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La vérité dans les Confessions de Rousseau

TD : La vérité dans les Confessions de Rousseau. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Février 2024  •  TD  •  1 962 Mots (8 Pages)  •  42 Vues

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La vérité dans Les Confessions.

=> L’objectif des Confessions est-il de dire la vérité ?

I. Oui, l’objectif des Confessions est de dire la vérité.

a) Un désir de transparence totale affirmé dès les premières pages : le pacte

autobiographique au début des Confessions.

b) Tout dire : exigence d’exhaustivité et absence de tri/de choix qui garantissent la

sincérité de l’entreprise. Par exemple, la vérité douloureuse des aveux.

==> la vérité est garantie par la méthode de Rousseau (être exhaustif et sincère).

Mais les Confessions demeurent le résultat d’un entrelacement entre passé et présent, je

narré et je narrant, récit et analyse : tout passe par le filtre de la conscience de Rousseau, ce

qui, malgré les affirmations de l’auteur, complique la mise en pratique du « tout dire »

vrai.

II. Mais cet objectif semble impraticable : une vérité impossible.

a) On ne peut pas tout dire : inexactitudes et modifications, les « ornements

indifférents ». Problème de la mémoire.

b) Portrait ou plaidoyer (= discours de défense) ? Une vérité biaisée.

==> le désir de vérité est donc le fil rouge du projet de Rousseau, même si

techniquement, il est impossible de tout dire. L’objectif des Confessions n’est-il pas plutôt

de dire sa vérité, celle de JJR ?

III. La vérité des Confessions n’est pas celle de l’exactitude factuelle, mais une

recomposition littéraire de la vérité.

a) Une réécriture nécessaire : organiser pour plaire et persuader. Une vérité

romanesque.

b) Recomposer le passé pour montrer l’unité du moi, innocent depuis l’enfance.

Exemples possibles pour I :

1. « Vitam impendere vero [consacrer sa vie à la vérité] : voilà la devise que j’ai choisie et

dont je me sens digne. Lecteurs, je puis me tromper moi-même, mais non pas vous

tromper volontairement ; craignez mes erreurs et non ma mauvaise foi. », Jean-Jacques

Rousseau, Lettre à d’Alembert sur les spectacles, 1758.

Précision de Jean Starobinski : « La devise est empruntée à Juvénal, Satires, IV, 91.

Rousseau fera confectionner un cachet portant cette devise. Dans la correspondance

conservée, on le voit appliqué pour la première fois sur une lettre du 18 mars 1759. La

devise figure en épigraphe des Lettres écrites de la montagne (1764). »

« L’allégeance à la seule vérité est un réconfort que trouve Rousseau au moment où il se

brouille avec Diderot et où il se convainc qu’il doit apprendre à vivre sans amis. La vérité

que Rousseau veut servir, à ce moment, est celle qui contribue au « bien public », c’est-à

dire à tous les individus. À partir de la publication de l’Emile et du Contrat social, en 1762,

et sans que Rousseau renie le but d’utilité qui animait son « système », sa profession de

vérité se donnera toujours davantage le moi pour objet [voir le début des Confessions, « cet

homme ce sera moi »]. […] L’autobiographie est un récit. Rousseau le développe jusque

dans le fin détail de ses actions, afin de rendre sensibles leurs plus profonds motifs. Ces

actions furent sans doute « bizarres », mais elles n’ont jamais eu la malignité pour

principe. Le plaisir de raconter, et de multiplier les images du passé, est évident, et ce

plaisir se double d’une certitude apaisante : plus complet sera le récit, et mieux il

apparaîtra que Jean-Jacques n’a jamais pensé à mal, contrairement à la calomnie qu’il sent

peser sur lui. Puisqu’il se sent innocent, il est dans son intérêt de tout dévoiler. »

Jean Starobinski, La devise de Rousseau, suivi de Il giuoco del rovesciamento : Starobinski tra Montaigne e

Rousseau, Nadia Boccara ; presentazione di Gaetano Platania, Rome, 2001, p. 4.

2. Il veut être le sujet d’observation constant de son lecteur : « il faut que je me tienne

incessamment sous ses yeux » (p. 89) + Intus et in cute : transparence de l’anatomiste qui

dépouille le corps de sa peau : comprendre et mettre à nu les mécanismes de lui-même.

3. « Voici le seul portrait d’homme, peint exactement d’après nature et dans toute sa

vérité » (avertissement).

« Je veux montrer un homme dans toute la vérité de la nature » (début I).

« Je me suis montré tel que je fus, méprisable et vil quand je l’ai été, bon, généreux,

sublime quand je l’ai été » (idem).

« Avant que d’aller plus loin, je dois au lecteur mon excuse ou ma justification, tant sur

les menus détails où je viens d’entrer que sur ceux où j’entrerai par la suite, et qui n’ont

rien d’intéressant à ses yeux. Dans l’entreprise que j’ai faite de me montrer tout entier au

public, il faut que rien de moi ne lui reste obscur

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