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Le lai du rossignol

Dissertation : Le lai du rossignol. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Septembre 2023  •  Dissertation  •  2 099 Mots (9 Pages)  •  234 Vues

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Devoir maison n°1 : lecture et culture littéraire médiévale / 30 points

Pour commencer la parenthèse médiévale, je vous invite à découvrir une grande dame qui a vécu au 12ème (dates de naissance et mort sont supposées 1154-1189) : Marie de France.

[pic 1]

Enluminure représentant Marie écrivant son Ysopet et réalisée par « Le Maître de Papeleu » vers 1290

  1. Questions sur l’auteur : Marie de France
  1. Regardez les vidéos suivantes et prenez quelques notes sur cette poétesse qui a vécu il y a fort longtemps : pour chaque vidéo, vous devez faire un paragraphe de 4 à 5 lignes qui reprend les idées essentielles : 4pts

https://www.youtube.com/watch?v=SC6Ajvgc9sc & https://www.youtube.com/watch?v=CQvjuKO6NBA

  1. Questions sur « Le lai du Rossignol »

  1. Cherchez dans un dictionnaire le sens du mot « lai ». 1pt
  2. Résumez « Le lai du Rossignol » en une page manuscrite. 3pts
  3. Quels sentiments éprouve-t-on à sa lecture ? 2pts
  4. Quelle image de l’amour donne-t-il ? 2pts
  5. Comment expliquez-vous le geste meurtrier du mari ? 2pts
  6. Pourquoi, selon vous, le titre met-il l’accent sur le rossignol ? 2pts
  7. Recherchez un des poèmes suivants : « Le Rossignol » de Paul Verlaine ou « Le Rossignol et la Rose » d’Oscar Wilde. Quel est le sujet du poème que vous avez choisi ? Pourquoi avez-vous choisi ce poème plutôt que l’autre ? 2pts
  1. Questions sur le lai du chèvrefeuille
  1. Résumez le lai du chèvrefeuille en en une dizaine de lignes. 4pts
  2. Effectuez une recherche sur Tristan et Yseult : qui a écrit la version la plus connue ? Résumez les grands traits de ce mythe. 4pts
  1. Histoire littéraire
  1. Ces deux poèmes médiévaux correspondent-ils chacun à l’idéal de l’amour courtois ou fin’amor ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur les deux textes. 4pts

Texte 1 : « Le lai du Rossignol », Marie de France / A écouter ici : LECTURE du "Lai du Rossignol", traduction du "Laüstic" de MARIE de FRANCE par Françoise Morvan 🌼 - YouTube

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Le Rossignol

Une aventure vous dirai

Dont les Bretons firent un lai.

Le « Laüstic »[1] ce m’est avis,

L’appellent-ils en leur pays,

Soit dit « Rossignol » en français

Ou « Nightingale » en bon anglais.

Une ville en pays malouin[2]

Était renommée de fort loin.

Là résidaient deux chevaliers

En des demeures fortifiées.

Et la ville de ces seigneurs

Tirait renom de leur valeur.

La femme épousée du premier,

Sage, courtoise et distinguée,

Savait en toute chose agir

Comme il convient de se conduire.

L’autre, resté célibataire,

Était connu parmi ses pairs

Pour ses prouesses, sa valeur

Et ses largesses de seigneur :

Il donnait tournois, dépensait,

Savait offrir ce qu’il avait.

Or, voilà qu’il s’éprit[3] soudain

De la femme de son voisin.

Tant fit-il par grâce et prière

Qu’il prit son cœur, il sut lui plaire

On disait tant de bien de lui

Et il était si près aussi !

Ils s’entr’aimèrent sagement,

Avec prudence, en se cachant,

Veillant à n’être jamais vus

Ni soupçonnés, ni aperçus

- Cela, ils le pouvaient sans peine

Tant étaient proches leurs domaines
Et Tant se touchaient leurs maisons,
Leurs grand-salles et leurs donjons
[4] :
Rien qui les coupe ou les divise
Hors un grand mur de pierre bise
[5]

De la chambre où la dame était
À sa fenêtre, elle pouvait

Rester parler à son ami
Et lui à elle, vis-à-vis
[6],
Voire échanger quelques présents
[7]
En les jetant et les lançant.
Rien donc ne troublait leur bonheur
(Tous deux vivaient selon leur cœur)
Sauf de ne pouvoir à loisir
[8]
Être ensemble et s’entretenir
[9],
Car la dame était bien gardée
Lorsqu’il était en la contrée.
Mais il leur restait le recours,

Aussi bien de nuit que de jour,
De pouvoir ainsi se parler :
Nul ne pouvait les empêcher

Lorsqu’il leur plaisait de s’y mettre

D’aller se voir à la fenêtre.


