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Flaubert, Madame Bovary

Commentaire de texte : Flaubert, Madame Bovary. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Mars 2023  •  Commentaire de texte  •  2 119 Mots (9 Pages)  •  213 Vues

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ANALYSE LINEAIRE

Ce texte est un extrait du roman réaliste Madame Bovary de Gustave Flaubert, grand romancier du XIXe siècle, il est connu pour être obsédé par le style parfait comme en témoignent ses brouillons. Publié en 1857, Madame Bovary est le premier roman de Flaubert. Le roman est inspiré de faits divers, il retrace la vie d’Emma Bovary épouse d’un médecin de campagne, qui s’ennuie, tant sa vie ne ressemble pas à celle qui est évoquée dans ses lectures. Madame Bovary fait d’ailleurs l’objet d’un procès en 1857 pour outrage aux bonnes mœurs en racontant la vie dissolue d’une bourgeoise de province. Dans le roman, on retrouve l’ironie de Flaubert, se moquent alors des élans romantiques de son héroïne. L’extrait que nous allons analyser est un exemple de ses rêves. Il est situé au chapitre 12, dans la deuxième partie du roman. Cet extrait met en avant la protagoniste, Emma en pleine rêverie tandis que tout le monde autour d’elle dort : nous allons alors analyser son rêve éveillé et voir quel portrait dépeint de l’héroïne.

En quoi ce texte illustre-t-il le bovarysme ?

Pour répondre à cette question, nous analyserons les 4 mouvements du texte : ainsi, les deux premières lignes présentent la réalité d’Emma construite sur des faux semblants, les lignes 3 à 11 mettent en avant le rêve de fuite d’Emma, les lignes 11 à 18 suggèrent un rêve exotique. Enfin les trois dernières lignes expriment le retour brutal à la réalité.

Nous allons analyser le premier mouvement qui porte sur la mise en place du cadre : la réalité d’Emma Bovary dans sa relation avec son mari Charles, qui est basée sur des faux semblant.

Cette mise en place se construit sur la focalisation zéro adoptée par le narrateur, ce dernier connait la vérité sur Emma et indique ce que font simultanément les deux époux. Cette focalisation zéro se reconnaît par l’utilisation du « tandis que » à la ligne 1, cette formulation évoque les actions simultanées d’Emma et Charles. La relation entre ces derniers et donc basée sur de faux semblants. Le narrateur évoque ceci par des jeux d’opposition : par exemple, à la ligne 1 le verbe « dormait », à la forme négative, s’oppose à l’adjectif « endormie » qui est associé à la locution verbale « faisait semblant », ceci illustre alors un jeu sur les apparences. De plus, le parallélisme « il s’assoupissait à ses côtés, elle se réveillait en d’autres rêves » aux lignes 1 et 2, souligne encore l’opposition entre l’homme et la femme : il s’assoupit, elle se réveille, il est à ses côtés, elle est ailleurs, mettant encore en avant cette relation fondée sur les apparences.

Après la mise en place du cadre, le narrateur aborde le rêve éveillé d’Emma, un rêve dans lequel elle s’enfuit avec son amant Rodolphe. C’est le contenu du deuxième mouvement, qui évoque ce rêve en deux temps. Pour marquer le basculement dans le rêve d’Emma, le narrateur adopte un point de vue interne, tout le rêve est alors raconté à travers la subjectivité et la sensibilité d’Emma.

La référence aux « quatre chevaux » à la ligne 3, référence aux carrosses des contes de fées met en avant le fait que le rêve éveillé d’Emma est influencé par ses lectures.

Ce rêve éveillé est un rêve de fuite, ainsi, aux lignes 3 et 4, l’évasion d’Emma est illustrée par le champ lexical du mouvement avec à la ligne 3 l’expression « emportée » puis à la ligne 4, le verbe « allaient » qui souligne une fuite vers l’avant. Un peu plus loin dans le texte, à la ligne 7, le verbe « marchait » viendra renforcer cette idée de fuite, de départ. Le rythme des phrases est saccadé, comme pour imiter le mouvement du galop des chevaux. En outre, la répétition de « ils allaient » à la ligne 4 accentue le mouvement de fuite, soulignant ainsi une volonté d’évasion, Emma voudrait tout laisser derrière elle.

Dans son rêve, la protagoniste y inclut son amant, comme on peut le voir par le passage du « elle » singulier à la ligne 3 au « ils » pluriel à la ligne 4. C’est un rêve d’amour, un rêve romantique, traduit par exemple par l’apposition « les bras enlacés », ligne 4. Cependant, on remarque que dans le rêve, le nom de l’amant d’Emma n’est pas mentionné : sa présence ne compte pas, le plus important est l’évasion. De plus, le groupe infinitif « sans parler » sous-entend qu’il n’y a pas de communication dans cette union, c’est une relation vouée à l’échec.

Ce rêve de fuite est donc influencé par des lectures : on remarque l’influence des romans du XIXe siècle dans le rêve. On remarque ainsi dans la phrase « des cathédrales de marbre blanc, dont les clochers aigus portaient des nids de cigogne » ligne 6 et 7, l’influence du roman de Victor Hugo, Notre Dame de Paris. A la ligne 8, « bouquets de fleurs que vous offraient des femmes habillées en corset rouge » est inspirée de Carmen de Prospère Mérimée et à la ligne 10, l’extrait « des tas de fruits, disposés en pyramide au pied des statues pâles » est influencé par le livre Le Comte de Monte Cristo par Alexandre Dumas.

Enfin, l’aspect de fuite du rêve est véhiculé par l’abolition des limites spatiales dans le texte. En effet, dans nos rêves, les limites spatiales ne sont pas toujours respectées : les lieux ont tendance à s’entremêler sans réelle cohérence entre eux. D’abord, l’accumulation « des dômes, des ponts, des navires, des forêts de citronniers et des cathédrales de marbre blanc » aux lignes 5 et 6, donne l’impression que tous les lieux sont enchevêtrés. Puis avec l’énumération « On entendait sonner des cloches, hennir les mulets, avec le murmure des guitares et le bruit des fontaines » aux lignes 8 et 9, on a l’impression que tous les éléments se côtoient.

La deuxième partie du rêve évoque un rêve qui est exotique. Dans les lignes 11 à 18, on retrouve à nouveau l’influence romantique dans le rêve d’Emma : le narrateur nous emmène en bord de mer, peignant ainsi ce paysage avec des expressions comme filets bruns » ligne 11 et 12, « falaise » ligne 12, « cabanes » ligne 13.

Dans ces lignes, on retrouve encore l’abolition de l’espace avec la référence aux « gondoles » ligne 14 qui rappellent l’Italie, côtoyant le « hamac » ligne 14, rappelant quant à lui, plutôt les îles. On a à nouveau l’idée d’un pêle-mêle d’images à la manière des rêves. Malgré l’apparition du verbe « s’arrêteraient » à la ligne 12, qui indique un arrêt dans la fuite, on observe toujours l’idée de mouvement grâce aux verbes « se promèneraient » et « se balanceraient » à la ligne 14. On remarque aussi la présence du parallélisme des deux propositions : « ils se promèneraient en gondole, ils se balanceraient en hamac », qui créé alors un effet de balancement.

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