. D’une part le personnage ne possède qu’une “unique culotte” qui d’autre part est trouée.

La métaphore du “Petit-Poucet rêveur” au vers suivant, mise en exergue par un tiret, est intéressante car elle permet de suivre le thème de la pauvreté (le Petit-Poucet est issu d’une famille pauvre dans le conte de Perrault) tout en introduisant l’idée que la poésie est son guide : plutôt que semer des cailloux, Rimbaud sème des rimes et c’est bel et bien la poésie qui lui montre le chemin à suivre. Le rejet externe : «Des rimes» met en valeur cet amour incommensurable pour la poésie qui l’accompagne pas à pas. De plus, le mot "course" rend compte d’une course physique, une envie de fuir, de partir,

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