LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Rousseau, Les Confessions, étude Du Passage " Le Roman Des Parents "

Rapports de Stage : Rousseau, Les Confessions, étude Du Passage " Le Roman Des Parents ". Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Mars 2014  •  4 726 Mots (19 Pages)  •  1 392 Vues

Page 1 sur 19

Étude d'un extrait des Confessions de Rousseau ; p 30/32

Notre extrait se situe peu après le préambule dans lequel Rousseau y a définit son pacte de lecture. Les quelques lignes avant notre extrait forme une sorte d'état civil : Rousseau nous donne la date et le lieu de sa naissance, ainsi que des informations sur ses parents tels que leur métier et leur condition social. Le passage qui suit notre extrait évoque quant à lui la petite enfance de Rousseau.

Dans notre extrait, Rousseau entame le récit de ses origines, c'est selon Lejeune une étape classique de l'autobiographie. Il nous raconte la rencontre de ses parents et les circonstances de sa naissance : il naît infirme et sa mère ne survit pas à l'accouchement.

Nous pouvons découper notre extrait en deux mouvements : le premier mouvement va de la ligne 1 à la ligne 38 avec « il quitta tout et revint  », le deuxième mouvement va de la ligne 38 avec « Je fus le triste fruit de ce retour » jusqu'à la fin de notre extrait. Dans le premier mouvement, Rousseau nous propose la généalogie idéalisé de sa famille : il nous raconte la rencontre de ses parents, leur mariage et il évoque aussi le mariage de son oncle et sa tante. Le deuxième mouvement opère une rupture de ton : Rousseau évoque avec tristesse les conséquences de sa naissance : la mort de sa mère et la tristesse de son père.

Nous pouvons repérer deux axes de lectures :

« La légende familiale » (selon l'expression de Philippe Lejeune) : une idéalisation de la généalogie

La complexité des rapports père/fils : une tension palpable

==> Premier mouvement :

Leurs amours avaient commencé presque avec leur vie : dès l'âge de huit à neuf ans, ils se

promenaient ensemble tous les soirs sur la Treille ; à dix ans ils ne pouvaient plus se quitter.

Le récit qui nous est proposé est un récit antérieur à la vie du héros, ce n'est pas donc pas un temps vécu par le narrateur. L'histoire de la rencontre des parents a été racontée à l'enfant par le père et la tante. Rousseau a repris le récit à son compte et l'a enjolivé. L'idéalisation est perceptible dès la première phrase de notre extrait, Rousseau nous dit que l’histoire d'amour de ses parents « avait commencé presque avec leur vie » : il y a bien ici une volonté d'enjoliver la rencontre de ses parents. Rousseau se laisser aller à l'écriture romanesque : on s'éloigne très vite de la neutralité d'une simple généalogie. Le coup de foudre des parents, sous la plume de Rousseau, semble immédiat. C'est comme si ils étaient destinés l'un à l'autre.

La sympathie, l'accord des âmes affermit en eux le sentiment qu'avait produit l'habitude.

Tous deux, nés tendre et sensibles, n'attendaient que le moment de trouver dans un autre la même disposition, ou plutôt ce moment les attendaient eux même, et chacun d'eux jeta son cœur dans le premier qui s'ouvrit pour le recevoir.

Effet de symétrie artificiel qui participe à l'illusion romanesque: les deux amants ont dès leur naissance le même caractère.

Rythme binaire « la sympathie, l'accord des âmes » et « tendre et sensibles » : reproduit un certain naturel. Authenticité, simple.

Le sort, qui semblait contrarier leur passion, ne fit que l'animer. Le jeune amant ne pouvant obtenir sa maîtresse, se consumait de douleur ; elle lui conseilla de voyager pour l'oublier.

Il voyagea sans fruit, et revient plus amoureux que jamais. Il retrouva celle qu'il aimait tendre et fidèle. Après cette épreuve, il ne restait qu'à s'aimer toute la vie, ils le jurèrent, et le ciel bénit leur serment.

Le récit de la rencontre des parents prend très rapidement l'allure d'un roman courtois, on y retrouve le motif de la « fin amor ». Le récit reprend en effet les différentes étapes du roman courtois. Dans un premier temps, l'amour des deux amants est mis à rude épreuves. Comme dans le roman courtois, ils n'appartiennent pas à la même catégorie social, il nous est précisé un peu avant notre extrait que la mère est fille de ministre tandis que le père n'est qu'un simple horloger. Pour évoquer ces obstacles, Rousseau nous dit que « le sort, qui semblait contrarier leur passion, ne fit que l'animer ». On remarque l'emploi du mot « sort », il peut être synonyme de destin. C'est un terme très romanesque, il évoque deux héros qui bravent le destin. Dans un deuxième temps, le père se voit subir l'épreuve de l'éloignement puisque la mère lui conseille de voyager pour l'oublier, on relève à ce titre le terme « épreuve » qui est un mot que l'on retrouve très souvent dans la littérature courtoise. On remarque ici, qu'à l'image du roman courtois, c'est la femme qui décide, c'est elle qui propose l'éloignement, le père, véritable figure de chevalier servant, obéit à sa dame. L'éloignement physique qui aurait du provoquer l'éloignement sentimentale a produit l'effet contraire puisque la père « revint plus amoureux que jamais ». L'amour semble triompher de chaque épreuve et se veut plus fort que tout. On remarque l'emploi de formules hyperboliques telles que « plus amoureux que jamais » et on retrouve la métaphore du feu avec l'expression « se consumait de douleur », le récit est emprunt d'un certain sentimentalisme et les hyperboles participent amplement à entretenir ce sentimentalisme. L'expression « il ne restait qu'à s'aimer toute la vie » témoigne d'une vision très idéalisée et un peu naïve de l'amour. La restrictive donne l'impression que les relations amoureuses sont simple, sans embûche et que l'amour se suffit à lui même.

Le récit de la romance des parents semble se détacher du récit initial et acquérir sa propre autonomie. Ainsi, on remarque que Rousseau emploi les termes « jeune amant » pour qualifier son père et « maîtresse » pour qualifier sa mère. Encore une fois le choix de ses deux termes plonge le récit dans la littérature courtoise mais il confère aussi

...

Télécharger au format  txt (29.1 Kb)   pdf (250.8 Kb)   docx (19.1 Kb)  
Voir 18 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com