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Explication linéaire "Refus d'obéissance", Paul Valet

Fiche de lecture : Explication linéaire "Refus d'obéissance", Paul Valet. Recherche parmi 302 000+ dissertations

Par   •  7 Septembre 2025  •  Fiche de lecture  •  1 728 Mots (7 Pages)  •  647 Vues

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La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle

Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire / parcours : « Défendre » et « entretenir » la liberté.

E.L4 : Paul Valet, « Refus d'obéissance » (extrait)

in Que pourrais-je vous donner de plus grand que mon gouffre ? (1983/84)

INTRODUCTION

Présentation de l'auteur et de l'extrait :

Né à Moscou en 1905, de mère polonaise et de père ukrainien & mort en 1987 à Vitry-sur-Seine Paul Valet (de son vrai nom Georges Schwartz) est un poète naturalisé français. D'abord pianiste de concert, il renonce à la vie de musicien à l son arrivée en France en 1924, fait des études et devient médecin, puis médecin homéopathe, métier qu’il exercera à Vitry-sur-Seine jusqu’en 1970. Maquisard et résistant dès 1941, son père, sa mère et sa sœur finissent à Auschwitz. Il publie en 1948 son premier recueil de poèmes. Il décide de signer Paul Valet parce qu’il se voulait, dit-il « au service exclusif de la poésie » qu'il souhaite intransigeante. Ce poème en prose, extrait du recueil Que pourrais-je vous donner de plus grand que mon gouffre ? Écrit entre 1983 & 1984, évoque l'insoumission du poète face à une société dont il dont il refuse catégoriquement le fonctionnement.  

LECTURE

Problématique : Dans quelle mesure le refus de « servitude » du poète est-il un refus « idéal » ?

Annonce du plan : Nous organiserons notre propos autour de trois mouvements :

M.1: l.1 à 11 « […] votre crasse de la mort – » : un refus adressé au monde.

M.2 : l.11 (« Il fût un temps [...] » à la fin : un refus intégral & de principe.

DÉVELOPPEMENT

PREMIER MOUVEMENT :  UN REFUS ADRESSÉ AU MONDE.

Avant tout, notons que le poème est en prose, ce qui pourrait être interprété comme un premier refus - celui d'adopter une forme classique), & ne comprend, à l'exception des tirets demi-cadratins, aucune ponctuation. Ce choix fort pourrait traduire la volonté de l'auteur de ne se soumettre à aucune règle, de proposer un objet aussi anarchiste que le message qu'il porte.

Les premiers mots, qui donnent leur titre au texte, sont écrits en lettres capitales - comme pour exprimer un cri bref mais ferme - mais ne comprennent pas de verbe. À l'inverse les phrases qui suivent, de la ligne 1 à la ligne 4, comportent presque toutes des verbes conjugués, mais jamais principaux, dans le sens où ils ne concernent que des subordonnées (l'homme serait-il subordonné à la société ?). Cette « étrangeté » donne au lecteur l'impression de lire une sorte de catalogue vindicatif & impersonnel (aucun pronom ne vient préciser le locuteur et/ou le destinataire). Lignes 1 & 2, les « lois » et les « maisons » sont personnifiées (« mal parties », « se frayent »), comme pour indiquer leur indépendance : elles semblent vivantes & prennent le dessus sur celles & ceux qu'elles régissent ou abritent, laissant ces derniers impuissants. Les dérivations (« mal », « malveillantes », « mauvais ») qui qualifient péjorativement les termes « Lois », « maisons » & « chemin », qui représentent les « structures » ou « repères » de notre monde, mettent en avant leur nocivité due à des « complications factices ». De plus, elles permettent d'introduire une certaines musicalité, parfois dissonante, qui sera présente tout au long du texte (en effet, on retrouve bon nombre d’allitérations, d'assonances & de paronomases aux sons étranges : [v], [ou] etc.. portant le plus souvent sur des termes opposés, comme pour affirmer que tout est est à rejeter ou plutôt, que rien n'est à conserver). La phrase suivante, qui évoque, avec « ceux », des personnes indéfinies représentant sans doute « la masse » dont Paul Valet s'éloigne par l'utilisation de ce pronom démonstratif, précise la pensée du poète qui dénonce la volonté commune & quotidienne de se débarrasser des mauvaises herbes de la « vie », comme pour privilégier un existence « lisse ». La formule « Refus d'obéir » qui est répétée à la phrase suivante, sonne comme un slogan & laisse entendre qu'aucune compromission n'est possible. On remarque également trois métonymies permettant de désigner négativement deux catégories d'individus : ceux qui se soumettent docilement (« chapeaux bas ») & ceux qui font régner l'ordre (« képis et casques ») par leur couvre-chef.

L'apparition du pronom personnel « je » l.5 permet au lecteur de comprendre que ce refus est bien celui du poète qui  semble affirmer ne pas vouloir, en travaillant, s'éreinter dans des tâches sans sens (« nulle part ») pour enrichir ceux qui l'emploient (mille parts), le tout pour une sorte de salaire majoritairement composé de « larmes ». La suite du texte va dans ce sens. L'auteur refuse tout... Et son inverse (« oui » / « non », l.5, « prénatale » / « post-natale », « Orient »/ « Occident », l.6). Il évoque des « fourmis volantes » qui ne sont pas sans rappeler le célèbre insecte de la fable, économe & travailleur (le terme « volantes » pouvant alors faire référence à la modernité). Ligne 7, le verbe nier montre une cécité volontaire face à une société composée de regards scrutateurs & réprobateurs (« ce qui me contemple.avec haine et vilaine compassion ») & marginalise le poète qui se dit « Infirme » à la phrase suivante (l.8). Ce terme, puissant, est complété un peu plus loin par celui de « malade », qui qualifie son « cerveau ». On sent ici une volonté farouche de se distinguer de la masse, de se singulariser par la « déficience ». D'ailleurs, les refus suivants concernent une éventuelle « guérison » (champs lexical : « remèdes », « bancs des hospices » - rapprochés «de « trous d'égoûts », « valide », l.8 à 9, « piqûres », l.10). Tout est rejeté en bloc (c.f forme du poème). Des termes pourtant chargés méliorativement comme « vacances » étant même ici considérés comme trop exigus pour un être libre (« camp »).

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