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Le rire est-il là pour contrecarrer le savoir dans Gargantua ?

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Par   •  29 Mai 2023  •  Dissertation  •  3 950 Mots (16 Pages)  •  132 Vues

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FR - Dissertation

DM

TRING J. 1ère

Le rire est-il là pour contrecarrer le savoir dans Gargantua ?

        Le rire prend une place centrale dans l'œuvre de Gargantua. En effet, son auteur, Rabelais, est reconnu tel le symbole de l’humanisme joyeux qui repose sur la recherche du bonheur et la promotion du rire. Cependant, dès le prologue, l’écrivain témoigne de l’aspect paradoxal concernant l’utilisation du rire dans son roman : derrière le rire se cache le sérieux, mais le sérieux est toujours exposé par le rire.

“Le rire est-il là pour contrecarrer le savoir dans Gargantua ?”. Rire et savoir sont tous les deux des éléments majeurs au sein de l'œuvre de Rabelais. En effet, le rire y est un outil d’éducation et de transmission. Cependant, il vient pourtant s’opposer au savoir à plusieurs reprises tout au long du roman.

Ainsi, comment, dans son œuvre Gargantua, Rabelais parvient-il à utiliser le rire pour à la fois accéder au savoir, et contrecarrer le savoir. Nous aborderons premièrement comment Rabelais éduque au travers du divertissement, puis nous expliquerons comment l’auteur transforme le rire en arme pour critiquer les croyances de ses contemporains.

        En premier lieu, Rabelais utilise le rire de multiples manières dans l’objectif de transmettre des connaissances. En effet, l’auteur se sert de différentes formes de comique durant l'intégralité du roman. Le gigantisme est, par exemple, fréquemment utilisé pour accentuer la démesure des besoins de Gargantua, sa taille, etc. C’est notamment le cas dans le chapitre 7, puisque les quantités astronomiques de lait qu’ingurgite Gargantua chaque jour y sont décrites. On assiste également à une animalisation de Gargantua enfant, dépeint comme un animal répondant uniquement à ses besoins naturels démesurés.

De la même manière, Rabelais emploie un humour scatologique afin de provoquer le rire. En effet, le registre héroï-comique est utilisé, durant le chapitre 17 : la poésie, ainsi que des paroles scientifiques et rhétoriques sont employées pour parler de l’invention du torche-cul. Nous avons ici une utilisation d’un vocabulaire vulgaire et familier, qui combiné avec l’aspect scientifique du texte, provoque l’amusement du lecteur.

Cependant, de nombreux autres registres du rire sont utilisés de manière très fréquente durant l'œuvre. Par exemple, le registre burlesque est employé dans le chapitre 3 dans son traitement des références antiques, mais il est également employé dans le chapitre 11 dans la description des actions du petit prince. Le registre parodique est lui utilisé durant le chapitre 27, avec la parodie des combats épiques des romans de chevalerie et des épopées.

De plus, considérant le contexte humaniste de Gargantua, le rire est considéré comme un divertissement essentiel à l’apprentissage. En effet, durant l’entièreté de l'œuvre, l’auteur cherche à éduquer son lecteur à travers le rire. Par exemple, le rire curatif et éclairé constitue un remède pour se maintenir en bonne santé, et permet donc d’accéder au savoir. On assiste à l'utilisation de cette forme de rire lors du chapitre 7, puisqu’il dresse un portrait de Gargantua enfant en tant que bon-vivant.

Le rire merveilleux est lui employé tout au long de l'œuvre, puisqu’il est associé à l’aspect merveilleux du roman, notamment au fait que Gargantua soit un géant. Ce rire permet également de relativiser la condition de l’homme. Quant au rire enfantin, il est lié aux plaisirs du corps. Nous pouvons ainsi l’identifier lors des chapitres 11 et 13.

Enfin, le rire est également utilisé par Rabelais comme une manière de renouveler la langue française. En effet, on remarque l’emploi fréquent de néologisme, comme par exemple dans le chapitre 7, avec l’adverbe “mamellement”. L’auteur exploite aussi les jeux de sonorité et les jeux de mots, avec l’utilisation abondante d’homéotéleutes ou de dérivations. Il reprend également ses connaissances en médecine pour utiliser un vocabulaire scientifique dans certains chapitres. C’est de plus l’occasion pour lui d’utiliser des syllepses, comme au chapitre 11, ou bien de détourner certains proverbes afin de faire une parodie des formules de théologiens. On remarque ainsi que l’objectif de Rabelais est de faire rire tout en transmettant des connaissances et en apportant du renouveau au langage. Cependant, le rire y est également exploité pour s'opposer au savoir de son époque.

        C’est à de nombreuses reprises que Rabelais présente également le rire comme une manière de critiquer ses contemporains. En effet, le rire est utilisé de manière récurrente pour se moquer de la faculté de théologie. Par exemple, le portrait de Maître Janotus, un théologien, est dressé lors du chapitre 19. On y retrouve de nombreux jeux de langage, comme des néologismes, des jeux sur les sonorités (homéotéleute, dérivation), ou encore des parodies des formules de théologiens, afin de peindre une caricature de ces derniers. Les expressions et proverbes exagérés sont effectivement utilisés pour faire de Maître Janotus un personnage farfelu et drôle. Le chapitre en dresse une image ridicule, et fait également une satire des discours sophistes, décrits de manière incompréhensible. Cet aspect est également accentué par le syllogisme utilisé par Maître Janotus. Ainsi l’auteur critique ici ces idées, tout en provoquant le rire.

C’est également l’occasion pour Rabelais de critiquer l’éducation sophiste, qui s’oppose à l’éducation humaniste qu’il promeut tout au long de Gargantua. En effet, nous assistons à une description de l’éducation sophiste lors du chapitre 21. Le registre burlesque ainsi que l’utilisation de la démesure y sont présents afin de donner une image péjorative du héros, dans une œuvre qui se veut pourtant élogieuse puisqu’il s’agit du récit d’un enfant prince. On discerne la volonté de faire rire de l’auteur, mais surtout celle de se moquer. Rabelais utilise également certaines justifications insolites pour dénoncer les mauvaises pratiques de cette éducation.

De plus, dans le chapitre suivant, une liste de noms de jeux nous est présentée, et l’exagération numérique de cette accumulation donne un caractère de démesure et du divertissement qui s’oppose à l’étude.

Rabelais utilise également le rire sous la forme d’une parodie de l’épopée chevaleresque. En effet, le chapitre 7 peint un portrait de Gargantua enfant en tant qu’anti-héros burlesque. Une image péjorative du héros y est décrite, dans un texte pourtant d’un grand seigneur. Gargantua n’est ni un bon chrétien, ni éduqué par ses parents, comme le souhaite l’éducation sophiste. De plus, on assiste également à une animalisation du personnage, car il ne répond qu’à ses besoins naturels. L’auteur cherche donc ici à critiquer, une fois de plus, le sophisme ainsi que l’éducation qu’elle promeut.

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