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Etude linéaire d'un extrait de Manon Lescaut : La Première Rencontre

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Par   •  5 Avril 2024  •  Commentaire de texte  •  4 216 Mots (17 Pages)  •  39 Vues

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Etude linéaire n° 9

EL09 Manon Lescaut , La 1e rencontre    - page 26

Présenter l’auteur

L’abbé Prévost , ou Antoine-Françis Prévost, est un auteur prolifique du XVIIIe siècle.

1697 – 1763

1713 : s’engage dans l’armée                     1721 : moine bénédictin à Saint-Maur
1724 ; premier roman, Les aventures de Pomponius                           1726 ordonné prêtre

1728 Fréquente le salon de Mme du Tencin            Premiers tomes des Mémoires d’un homme de qualité – Fuite en Angleterre

1729 précepteur à Londres ; chassé pour cause d’intrigue sentimentale

1731 publication des tomes 5-6-7 des Mémoires d’un homme de qualité, dt le tome 7 :          

Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut

1733 Fuite en Angleterre. Le roman Manon Lescaut est interdit en France.                   1734 Retour en France

1753 Nouvelle édition remaniée de Manon Lescaut                       1763 Décès

Il n’a donc pas connu la Révolution française, mais il a fréquenté les philosophes du 18e s , notamment Voltaire et Rousseau.

Il a énormément écrit : Histoire générale des voyages en 20 volumes,             L’histoire de M. Cleveland en 7 volumes , (1731 – 1739)

Mémoires d’un Homme de qualité en 7 volumes. (1728 – 1731) ,          dont les tomes V , VI , VII , paraissent en 1731.

Il a mené une vie aventureuse, il a hésité et enchaîné les carrières religieuses, militaires et amoureuses.

Présenter l’oeuvre

Dans le 7e volume, intitulé au départ Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, et devenu par la suite Manon Lescaut,

 le narrateur Renoncour, qui est l’ Homme de qualité éponyme du roman, fait la rencontre d’un jeune homme,

qui lui raconte son histoire rocambolesque .

Ce dernier , jeune homme de bonne famille, le chevalier Des Grieux, abandonne ses études et sa famille pour vivre une vie de bohème en compagnie de Manon Lescaut, une jeune fille très belle, plus jeune que lui et plus dégourdie, et qui n’hésite pas à faire commerce de ses charmes pour subvenir aux besoins du couple.

Présenter le passage

Le narrateur rencontre Des Grieux pour la 2e fois, à Calais.

Deux ans auparavant, il avait fait sa connaissance à Pacy, alors que le Chevalier s’était résolu à embarquer pour l’Amérique pour y suivre Manon, bannie du pays et condamnée à l’exil.

Lors de cette 2e rencontre , Des Grieux raconte son histoire.

A partir de ce moment, le narrateur n’est plus le marquis de Renoucour, mais Des Grieux.

Cf « Voici donc son récit, auquel je ne mêlerai, jusqu’à la fin, rien qui ne soit de lui »

Il s’agit donc d’un récit enchâssé   (=stratégie d’effet de vraisemblance ; stratégie traditionnelle, cf Les Contes des 1001 Nuits)

 et d’une analepse, (épisode antérieur au récit), autrement dit flash-back.

Cette scène appartient au topos romanesque de la rencontre amoureuse.

Problématique

Comment le texte fait-il cohabiter deux points de vue, celui du personnage Des Grieux, âgé de 17 ans, et celui du narrateur Des Grieux, âgé de 22 ans.

Mouvements

1er mvmt : ligne 1 à 5 = la force du destin

2e mvmt = ligne 5 à 13 = la magie du  coup de foudre

3e mvmt : lignes 13 à 21 = une conversation révélatrice

1er mvmt : ligne 1 à 5 = la force du destin

l. 1

« j’avais marqué le temps »

: usage du plus-que-parfait : montre une gestion du temps rationnelle et réfléchie , car le départ était préparé ;

contraste avec les événements extraordinaires qui vont suivre                   Date non précisée , choix anodin dû au hasard

 =🡺 Le narrateur DG insiste sur le caractère fortuit des événements

l.1

« de mon départ d’Amiens »

Déroulement logique d’une vie d’étudiant , donc simple et naturelle

Et qui va s’opposer aux événements extraordinaires qui vont suivre

l. 1-2

Hélas ! que ne le marquais-je un jour plus tôt ! j’aurais porté chez mon père toute mon innocence

