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Les Fausses Confidences, Marivaux

Dissertation : Les Fausses Confidences, Marivaux. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Mars 2024  •  Dissertation  •  2 033 Mots (9 Pages)  •  47 Vues

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Epreuves anticipées de français : bac blanc écrit
2 – Dissertation
Sujet : Dans Les Fausses Confidences, en quoi le stratagème n’est-il qu’un jeu de tromperie ?

              Après sa première représentation en 1737, la pièce de Théâtre les Fausses Confidences de Marivaux et vivement critiquée car est jugée immorale, notamment du fait du stratagème employé en son sein qui allie perfidie à manipulation. En effet, le stratagème, provenant du latin "stratagema" qui signifie "ruse de guerre" est un procédé habile ayant pour but de tromper. Tromperie qui, ici, signifie l'action de dissimuler la vérité ou de trahir la confiance d'autrui. Ainsi, il sera bon de se demander si dans la pièce de théâtre les Fausses Confidences, le stratagème n'a pour but que de tromper ou possède d'autres utilités. Pour cela, nous étudierons, premièrement, en quoi le stratagème n'a pour but que de tromper, puis, la portée différente qu'il peut toutefois avoir et enfin, en quoi il représente un outil servant à critiquer la société contemporaine du XVIIIe siècle.

Tout d'abord, nous pouvons émettre l'idée que le stratagème employé dans les Fausses Confidences n'a pour but que de tromper par, premièrement, la récurrence du thème de la trahison. En effet, Araminte (jeune veuve bourgeoise) et le Comte Dorimont (homme de la haute noblesse), se querèllent concernant l'avenir d'une terre que chacun des deux partis aimerait récupérer. Mme Argante, mère d'Araminte, la met alors face à un dilemme : épouser le Compte Dorimont ou refuser le mariage et prendre le risque que le Comte entame un procès qu'elle est supposée perdre. Du moins, c'est ce que soutiennent Mme Argante et la meilleure amie d'Araminte : Marton. Mme Argante, non contente de voir que Dorante a été engagé comme intendant pour ce procès par Araminte, décide de le forcer à dire à Araminte qu'elle ne peut pas gagner ce dernier et qu'elle doit épouser le Comte, cela la faisant directement devenir noble. On remarque donc une certaine trahison par la réplique de Madame Argante : "C'est moi qui suis sa mère et qui vous ordonne de la tromper à son avantage" ou bien par les répliques de Marton : "C'est que le Comte me fait présent de mille écus le jour de la signature du contrat" et " Au contraire, c'est par réflexion qu'ils me tentent" dans lesquelles Marton s'adresse à Dorante afin de l'informer de ce qu'elle compte faire à Araminte. Ces deux personnages se sont donc laissé éblouir par, respectivement, le statut social et l'argent, les amenant tous deux à trahir Araminte.

Le thème de la manipulation est lui aussi récurrent dans la pièce, en effet, Dubois, ingénieux, ancien valet de Dorante mais aussi auteur du stratagème visant à ce que Dorante séduise Araminte, manipule, tel un metteur en scène, dans la réplique : "Vous réussirez vous dis-je, je le veux, je m'en charge, je l'ai mis là" provenant de la scène dans laquelle il explique en quoi consiste le stratagème à Dorante, mais aussi dans la citation : "Tâchez que Maton prenne un peu de goût pour vous" provenant dans la même scène et dans laquelle il apparaît au lecteur/spectateur comme un vrai dramaturge qui écrit la pièce et la suite de son intrigue comme bon lui semble.

La tromperie dont est cause ce stratagème peut, enfin, s'illustrer par l'omniprésence du mensonge dans la pièce. Effectivement, on le retrouve dans l'acte I, scène 14, dans laquelle Dubois confie à Araminte l'amour que Dorante lui porte mais mêle la vérité au mensonge en lui disant que, certes, Dorante est épris d'elle mais en plus, qu'il est fou d'elle, ce qui est faux. Dubois effectue donc la première fausse confidence de la pièce. On la retrouve dans la réplique : "Il y a six mois qu'il est tombé fou, il y a six mois qu'il extravague d'amour, qu'il en a la cervelle brûlée et c'est ce qui m'a obligé de le quitter" dans laquelle il est évident qu'il ment sur l'état de Dorante. Il n'est cependant pas le seul à mentir, en effet, Dorante ment aussi à Marton avec la réplique : "Autant l'un que l'autre mademoiselle" qui fait réponse à celle de Marton dans laquelle elle lui avoue qu'elle se plaît bien avec lui. Seul souci, Dorante n'est pas épris de Marton, contrairement à ce qu'il affirme, et ne fait que suivre le stratagème de Dubois, cela ayant sûrement pour but de faire passer inaperçu son amour pour Araminte et le faire passer pour celui qu'il porte pour Marton.

Toutefois, ce dit stratagème peut avoir une portée différente que celle de la tromperie, une portée plus positive. Effectivement, ce stratagème permet, tout d'abord, d'éviter un mariage arrangé entre Araminte et le Comte Dorimont car il est clair qu'Araminte n'aime pas le Comte malgré sa réplique à Dorante qui constitue aussi un mensonge : "Je suis déterminé à épouser le Comte" ayant simplement pour but de le résoudre à avouer ses sentiments. Elle confirme l'annulation de ce mariage dans l'acte III, à la scène 13, dans laquelle elle dit au Comte : " Il était question de mariage entre vous et moi, il n'y faut plus penser", se révélant par cette franchise, comme une femme désormais, indépendante.
             Ce stratagème permet aussi, malgré son immoralité, de faire éclater la vérité des sentiments de Dorante et Araminte à la fin de la pièce. dans l'acte II, Dorante est résolu à avouer ses sentiments à Araminte face à elle puis, dans l'acte III, à la scène 12, lorsque Dorante, croyant, être renvoyé car son amour pour Araminte a été révélé au grand jour, vient récupérer le portrait qui a réalisé d'elle auprès de cette dernière, celle-ci en profite pour lui révéler ses sentiments amoureux dans la réplique : "Vous donner mon portrait, songez-vous que ce serait avouer que je vous aime ?", résultant mais aussi concluant le stratagème de Dubois.

Finalement, le stratagème de Dubois permet aussi de briser les conventions sociales établies au XVIIIe siècle, en effet, dans cette pièce de Théâtre, chaque personnage est traité différemment en fonction de sa fortune, nous pouvons prendre l'exemple d'Arlequin (premièrement valet d'Araminte devenu grâce à cette dernière, le valet de Dorante) à qui tous les personnages donnent des ordres ou bien, à l'inverse, celui d'Araminte, appréciée de tous car très fortunée. Cependant, le plus intéressant ne réside pas dans cela mais dans le fait qu'Araminte (jeune veuve bourgeoise) et Dorante (bourgeois désargenté) soient issus de classes sociales radicalement différentes mais puissent tout de même s'aimer et se marier. Cela permet la mise en opposition de certains personnages : Mme Argante, archétype-même, de la bourgeoisie conservatrice dont on retrouve beaucoup le caractère dans les répliques : "Morale subalterne qui me déplaît" ou "Adieu monsieur l'homme d'affaires qui n'avez fait celles de personne" dans lesquelles elle méprise Dorante vis-à-vis de son rang dans la société, mise face à Dubois, valet mettant son ingéniosité au service des plus riches et n'ayant pas peur de bousculer les conventions sociales établies afin d'arriver à ses fins.

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