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CM des fonctions du langage

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Par   •  10 Mars 2023  •  Cours  •  10 390 Mots (42 Pages)  •  150 Vues

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ANNEE ACADEMIQUE 2022-2023

DEPARTEMENT DE LETTRES MODERNES

NIVEAU : LICENCE 2

PARCOURS : LTO 6423 LITTERATURE ORALE

                         LTO 6423-1 LITTERATURE ORALE OCCIDENTALE

COURS MAGISTRAL

ENSEIGNANT : DR YAPO LUDOVIC MOUSSO

GRADE : MAITRE DE CONFERENCES

INTRODUCTION

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La tradition orale qui se présente sous plusieurs appellations : culture orale, patrimoine oral et littérature orale est une façon de préserver et de transmettre l’histoire, la loi et la littérature de génération en génération dans les sociétés humaines (peuples, ethnies, etc.) qui n’ont pas de système d’écriture ou qui, dans certaines circonstances, choisissent ou sont contraintes de pas l’utiliser. La tradition orale est parfois considérée comme faisant partie du folklore d’un peuple.

Jusqu’à la fin de l’Antiquité tardive, de nombreuses matières mythologiques ou religieuses ont d’abord été véhiculées oralement avant d’être fixées par écrit. Certains textes célèbres ont été grandement inspirés de ces traditions, comme l’Iliade et l’Odyssée, attribués à Homère et issus du Cycle troyen ; les Vedas, les chansons de geste et romans arthuriens (issus respectivement de la matière de France et de la matière de Bretagne ; certains livres de la Bible etc.

L’expression « littérature orale » apparait à la fin du XIXe siècle avec Paul Sébillot et son ouvrage Littérature orale de Haute-Bretagne. Elle désigne chez les folkloristes de l’époque, les contes, chansons ou proverbes transmis oralement en milieu rural. Cette expression comporte une contradiction interne, puisque littérature suppose un écrit, tandis que orale suppose une voix. Pour eux, l’oral n’était qu’un critère de classement, et ce qu’ils considéraient comme la vraie littérature restait l’écrit. La notion de littérature s’est formée à la fin du Moyen Age et s’est imposée à l’époque des Lumières.

La théorie de l’oralité, initialement formulée par Milman Parry et Albert Lord à propos des épopées d’Homère et appliquée par la suite à d’autres genres de textes avec plus ou moins de succès, tente de préciser les modalités d’élaboration et de transmission d’œuvre appartenant à ces genres.

QU’EST-CE QUE LA LITTÉRATURE ORALE ?

Quelques éléments de définition

La « littérature orale » est un corpus difficile à circonscrire et à définir. La littérature orale désigne l’ensemble des  récits de fiction semi-fixés, anonymes, transmis oralement, variables dans leur forme mais pas dans leurs fonds. Il s’agit donc de récits qui ont une structure stable, mais dont le déploiement peut faire l’objet de variantes, et qui sont conçus pour être dits, donc destinés à être diffusés par la seule voie orale, sans souci d’une reproduction mot à mot. En ce sens, il faut bien distinguer la littérature orale de la littérature oralisée, désignant des textes écrits et transmis oralement dans des circonstances particulières. Le texte oral » n’est « par définition jamais fixé, toujours ouvert aux chances de l’improvisation : il n’est  jamais le même dans la constante adaptation aux sensibilités et aux intelligences, à chaque fois généré par l’acte de parole.

La variabilité est en effet l’un des critères-clés pour aborder ce corpus de récits. La littérature orale est donc une notion ambiguë : elle « associe deux termes […] qui bien souvent sont mis en opposition dans la société occidentale ». Non seulement l’étymologie de « littérature » signifie la « chose écrite », qui s’oppose à la « chose dite », mais les notions de « texte » et « d’œuvre » sont le plus souvent associées à un élément fixe, achevé, et produit par un seul auteur-créateur.

Parlant de littérature orale,  « il s’agit de formes d’art spécifiques qui viennent d’un lointain passé et qui ont un mode d’existence essentiellement oral, connu par l’intermédiaire de conteurs, spécialisés ou non, qui n’ont pas le statut de créateurs, mais qui créent malgré tout en élaborant sans cesse des œuvres et en les adaptant à leur public.

 La plupart des spécialistes s’accordent donc à désigner la littérature orale comme un oxymore, créé en 1881 par l’ethnologue Paul Sébillot[1].   Le style oral est un véritable genre littéraire. Il s’agit d’une tradition culturelle qui paraît apporter une justification à la création d’un terme orature lequel deviendrait symétrique de celui d’écriture entendu comme littérature.  Car s’ils ne sont pas définitivement fixés, les récits qui composent le corpus de la littérature orale sont bien des œuvres : ils ont tous une forme extrêmement travaillée et répondent à une esthétique et à des codes bien précis. Si certains de ces récits ont été recueillis par écrit, notamment par les folkloristes et les ethnologues des XIXème et XXème siècle, il existe encore dans les sociétés de tradition orale de nombreux récits uniquement transmis oralement, et donc perpétuellement mouvants. Des ethnolinguistes ont d’ailleurs relevé l’inadéquation du terme « littérature orale » pour des sociétés dans lesquelles ces récits ne sont pas simplement des œuvres artistiques, mais de véritables rituels nécessaires à la codification des pratiques communautaires et au bon fonctionnement de la société. Pour les Navajos (peuple amérindien d’Amérique du Nord), par exemple, les contes maintiennent l’harmonie de l’univers et doivent être racontés lors d’une période très précise : entre la première gelée de l’hiver et le premier éclair du printemps.

Typologie des différents genres

Si la littérature orale ne peut pas être elle-même considérée comme un genre littéraire, elle est cependant constituée d’un corpus regroupant différentes formes littéraires : mythes, épopées, légendes, contes, chansons et petites formes (dictons, devinettes, énigmes...). Ce découpage en différents genres peut paraître artificiel : dans de nombreux récits, ces genres s’interpénètrent et s’associent. Dans le catalogue de l’exposition réalisée en 2001 par la Bibliothèque nationale de France, intitulée « Il était une fois… les contes de fées », Olivier Piffault relève ce point : « Mythe, religion, conte, le terme peut varier pour une réalité souvent identique : ainsi en est-il de « Psyché et Cupidon » qui, depuis l’Antiquité, traverse les siècles pour devenir « La Belle et la Bête » au siècle des Lumières[2] ». Les distinctions établies aujourd’hui entre mythe, conte et épopée n’ont pas toujours été clairement établies : citons la présence des dieux nordiques dans la Chanson des Nibelungen, celle d’Anubis dans le Conte des deux frères, et la présence du conte merveilleux dans les exempla chrétiens de la période médiévale. Néanmoins, pour aborder la notion de littérature orale il nous faut tenter d’établir une typologie et de définir précisément les différents genres qu’elle regroupe.

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