J’aurais porté = conditionnel passé                  🡺   le narrateur interrompt le récit pour exprimer un commentaire  personnel

l. 1

Interjection hélas + point d’exclamation :

= >  c’est une façon de se plaindre et d’affirmer son statut de victime

l. 1-2

que ne le marquais-je un jour plus tôt

: équivaut à une prop sub circ de condition :                      : si je l’avais marqué un jour plus tôt /:

pourquoi ne l’ai-je donc pas marqué un jour plus tôt                                        = reproche au destin
= > Le narrateur DG se présente comme une victime du destin

>>> DG imagine un autre récit , qui se serait déroulé autrement , et  , et qui aurait eu des conséquences heureuses

l. 2

j’aurais porté chez mon père toute mon innocence.      =      récit imaginaire de ce qu’il ne s’est pas passé

=🡺  montre la douleur provoquée par les évnts réels

  =🡺  intrigue le lecteur qui se demande quelle est la nature des evts réels

  = effet d’accroche de l’attention du lecteur

l. 2

« toute mon innocence »

: sous-entendu : innocence que je vais perdre par la suite

: donc la rencontre de Manon est la cause de la perte de l’innocence

== >  l’innocence est l’état principal de DG avant la rencontre     ===🡺  auto-portrait angélique

ET   l’  « innocence » renvoie au paradis terrestre

>>> la rencontre de Manon pour DF, équivaut à la consommation de la pomme par Eve,            : cause de l’exil du paradis terrestre,

et de la condamnation aux malheurs                   ==== > Manon = Eve = la femme coupable et tentatrice

l. 2

Chez mon père

: rappel de la figure d’autorité , tutélaire , mais aussi protection du paradis de l’enfance

>>> donc ce roman est un roman d’initiation,

: où le héros passe du statut d’enfant au statut d’adulte

= roman d’initiation = roman d’éducation = « Bildungsroman » 

l. 2-3

La veille même de celui que je devais quitter cette ville

: donc à un jour près, les évnts n’auraient pas eu lieu       =  le hasard se transforme en destin malheureux

>>> le narrateur DG se présente comme une victime du destin

l. 3

étant à me promener avec mon ami,

: activité anodine et paisible, mais banale , et qui aurait pu être différente

  =🡺  donc souligne le hasard qui fait mal les choses ,           et qui s’en prend à 2 jeunes gens paisibles

l. 3

qui s’appelait Tiberge,

: personnage vient d’être présenté élogieusement juste avant le passage

Portrait de Tiberge : « il avait mille bonnes qualités »  (page 25)   ,    ; un zèle et une générosité en amitié qui surpassent les exemples les plus célèbres de l’Antiquité

>>> Tiberge est présenté comme le parangon de la sagesse ,        d’ailleurs il est plus âgé , donc plus sage ;

  === >  il va donc servir de caution morale :        je me promène avec Tiberge, donc cela prouve que je suis innocent

l. 4

nous vîmes arriver le coche1 d’Arras, et nous le suivîmes jusqu’à l’hôtellerie où ces voitures descendent.

: activité logique : le narrateur montre l’enchaînement logique des actions

: puisque l’arrivée d’un coche et des voyageurs est habituellement un motif de curiosité

  =🡺  donc le narrateur DG insiste sur le caractère naturel et non coupable de son comportement, qui est celui d’un étudiant normal (dans la norme)  et raisonnable

l. 5

Nous n’avions pas d’autre motif que la curiosité

: tournure restrictive ne – que

: signifie : nous avions seulement pour motif la curiosité

: sous-entendu : et pas un désir coupable de faire la cour à qui que soit

>>> donc le discours est le suivant :

je suis tombé amoureux, mais je n’en avais pas l’intention ,

donc je suis une victime du destin, car je n’ai nul penchant pour le vice

1er mouvement : le narrateur fait son portrait de l’innocence ,

et déplore la force imparable du destin

2e mvmt = ligne 5 à 13 = la magie du  coup de foudre

l. 5

Il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt.