Ils se sont entr’aimés longtemps
Jusqu’à ce que vienne un printemps
Où bois et prés avaient verdi
Et les vergers avaient fleuri.
Les oiselets
[10] avec douceur
Menaient leur joie parmi les fleurs.

Qui amour a dont il est ivre,
Ce n’est merveille s’il s’y livre
[11].
Le chevalier, en vérité,

S’y livrait alors tout entier,
Comme la dame, pour sa part,

Par la parole et le regard.


La nuit, quand la lune luisait

Et que son seigneur reposait

Elle se levait aussitôt,
S’enveloppait de son manteau
Et se mettait à la croisée
[12]
Où son ami, de son côté,

Était venu l’attendre aussi ;
Ainsi passait-elle ses nuits.

Ils avaient plaisir à se voir
Puisqu’ils ne pouvaient mieux avoir.


Tant veilla-t-elle et se leva
Que son seigneur s’en irrita
Et plus d’une fois il s’enquit
[13]
De ce qu’elle allait faire ainsi.
« Seigneur, s’il faut que je réponde,
Il n’a connu joie en ce monde

Qui rossignol n’a ouï chanter ;
C’est pourquoi je vais l’écouter
Chanter si doucement la nuit
Que je me sens le cœur ravi…
Et j’en ai un si fort désir
Que j’ai grand-peine à m’en dormir. »


À ces mots, le seigneur a ri
Avec colère et raillerie
[14].

Il s’est dit qu’il va le piéger,
Le rossignol, et l’attraper…


En sa maison, il n’est valet
[15] 

Qui ne fasse piège ou lacet[16]
Pour l’étendre dans le verger.
Et, coudrier ou châtaignier
[17],
Il n’est arbre sans piège ou glu
[18].
Voilà donc l’oiseau retenu.
Comme ils ont su le prendre en vie,
A leur seigneur ils l’ont remis.
Et lui, la joie brûlant dans l’âme,
En sa chambre va voir la dame.
« Dame, fait-il, où êtes-vous ?
Arrivez ça
[19] ! Répondez-nous !
Ce rossignol, je l’ai piégé,

Pour qui vous avez tant veillé.
Lors vous pourrez dormir en paix ;
Sans avoir à veiller jamais ! »
La dame, entendant son seigneur,
Se sent meurtrie d’ire
[20] et douleur.
Elle le lui demande l’oiseau
Et lui le tue tout aussitôt
En l’étouffant
[21] de ses deux mains :
Rustre et vil
[22] est-on dit pour moins[23] !
Sur la dame il jette le corps
En sorte que le sang en sort,
Tachant sa robe auprès du cœur.


Une fois parti le seigneur,
La dame prend le petit corps,
Pleure à sanglots, maudit encore
Ceux qui ont trompé l’oiselet
En tressant pièges et lacets
Car ils lui ont envolé sa joie.
« Las
[24], fait-elle, grand mal m’échoit[25]
Je ne pourrai plus me lever
Pour me tenir à la croisée
Et voir à loisir mon ami.
Et, chose vraie, ce m’est avis
[26],
Il pensera certainement
Que je le délaisse à présent :
Le rossignol lui enverrai
Et l’aventure lui dirai ! »

En lettres d’or elle a brodé
Cette histoire sur soie brochée
Puis y a placé l’oiselet
Et, appelant un sien valet
Son message lui a remis
Pour qu’il le porte à son ami.
Arrivé face au chevalier,
Pour sa dame il l’a salué
Puis, lui disant tout son message,
Remis le rossignol pour gage
[27].
Il a tout dit, tout exposé,
Le chevalier l’a écouté,
De l’aventure il est dolent
[28],
Mais il n’est ni grossier ni lent.
Un coffret a-t-il fait forger,
Non de fer ou de triste acier
Mais bien d’or fin à belles pierres
Des plus rares et des plus chères
Avec couvercle bien serti.
Le rossignol il y a mis,

Puis la châsse[29] a été scellée[30]
Et plus jamais ne l’a quitté.


Cette aventure fut contée,
On ne put la tenir cachée.
Un lai en firent les Bretons,
« Le Laüstic » l’appelle-t-on.


Traduit de l’ancien français par Françoise Morvan en 2008.

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