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Les Fausses Confidences, Marivaux

Dissertation : Les Fausses Confidences, Marivaux. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Mars 2021  •  Dissertation  •  3 179 Mots (13 Pages)  •  6 157 Vues

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Dissertation Les Fausses Confidences Marivaux

     Un stratagème est une ruse destinée à demeurer confidentielle or, dans Les Fausses Confidences de Marivaux, l’enjeu est de faire émerger les vérités afin de garantir l’union de deux personnes. Cette union est celle de Dorante, un jeune homme désargenté mais amoureux d’une riche veuve nommée Araminte. C’est Dubois, ancien valet de Dorante passé au service de Araminte, qui va se retrouver orchestrateur de cette alliance en mettant au point de nombreuses ruses pour parvenir à son objectif. Cependant, si grâce à la réussite du stratagème, les deux protagonistes se marient après s’être avoués leur sentiments, Dubois a-t-il raison d’affirmer « Ma gloire m’accable » au cours de la dernière scène de la pièce ? Cette affirmation apparait comme une antiphrase opposant le triomphe et l’accomplissement à l’entrave et la défaite. Dans cette optique, on peut déceler une double signification à ces paroles et ainsi se demander si la gloire accable Dubois dans un sens où il en est recouvert ou dans un sens où celle-ci l’atterre ? Nous verrons dans un premier temps la réussite de la concrétisation du stratagème de Dubois qu’il peut qualifier de glorieux puis le revers dévalorisant de cette « gloire » qui dépeint Dubois comme un homme vaincu et dépassé par ses actions. Enfin nous analyserons le rôle du valet en tant que metteur en scène et double de Marivaux sur scène ajoutant une nouvelle dimension à l’œuvre.

    Tout d’abord, nous pouvons affirmer la réussite finale du stratagème mis en place par Dubois. Il aura tout au long de la pièce œuvré par tous les moyens dont il disposait pour l’accomplissement sentimentale de son ancien maître.

    En effet, le valet va parvenir à obtenir la confiance des personnages lui étant essentiels à sa ruse et les utiliser. Ainsi, au cours de la scène 2 de l’acte I, il va tenter de convaincre Dorante étant désespéré d’amour, que son mariage avec Araminte est un acte inévitable et que celle-ci l’aimera en retour. Dubois émet ici ce que l’on pourrait appeler une hypothèse tandis qu’il fait apparaitre ses paroles comme s’il était celui qui décidait du destin. Ces potentielles prédictions sont encore plus surprenantes car il s’agit ici d’un débat autour de l’amour, or l’amour est un sentiment vu comme incontrôlable et surtout imprévisible.

De nombreux éléments rapprochent son discours de véritables prophéties : « vous réussirez, vous dis-je, Je m’en charge, je le veux, je l’ai mis là » ou encore « on vous épousera, toute fière qu’on est ». Dubois parle au futur témoignant de sa grande conviction de ce qu’il va arriver dans un futur proche. Son évocation du mariage apparait comme une prolepse d’un évènement se déroulant bien à la fin de la pièce ; Dubois est déjà certain de la conclusion de son stratagème. Ses prévisions vont donc être accomplis lui apportant la gloire d’être parvenus à ses fins.

     Cette ruse dans le contexte sociale du XVIIIème siècle est d’autant plus compliqué à mettre en œuvre. A l’époque des Fausses Confidences, une très grande importance est donnée à la hiérarchie des différentes classes sociales faisant que l’on ne pouvait pas épouser ou côtoyer des personnes trop éloignées socialement.

C’est en particulier la mère d’Araminte, Madame Argante qui s’oppose à cette union. C’est une femme très attachée aux conventions et qui souhaite voir sa fille devenir noble et donc se marier au Comte Dorimont. Effectivement, Dorante est désargenté et ne convient donc pas à sa fille. Ce caractère est identifié dans la scène 10 de l’acte I lorsque celle-ci affirme que : « le rang de la comtesse ne la touche pas assez ; elle ne sent pas le désagrément qu’il y a de n’être qu’une bourgeoise ». Elle est l’incarnation de la bourgeoise méprisant les classes inferieures. Au-delà de cet obstacle maternel c’est également Araminte qui malgré l’égard qu’elle porte au jeune homme n’accepte pas tout de suite ses sentiments. A la fin de l’acte I la didascalie « Araminte avec négligence » témoigne du mépris social qu’elle éprouve en comprenant l’amour que lui porte Dorante. On le sait pourtant mais le mariage final vient contrer ce sentiment primaire et, à travers la remise en cause de la jeune femme, remet en cause l’importance de cette hiérarchie obnubilée par l’argent face au mérite de jeunes gens amoureux. C’est de nouveau le triomphe d’un dénouement qui dépasse les règles soi-disant morale de 1737.

     Enfin on peut déterminer la gloire de Dubois grâce à la manière dont l’auteur parvient à le rendre maître des manipulations puis dans un même temps révélateur de vérités. Ce double rôle si subtil fait du valet un des principaux acteurs du marivaudage dans la pièce. Ce style d’écriture définit directement les œuvres de Marivaux et traduit une manière d’écriture construit autour de dialogues paraissant naturels et spontanés mais en vérité très réfléchis. Il s’agit de nombreux glissements de sens et de références entre chaque personnage et en particulier par Dubois qui est ici le principal metteur en scène de la parole. Il débute le stratagème en établissant des liens entre les protagonistes puis en y intégrants des instruments de ruse afin de concrétiser son projet. Il y aura d’abord la présence du portrait puis de la lettre qui soi-disant naturellement, vont tout deux s’insérer dans l’intrigue ; c’est avec perfection qu’ils créent de nombreux quiproquos et de « fausses confidences » menant à l’aveu d’amour de Dorante à Araminte. Le Comte, victime des mensonges va étonnamment résumer les faits durant la dernière scène de la pièce : « J’ai deviné tout. Dorante n’est venu chez vous qu’à cause qu’il vous aimait ; il vous a plu ; vous voulez lui faire sa fortune ; voilà tout ce que vous alliez dire ».  C’est l’émergence de la vérité d’une histoire construite sur des mensonges, qui parvient à exceller et à unir deux personnes d’un amour authentique. Les protagonistes finissent par se démasquer et exprimer leurs propres et véritables sentiments.

    Ainsi le stratagème du valet Dubois est un triomphe car malgré les conventions sociales du XVIIIème siècle et les multiples dissimulations et tromperies misent en place on atteint finalement l’authenticité des sentiments des personnages impliqués et l’affirmation que le mérite ne se lie pas au statut social d’un individu.

    Cependant, malgré l’accomplissement de l’œuvre de Dubois celui-ci n’est pas seulement vainqueur de son stratagème. On peut aussi le voir comme un homme dépassé sur certains points par tout ce qu’il a réussit à mettre en place.

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