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Suis-je responsable de mon propre manque de volonté ?

Dissertation : Suis-je responsable de mon propre manque de volonté ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Décembre 2023  •  Dissertation  •  1 444 Mots (6 Pages)  •  70 Vues

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DM: Suis-je responsable de mon propre manque de volonté ?

Dans le tableau 8 du film Vivre sa vie, J-L-Godard met en scène la confrontation entre Nana, le personnage principal, et Yvette, une de ses amies, qui, comme elle, se prostitue depuis sa rupture et la détresse financière qui en a résulté. Les deux femmes discutent dans un bar. Yvette soutient qu’elle n’est pas responsable de sa situation. Face à cela, Nana pointe du doigt le manque de volonté d’Yvette qu’elle tient pour responsable de sa propre misère. Mais, si Yvette manque de volonté à s’extraire de sa condition misérable de prostituée, peut-on pour autant affirmer qu’elle en est absolument responsable? Ce manque de volonté n’est-il pas lui-même le fruit de sa condition misérable? Ce film nous confronte à la question suivante: Suis-je responsable de mon propre manque de volonté ?

La volonté se définit couramment par une force caractère. Avoir de la volonté c’est en effet manifester de la persévérance dans ses choix et de la fermeté dans ses décisions. Elle est ce par quoi un caractère exprime sa force d’affirmation. Ce qui est volontaire s’oppose à ce qui est involontaire, c’est à dire, ce qui échappe à notre volonté, ce sur quoi nous n’avons pas de contrôle. La volonté suppose donc que le sujet décide par lui-même, librement, d’agir de telle ou telle manière. Par ailleurs, elle se distingue du désir, subi, car la volonté, elle, est active et repose sur un choix. Le désir quant à lui ne suppose pas la mise en œuvre de l’intelligence. Comme l’instinct, il témoigne d’une impulsion spontanée et non pas réfléchie.

Mais dès lors qu’une action est commise volontairement, il semblerait qu’elle soit commise librement, puisqu’elle suppose une délibération au sein du sujet. Ainsi, une action volontaire s’apparente à une action dont on peut être tenu pour responsable. La responsabilité renvoie au fait de répondre de certains de ses actes, d'être garant de quelque chose, d'assumer ses promesses. A bien des égards, parler de manque de volonté est une contradiction dans les termes. En effet, la volonté est le lot de tout individu libre, c’est une faculté propre à l’homme de faire des choix qui n’assume aucune variation quantitative ou qualitative. Comment dès lors pourrait-on manquer d’une faculté propre de l’homme? Affirmer manquer de volonté n’est au fond peut-être qu’un prétexte commode pour cacher notre lacheté. Un manque de volonté qui prend la forme d’une incapacité à choisir semble foncièrement inconcevable et clamer l’absence de volonté, c’est déjà faire un choix. La volonté étant ce qui nous définit, son prétendu manque n’est-il pas bien plus un mensonge à soi-même, une trahison de ce que nous sommes vraiment plutôt qu’une réalité? En clair, comment un manque de volonté est-il possible? Et comment pourrait-on ne pas être responsable de notre volonté? D’autre part, nous avons envisagé la volonté comme une faculté commune à tous de faire des choix librement. Si l’universalité semble en effet se rapporter nécessairement à la volonté, on peut cependant se demander si c’est également le cas de la liberté et donc par extension de la responsabilité. Si la volonté est une simple faculté de choisir alors nous sommes fondamentalement responsables de la tournure qu’elle prend. En revanche, la frontière entre l’instinct, l’inconscient, le désir et la volonté est-elle si imperméable? La volonté est-elle quelque chose d’aussi simple que cela? Car celle-ci renferme aussi l’idée d’une force qui nous pousse à agir au-delà de la représentation consciente des lois qui nous motivent. D’ailleurs, parler de “propre manque de volonté”, n’est-ce pas introduire dans la volonté une cohérence et une unité artificielle du sujet? Cette conception unitaire de la volonté ne nie-t-elle pas au fond ce qu’est la volonté en réalité, c'est-à-dire un complexe agencement de désirs et de pulsions? Or, cette deuxième acception du mot “volonté” remet radicalement en cause la responsabilité qu’on voudrait lui greffer. Car si la volonté ne va ni de pair avec conscience et unité du sujet, on peut alors se demander comment nous pourrions être responsable des formes qu’elle prend et de ses éventuelles fluctuations. Mais en réalité, on entend le plus souvent par manque de volonté un manque de volonté à agir moralement, à se déterminer vers le bien. La question est donc de savoir si notre défaillance à tendre au bien, à faire que notre volonté soit bonne peut nous être imputée. Si déterminer sa volonté vers le bien est quelque chose de facile intellectuellement, si le principe qui doit guider l’action morale est simple et appréhendable par tous, alors, en toute rigueur, nous pouvons qualifier celui qui manque de

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