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La peau de chagrin, Balzac

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Par   •  5 Janvier 2024  •  Dissertation  •  2 479 Mots (10 Pages)  •  117 Vues

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Correction du bac blanc 2

  1. Commentaire composé

  1. La fin d’un monde
  1. Les reliquats d’un ancien monde…

Cet excipit nous plonge dans une région renommée pour avoir été une le symbole de la puissance industrielle allemande au 19 ème  siècle et pendant une grande partie du 20 ème siècle. L’emploi de plusieurs noms propres l.3-4 aux sonorités nettement germaniques suffit à ressusciter dans l’esprit du lecteur des images de fourneaux, de mines et de machines auxquelles cette région est rattachée : faites d’ailleurs l’expérience : tapez le nom de cette région dans google et vous ne verrez pratiquement que ce genre de photographies à part des cartes. : on a donc le nom allemand  Ruhrgebiet (alors que l’auteur aurait pu préférer le nom français : « la Ruhr »), « Duisburg »,  « Dortmund », « Bochum » et « Gelsenkirchen ».

L’accumulation de termes appartenant au champ lexical de l’industrie achève de poser ce décor solide, métallique, synonyme de production concrète et chargé d’Histoire avec « usines » et « sidérurgiques » l.5, « industriels » l.16, « ateliers » l.18, « ses hauts-fourneaux, ses terrils, ses voies de chemin de fer » l.8-9.

  1. La muséification

Mais cet univers a disparu à l’époque de Jed Martin et ses infrastructures ont été recyclées pour créer un nouveau modèle économique reposant sur la muséification, c'est-à-dire le processus qui consiste à donner un caractère de musée à un  lieu, généralement urbain. Autrement dit, à faire d’un lieu vivant un lieu seulement visité temporairement. Cet environnement solide, métallique, synonyme de production concrète que nous évoquions il y a un instant devient donc un monument à la gloire d’un passé révolu, une sorte d’endroit abstrait à visées intellectuelles. C’est ce que prouve l’accumulation de termes renvoyant au thème de la manifestation culturelle : « exposition, spectacle, concerts » l.6, « conservatoire » l.12. Mais la muséification transforme aussi en lieux morts des environnements où des gens ont vécu et travaillé pendant des générations. C’est ce que montrent des termes associés à un processus de désintégration : « désaffectés » l.9, « rouiller » l.10 et « rouillées » l.17, « se désagrégeaient » l.15, « à demi-effondrés » l.17.

CP : Le symbole de la toute-puissance allemande devient donc une sorte d’espace intermédiaire à mi-chemin entre un lieu utilisé dans le cadre de la vraie vie et un parc culturel géant qui est moins habité que traversé par des êtres humains, et d’ailleurs aucun habitant, aucune présence humaine concrète ne sont évoqués dans le passage.

 

II) Le triomphe de la végétation

  1. La reconquête progressive de la nature

Mais cet environnement n’est pas totalement dépourvu de vie pour autant et la végétation reprend ses droits sur un paysage longtemps dominé par l’homme. Le premier indice de cette reconquête apparait à la ligne 13-14 avec cette forêt qui n’est encore que « menaçante » et qui commence à encercler les anciennes usines comme avant de lancer l’assaut final qui se précise aux lignes 17 à 19 avec la personnification qui fait des herbes des envahisseurs : « et les plantes colonisaient les anciens ateliers, s'insinuaient entre les ruines qu'elles recouvraient peu à peu d'une jungle impénétrable. » La toute puissance de cette nature est alors affirmée grâce à l’hyperbole de la ligne 28 (« dans l'immensité végétale qui s'étend à l'infini ») tandis que le symbole de la civilisation humaine, la ville, subit une gradation inverse l.26 à 28 : « d'une cité futuriste abstraite et immense, cité qui elle-même s'effrite et se dissocie, puis semble peu à peu s'éparpiller ». Dans cette phrase les signes de puissance (« futuriste », « immense ») disparaissent au profit d’un processus de désintégration progressive : elle « s’effrite », « se dissocie », « semble peu à peu s’éparpiller ». La plus grande partie du texte a donc élaboré une gradation plus large relative à la végétation et la dernière étape de cette gradation se révèle dans l’ultime phrase du roman qui signe le triomphe définitif de la nature.

B) L’image d’un naufrage

L’image du naufrage vient donc irrésistiblement  à l’esprit du lecteur. Entre les lignes 28 à 35 on a la disparition de la représentation des êtres humains «  qui avaient accompagné Jed Martin au cours de sa vie terrestre » mais qui représentent en fin de compte toute l’humanité. Ils sont effacés, avalés par les plantes l.33-34. Dans ces lignes l’utilisation du présent de narration rend la scène particulièrement dramatique, comme si on assistait aux derniers instants d’un naufrage dont les victimes « s'enfoncent, semblent un instant se débattre » avant de sombrer l.33-34. Le champ lexical de la  désagrégation l.30-31  « (se délitent »,  « se décomposent » et partent en « lambeaux ») nous fait alors voir étape par étape l’anéantissement des anciens maîtres de la Terre.

CP : Le fait que les paysages industriels, symboles de la puissance et du pouvoir de destruction écologique de l’homme disparaissent sous une végétation triomphante est donc particulièrement ironique. Les dernières œuvres de Jed Martin annoncent alors l’anéantissement définitif de l’humanité par une nature qu’elle croyait avoir domestiquée, anéantissement qui était d’ailleurs évoqué dans d’autres romans de H., comme Les Particules élémentaires ou La Possibilité d’une île. On voit donc que c’est un thème récurrent chez l’auteur qui semble considérer qu’une civilisation comme la nôtre ne peut pas perdurer éternellement.

 

  1. Une vanité ?

Une vanité est une nature morte (peinture d’éléments inanimés comme des fruits ou des fleurs) allégorique qui symbolise le caractère éphémère de la vie humaine. Les vanités sont très répandues  au XVIIe siècle.

Le terme de vanité est issu de l'Ancien Testament (livre l'Ecclésiaste). On y trouve la phrase : traduit du latin  « vanitas vanitatum omnia vanitas », c'est-à-dire :  « Vanité des vanités, tout est vanité. ». Le mot traduit par vanité, en hébreu הבל (hevel), signifie littéralement vapeur, buée, haleine, souffle léger.

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