=  action banale « quelques » = adjectif indéfini      + se retirèrent = donc une source d’action ratée

  • Action banale qui prépare l’effet de surprise de l’apparition de Manon

l.6

Mais il en resta une, fort jeune,

= conjonction « mais »                          =>   effet de rupture dans le récit

l. 6-7

« une , fort jeune » »   + « seule dans la cour »

= opposition du singulier (Manon) et du pluriel (quelques femmes)

+ ce personnage est caractérisé « fort jeune »  = vs les femmes indéfinies

l. 6-7

Qui s’arrêta seule dans la cour

S’arrêta = rythme lent et théâtral                       = opposition avec le mouvement des femmes (se retirèrent aussitôt)

= > Manon comme sur une scène de théâtre 

+ effet visuel = plan cinématographique en plongée,        qui donne de la solennité à la scène

l. 7

pendant qu’un homme d’un âge avancé,

   = opposition avec Manon , qui est fort jeune

  • La description de l’accompagnateur démontre le soudain intérêt de DG

l. 7-8

qui paraissait lui servir de  conducteur

  = DG se pose des questions, cherche à comprendre, à identifier  :

  • Preuve que son intérêt est piqué

l. 11

je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport

 Je me trouvai = passé simple         +       Tout d’un coup  = le coup de foudre est instantané, bref, brutal 

  • Topos du coup de foudre

  • Ici, c’est la narrateur de 17 ans qui parle = focalisation interne, sans recul narratif

L 8-9

Elle me parut si charmante que moi,

= le coup de foudre est provoqué uniquement par la vision        Souligne l’effet magique et surnaturel

L 8-9

Elle me parut si charmante que moi,

 = si + adjectif + que = prop subordonnée corrélative            = CC de conséquence

  = > la structure grammaticale souligne l’effet mécanique implacable,
les faits s’enchaînent , se déroulent implacablement comme un destin (fatum) incontrôlable

l. 9

si charmante

= sens étymologique de « charmer » = jeter un sort

= > le narrateur de 22 ans insiste sur l’aspect surnaturel ,

   ==🡺 dans le but d’atténuer sa responsabilité

l. 9

que moi, qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes

    = état d’innocence de l’enfance pré-pubère

Moi = pronom tonique = effet d’insistance

l.9

que moi, qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille  avec un peu d’attention

  =  ni  =  coordination de deux négations

  Qui n’avais JAMAIS pensé   =  déclaration solennelle

ni regardé une fille avec un peu d’attention

   =  l’affirmation (sur l’honneur) est suivie d’une preuve :

argumentation qui cite des preuves , comme dans un tribunal

  == > DG 22 prend la défense de DG17 comme s’il était son avocat

  =🡺 il s’exprime comme dans un tribunal : il veut convaincre de son innocence

« moi, dis-je » =  artifice rhétorique                           = souligne que le locuteur a conscience d’insérer abusivement des incises

  • Moi dis-je = parenthèse dans la parenthèse

l. 10

moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue

    = « tout le monde » = l’avocat convoque les témoins

Admirait la sagesse et la retenue = je cite des témoins qui attestent que je suis innocent

La retenue =  timidité ? 🡺 donc transformation radicale

La retenue = tact, bonnes manières de gentilhomme

= Précision utile quand aux pense aux coups pendables dont il se rendra coupable

Effet de gradation                   = moi qui pensais, moi qui regardais autour de moi , moi que tous les témoins

  • Le cercle s’élargit , pour passer d’un sentiment personnel à une vérité générale

  • Habileté rhétorique du narrateur DG22

l. 10

La sagesse et la retenue

= définition d’un jeune homme incapable de prendre l’initiative de courtiser 

  == > c’est pourtant bel et bien ce qu’il se passe !  

l. 11

je me trouvai enflammé

  = métaphore du feu d’amour , métaphore classique des feux de l’amour

l. 11

Jusqu’au transport

  =  description d’un état second, surnaturel 

  =  émotion forte , é-motion signifie ex-movere, sortir de soi 

= état de lévitation

  • Le narrateur de 22 ans insiste sur le caractère extraordinaire, surnaturel,    Magique, incontrôlable

  === > argument de l’innocence, pour nier toute responsabilité

l. 13

je m’avançai vers la maîtresse de mon cœur.

