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Commentaire des deux amis de Jean de la Fontaine

Commentaire de texte : Commentaire des deux amis de Jean de la Fontaine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Août 2023  •  Commentaire de texte  •  2 066 Mots (9 Pages)  •  190 Vues

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DST commentaire de texte

Objet d’étude : La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle

Les Deux Amis

Deux vrais Amis vivaient au Monomotapa[1] ;

L'un ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre.

            Les amis de ce pays-là

Valent bien, dit-on, ceux du nôtre.

            Une nuit que chacun s'occupait au sommeil,

Et mettait à profit l'absence du soleil,

Un de nos deux Amis sort du lit en alarme[2] 

Il court chez son intime, éveille les Valets :

Morphée[3] avait touché le seuil de ce palais.

L'Ami couché s'étonne, il prend sa bourse, il s'arme ;

Vient trouver l'autre, et dit : Il vous arrive peu

De courir quand on dort ; vous me paraissez homme

A mieux user du temps destiné pour le somme :

N'auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu ?

En voici. S'il vous est venu quelque querelle,

J'ai mon épée, allons. Vous ennuyez-vous point

De coucher toujours seul ? Une esclave assez belle

Était à mes côtés ; voulez-vous qu'on l'appelle ?

Non, dit l'Ami, ce n'est ni l'un ni l'autre point :

            Je vous rends grâce de ce zèle[4].

Vous m'êtes en dormant un peu triste apparu ;

J'ai craint qu'il ne fût vrai, je suis vite accouru.

            Ce maudit songe en est la cause.

Qui d'eux aimait le mieux ? Que t'en semble, lecteur ?

Cette difficulté vaut bien qu'on la propose.

Qu'un Ami véritable est une douce chose !

Il cherche vos besoins au fond de votre cœur ;

            Il vous épargne la pudeur[5]

            De les lui découvrir vous-même.

            Un songe, un rien, tout lui fait peur

            Quand il s'agit de ce qu'il aime.

Jean de la Fontaine - Les Fables (livre VIII, 1678)

Proposition de corrigé pour le commentaire de la fable “Les Deux Amis” de La Fontaine

intro : « Parce que c’était lui ; parce que c’était moi » écrit Montaigne à propos de son amitié pour Etienne de La Boétie dans ses Essais, en 1572, en lui rendant un hommage posthume. Il présente une amitié rare, fusionnelle entre eux deux. Un siècle plus tard, Jean de La Fontaine s’attache lui aussi à ce sentiment dans ses Fables, oeuvre dans laquelle il expose les travers mais aussi les bons côtés de la société de son temps. En effet, le poète du XVIIe, inscrit dans le classicisme, évoque notamment ce thème dans l'une de ses fables du livre VIII, faisant partie du 2e tome du recueil publié en 1678 : « Les Deux Amis ». Jean de La Fontaine y fait du lecteur le témoin des vertus de l'amitié. Comment cet apologue valorise-t-il l’amitié, en présentant ses différentes manifestations ? Nous verrons tout d'abord que cette fable est dynamique pour plusieurs raisons qui en font un texte propre à éveiller l’intérêt du lecteur. Puis qu’elle s’apparente à un éloge d’une amitié parfaite entre deux hommes eux-mêmes parfaits, visant à faire réfléchir le lecteur là-dessus.

Quelques pistes pour la suite :

        I)Une fable dynamique

Une fable a traditionnellement 2 visées : plaire et instruire, ce que l’on retrouve bien ici.

A)Un apologue organisé en plusieurs étapes variées :

-l’auteur introduit d’abord l’apologue en présentant le cadre de l’histoire qu’il va raconter (v1-4). Ouverture assez traditionnelle avec renseignements donnés sur les personnages (“deux vrais amis” qui reprend le titre) et sur le cadre (“Monomotapa”).

-récit au coeur de la fable (v5-23), plus long que le reste = une des étapes attendues d’une fable. Recours à l’argumentation indirecte : LF passe par le détour d’une histoire inventée pour faire réfléchir son lecteur tout en captant son attention de façon plaisante.

-conclusion = la morale (v24 à la fin), au présent de vérité générale (“il cherche”, “il vous épargne” v27-28). Recours à l’argumentation directe. LF interpelle directement son lecteur en le tutoyant (“que t’en semble, lecteur?” v24). Il conclut sur une maxime sur l’ami véritable tout en questionnant le lecteur (ne fait donc pas que donner son avis, il laisse le choix au lecteur : “qui d’eux aimait le mieux?” v24).

B)Au coeur de la fable, un récit au schéma traditionnel :

-situation initiale : à partir du CC de temps “une nuit” (v5) qui introduit le CL du sommeil (“sommeil” v5, “lit” v7, “Morphée” v9, “en dormant” v21…)

-élément perturbateur à partir du v7 = l’inquiétude de l’ami. Passage au présent de narration qui marque la rupture (“sort du lit”) avec l’imparfait. Effet d’attente pour savoir la raison de ce réveil soudain ce qui éveille l’attention du lecteur.

-plusieurs péripéties s’enchaînent : ami qui accourt chez l’autre,  réveil surpris de ce dernier, volonté de celui-ci de venir en aide à l’autre à qui il propose tout ce qui lui tient à coeur pour l’apaiser (son argent, son épée, sa femme)

-résolution (v19 à 23) : on apprend en même temps que l’ami la raison de l’inquiétude de l’homme par sa réponse “vous m’êtes en dormant un peu triste apparu”. effet de suspense enfin résolu.

C)Un texte vivant pour le plaisir du lecteur :

-vivacité marquée par l’enchaînement de nbses actions au sein d’un récit bref : énumération de verbes d’action aux v7-8 (“sort, court éveille”).

réaction également vive de l’ami réveillé avec le rythme ternaire au v10 : “s’étonne, prend sa bourse, s’arme”.

-rejets aux v11 et 12 des verbes “Vient” et “De courir” ce qui accentue aussi le rythme du récit.

-allitération en [R] v10-12 qui insiste sur l’idée d’agitation qui ressort : “prend, arme, trouver, l’autre, arrive, courir, dort…”.

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