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Analyse linéaire du prologue de Gargantua

Commentaire de texte : Analyse linéaire du prologue de Gargantua. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  8 Mars 2023  •  Commentaire de texte  •  1 645 Mots (7 Pages)  •  543 Vues

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  1. Lecture linéaire n°1 : Rabelais, Gargantua, prologue, de « Et en admettant que le sens littéral » à « la gestion des affaires »

Partie analysée en lecture linéaire

Buveurs très illustres, et vous vérolés[1] très précieux (car c’est à vous, et à nul autre, que sont dédiés mes écrits), Alcibiade, au dialogue de Platon[2] intitulé Le Banquet, louant son précepteur Socrate, qui est sans discussion le prince des Philosophes, dit, entre autres paroles, qu’il est semblable aux silènes. Les silènes étaient jadis des petites boîtes comme nous en voyons à présent dans les boutiques des apothicaires[3], peintes au-dessus de figures comiques et frivoles, comme des harpies, des satyres, des oisons bridés[4], des lièvres cornus, des canes bâtées[5], des boucs volants, des cerfs harnachés[6], et telles autres figures représentées à plaisir pour exciter le monde à rire. Tel fut Silène, maître du bon Bacchus[7]. Mais au-dedans on rangeait les drogues fines comme le baume, l’ambre gris, la cardamome le musc[8], la civette[9], les pierreries en poudre, et autres choses précieuses. Il disait que Socrate était pareil : parce qu’en le voyant du dehors et en l’estimant par son apparence extérieure, vous n’en auriez pas donné une pelure d’oignon, tellement il était laid de corps et de maintien risible, le nez pointu, le regard d’un taureau, le visage d’un fou, simple de mœurs, rustique dans ses vêtements, pauvre de fortune, infortuné en femmes, inapte à tous les offices de l’Etat, toujours riant, toujours buvant à la santé d’un chacun, toujours plaisantant, toujours dissimulant son divin savoir. Mais en ouvrant cette boite, vous y auriez trouvé une céleste et inappréciable drogue : une intelligence plus qu’humaine, une force merveilleuse d’âme, un courage invincible, une sobriété sans égale, une égalité d’âme sans faille, une assurance parfaite, un détachement incroyable à l’égard de tout ce pour quoi les humains veillent, courent, travaillent, naviguent et bataillent.

  1. Introduction

François Rabelais est un auteur du 16è siècle qui s’inscrit dans le courant humaniste.

Les humanistes placent l’Homme au centre de leurs préoccupations. Ils s’inquiètent de son bonheur et de son devenir. Cela les conduit à envisager un idéal de société lui permettant d’être heureux.

Le roman utopique de Rabelais Gargantua, publié en 1534, illustre les combats humanistes contre la guerre, le dogmatisme, les monarques autoritaires et le fanatisme religieux.

Dans le prologue, Rabelais propose au lecteur un pacte en lui suggérant de ne pas se fier aux apparences : la vulgarité peut cacher un trésor…

Comment ce prologue adresse-t-il ce paradoxe ?

Dans un premier temps, Rabelais dans une apostrophe aux lecteurs, propose une clé de lecture de son prologue (L1 à 4). Ensuite, il utilise la comparaison de son livre avec le silène (L4 à 10), puis une seconde comparaison avec Socrate, laid à l’extérieur, mais si beau à l’intérieur (L.10 à la fin).