    = contraste entre « je m’avançai » , qui montre une action volontaire du personnage    , qui s’oppose à « maîtresse de mon cœur »

  = insiste sur le pouvoir de Manon, décrite comme si elle menait le jeu

= > Habileté stylistique du narrateur, qui rejette la responsabilité sur le destin, la magie, et implicitement sur le personnage de Manon

l. 13

Je m’avançai  = passé simple                          🡺    transformation radicale du personnage timide qui devient acteur de sa vie

2e mouvement = la mise en scène du coup de foudre superpose les deux points de vue,
celui du personnage et celui du narrateur

  + ce récit insiste sur l’innocence passée  

 == > tendresse amusée du narrateur envers l’enfant

 + silence pudique sur le désir charnel qui s’empare de lui 

3e mouvement = l. 13 – 21 = une conversation révélatrice

= phase de dialogue entre les deux personnages

 = rapporté au style indirect   =🡺 le narrateur DG22  reste présent, il n’est pas neutre

Nouvelle scène de théâtre :             Les personnages secondaires ont disparu, y compris Tiberge

  • Effet de zoom sur les deux amoureux

l. 13

Quoiqu’elle fût encore moins âgée que moi,

  = registre épidictique = description méliorative qui insiste sur l’innocence de la jeune fille

Quoique =                 Prop sub concessive                     = > l’avocat accorde des circonstances atténuantes

l. 14

elle reçut mes politesses

  = discours narrativisé = qui résume sans répéter les  paroles exactes

  • Omniprésence de la subjectivité du narrateur DG17,     Qui reconnaît qu’il est surpris par l’aisance de Manon

  = > la prop sub concessive a pour effet d’atténuer l’inconvenance de Manon :

En effet une jeune fille ne doit pas répondre aux sollicitations d’un inconnu

  • Le lecteur est informé dès la première rencontre que Manon n’est pas timide

  • Suspicion du lecteur envers cette jeune fille peu discrète et peu réservée

l. 14-15

Je lui demandai ce qui  l’amenait à Amiens,

  = symétrie de cette scène avec la rencontre entre Renoncour et Des Grieux

  • Mais ce qui est convenable pour deux hommes ne l’est pas pour un homme et une femme

  = discours indirect ; les paroles sont plus précises

  • La technique narrative progresse en même temps que l’intimité des personnages

l. 15

et si elle y avait quelques personnes de connaissance

  = question indiscrète et invasive  

  • La conjonction « et » souligne que DG franchit des pas supplémentaires

  • Il semble devenir intrépide , aux yeux du narrateur DG17

l. 15

et si elle y avait quelques personnes de connaissance    =====    = vous habitez chez vos parents ?

 = sous-entendu, je m’inquiète de ton sort, j’ai peur que  tu sois abandonnée ,
 une pauvre jeune fille comme toi, si c’est nécessaire, je peux t’accorder ma protection

  == > les intentions de DG ne sont pas exprimées, mais elles sont visibles ;
ce qui rend encore plus surprenant le manque de pudeur de Manon

l. 15-16

Elle me  répondit ingénument

  = avec naïveté = précision utile !!!!

  • Tentative implicite d’argumentation juridique :

Elle est si jeune et si innocente qu’elle ne connaît pas encore les bons usages,

 Selon lesquels une jeune fille ne doit pas répondre à un inconnu.

  ==🡺 l’avocat DG prend également la défense de Manon ; mais le lecteur est moins convaincu …

l. 16

qu’elle y était envoyée par ses parents, pour être religieuse

  = par ses parents + religieuse = cliché de la jeune fille de bonne famille

  • Situation normale qui place Manon dans le camps de la vertu :   études religieuses + obéissance à ses parents  

l.17

 L’amour me rendait déjà si éclairé,

 = c’est l’amour qui est responsable, ce n’est pas moi

  • Déni de culpabilité

  Déjà = les choses vont vite, la transformation est brutale

  • Commentaire a posteriori d’un narrateur omniscient

  = > point de vue du narrateur DG 22, qui cherche à comprendre et à expliquer

Si éclairé = euphémisme qui signifie « intrépide »

  = > mais l’adjectif « intrépide » aurait le défaut de souligner sa responsabilité

l.17

depuis un moment qu’il était dans mon cœur

   = narration des étapes progressives

+ l’amour + il = 3e pers du singulier, qui permet d’effacer la responsabilité du « je »

l. 17-18

  Si + que = prop sub corrélative   🡺 conséquence implacable

+ averbe intensif « si » 🡺 montre l’intensité du sentiment, dont le narrateur semble nous dire qu’elle est à peine croyable

l. 18

que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs

  = que je regardai ce dessein     = impressionnante capacité de réflexion et d’analyse !! 

 = un coup de foudre, ça ne rate pas ; étudions (froidement ?) quelles sont nos possibilités de concrétiser cette relation

  • Le désir provoque la capacité d’action, de prendre en main son destin .

l. 18

Un coup mortel = hyperbole

  • Montre l’importance du sentiment qui est déjà existentiel, question de vie ou de mort : la vie ne vaut pas la peine d’être vécue si la relation échoue

l. 18

Pour mes désirs

  = cet aveu est tardif, placé en fin de phrase, caché derrière le coup mortel

l. 18

Mes désirs = pluriel élégant et vague,
qui signifie en fait « mon désir charnel »  

Ou bien aussi : mes idées de construire un avenir ensemble ?

  • La vélocité d’analyse du personnage DG est impressionnante :           il devient adulte

  • Étape de l’éveil sexuel du roman d’apprentissage

l. 18-19

Je lui parlai d’une manière qui lui fit comprendre mes sentiments

   = les torts sont partagés                    = discours narrativisé

  • Le narrateur a besoin d’expliquer ; il fait des commentaires qui ressemble à des didascalies au théâtre, dans le but de se faire comprendre de son interlocuteur

  • Opposition entre l’innocence du personnage et l’expertise du narrateur

l. 19

car elle était bien plus expérimentée que moi.

  = portrait surprenant d’une jeune fille rompue aux échanges galants,      Qui a déjà connu des scènes de séduction,

  Qui reconnaît au premier coups d’œil un homme qui fait sa cour            ======= Tu me dragues ou quoi ?????

  • Ce portrait ne colle pas avec la jeune fille « ingénue »

  • Aisance étrange, qui suscite la suspicion du lecteur
  • Le narrateur DG 22 veut atténuer sa responsabilité, et finit par se contredire .
  • Ou bien c’est le regard du personnage DG17 qui est surpris et déstabilisé par l’aisance de Manon ??
  • Effet d’accroche ou de suspens, ou de teasing : le lecteur se demande à quelle sorte de jeune fille il a à faire.

l. 20

  C’était malgré elle qu’on l’envoyait au couvent

 = discours indirect libre , qui fusionne le narrateur et le personnage

  • La frontière entre les subjectivités s’estompe

  + confirmation que Manon n’est pas pieuse, donc potentiellement capable d’être amoureuse

  • L’espoir revient dans l’esprit du narrateur

  • Effet de balancier, qui entretient l’intérêt du lecteur, et donne une impression générale de grand désordre,
  •  Conforme au désordre psychique du jeune homme amoureux

l. 20-21

pour arrêter sans doute son penchant au plaisir,

  Sans doute = qui parle ?   =  le narrateur omniscient qui donne son avis                 Narrateur subjectif  

l. 20

« son penchant au plaisir »

 = cette fois, c’est l’usage du singulier qui produit un effet d’euphémisme

  = le plaisir = sens vague, général, qui n’est pas connoté sexuellement

l. 20

« son penchant au plaisir »

  = personnage non conforme au personnage traditionnel de l’héroïne

  = naissance d’une anti-héroïne ???????

  • Ambiguité du personnage féminin : personnage en marge, car érotisée ;
  • Caractérisation à la fois méliorative et péjorative

  • Hésitation morale du lecteur

l. 21

  qui s’était déjà déclaré

  = vocabulaire médical

 = Manon atteinte par une maladie dont elle n’est pas responsable

  • Les deux amants sont victimes du destin

l. 21

et qui a causé dans la suite tous ses malheurs et les miens

    =  analepse (flash du passé rendu par le p-q-parfait)  + prolepse « dans la suite »

  • Position surplombante du narrateur qui sait et qui cherche à expliquer ,       Et qui en profite pour justifier

l. 21

Tous ses malheurs et les miens

  = ordre ingénieux, pour attirer la compassion d’abord sur Manon avant DG,

  • Formulation qui se veut élégante et bienveillante

3e mouvement = un jeu sur les techniques du discours rapporté

 Qui présente le pers principal comme dans une scène d’exposition

Dans un discours ambigu qui hésite entre l’admiration et la dénonciation.  

 Et qui définit la problématique du roman : une héroïne problématique

Conclusion

Ce récit superpose deux points de vue, celui du personnage DG 17, innocent et émerveillé, qui se transforme sous nos yeux par la magie de l’amour,

Et celui du narrateur DG22, qui tente de nier sa responsabilité en insistant sur sa propre innocence, et sur le caractère implacable du destin.

Postulat littéraire : l’amour est une puissance tragique.    Archétype de la mante religieuse ?

...

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