Buveurs très illustres dès le début, Rabelais place son œuvre dans un paradoxe, celui que l’on retrouve dans les termes antithétiques du parcours : rire et savoir. L’oeuvre se veut à la fois source de plaisir et de connaissance. l’apostrophe L1 donne à ce passage un statut de pacte  avec le lecteur : clés de lecture de son œuvre. , et vous vérolés[10] très précieux L1 l’oxymore : pareil que « buveurs très illustres » : dimension paradoxale de l’oeuvre. (car c’est à vous, et à nul autre, que sont dédiés mes écrits), la parenthèse L1/2  Rabelais un lien entre lui et nous les lecteurs en introduisant la première personne« mes » L2. Alcibiade, au dialogue de Platon[11] intitulé Le Banquet, louant son précepteur Socrate, qui est sans discussion le prince des Philosophes, dit, entre autres paroles, qu’il est semblable aux silènes. L’allusion à Platon :Humanisme (culture antique) +  C’est un argument d’autorité : donne confiance au lecteur + sérieux de l’œuvre Les silènes la comparaison entre Socrate et cet objet est filée dans une énumération. étaient jadis des petites boîtes  une définition du silène : le registre didactique. comme nous en voyons à présent dans les boutiques des apothicaires[12], comparaison médicamenteuse : dimension curative au livre. L’œuvre de Rabelais =  médicament permettant de devenir humaniste. peintes au-dessus de figures comiques et frivoles, comme des harpies, des satyres, des oisons bridés[13], des lièvres cornus, des canes bâtées[14], des boucs volants, des cerfs harnachés[15], énumération de figures grotesques : double-interprétation : susciter la confiance du lecteur en avec description précise + veut  faire rire avec registre burlesque, (figures imaginaires de la mythologie et du  bestiaire animal). Ce mélange de références culturelles : Humanisme qui prône l’éclectisme.  telles autres figures représentées à plaisir pour exciter le monde à rire. Tel fut Silène, maître du bon Bacchus[16].  référence hédoniste aux plaisirs de la chair Mais la conjonction de coordination : relation logique d’opposition, Retour  sérieux de l’oeuvre, c’est-à-dire à ses vertus curatives avec l’énumération des substances qui guérissaient :  au-dedans on rangeait les drogues fines comme le baume, l’ambre gris, la cardamome, le musc[17], la civette[18], les pierreries en poudre, et autres choses précieuses. La métaphore médicamenteuse de nouveau utilisée pour désigner le livre. Le paradoxe du livre est illustré par la variété de l’énumération : des substances précieuses, mais malodorantes. Il disait que Socrate était pareil : retour à Platon argument d’autorité :référence philosophique incontestée par les humanistes.  parce qu’ une conjonction de subordination introduit la cause et de nouveau le registre didactique en le voyant du dehors et en l’estimant par son apparence extérieure, vous n’en auriez pas donné une pelure d’oignon, une expression familière : comparaison burlesque donc registre comique Tellement hyperbole  renforce la laideur du personnage  il était laid de corps et de maintien risible, une énumération de termes péjoratifs insistent sur laideur extérieure le nez pointu, le regard d’un taureau, le visage d’un fou, simple de mœurs, rustique dans ses vêtements, pauvre de fortune, infortuné en femmes, inapte à tous les offices de l’Etat, toujours riant, toujours buvant à la santé d’un chacun, toujours plaisantant, toujours dissimulant son divin savoir. anaphore de l’adverbe « toujours » renforce le caractère hyperbolique de la laideur, des images comiques : portrait burlesque  Mais connecteur logique d’opposition portrait physique opposée à description intérieur de la boîte :  parallélisme entre la métaphore du silène et le corps de Socrate qui est l’enveloppe extérieure. On attend les trésors que renferme Socrate sous la forme d’une nouvelle énumération. Le texte se construit ainsi sur un parallélisme. A l’énumération de termes péjoratifs succèdent une énumération de termes mélioratifs. A l’apparence succède l’esprit de Socrate dont Rabelais fait l’éloge.   en ouvrant cette boite, vous y auriez trouvé une céleste et inappréciable drogue : le champ lexical de l’infini et une suite de termes mélioratifs (les qualités) suggèrent  beauté intérieure une intelligence plus qu’humaine, une force d’âme merveilleuse, un courage invincible, une sobriété sans égale, une égalité d’âme sans faille, une assurance parfaite, un détachement incroyable à l’égard de tout ce pour quoi les humains veillent, courent, travaillent, naviguent et bataillent. Un champs lexical  de la perfection +  hyperboles : portrait élogieux.

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