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La raison peut-elle tout comprendre ?

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Par   •  14 Octobre 2023  •  Dissertation  •  2 804 Mots (12 Pages)  •  158 Vues

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Khôlle de philosophie : La raison peut-elle tout comprendre ?

Introduction

Au Ve, Aristote a fondé son finitisme cosmologique sur des arguments rationnels basés sur ses observations. Mais au XVIe, Bruno écrit De immenso, consacré à la définition logique de l’espace infini, remettant complètement en question la théorie aristotélicienne. S’il est vrai que les instruments d’observation ont entre-temps évolué, ces derniers n’offrent néanmoins pas d’accès à la vue de l’infini.

Cette rupture épistémologique témoigne donc d’un pouvoir extraordinaire de la raison, qui elle seule a pu comprendre le fait que l’horizon est relatif à notre perception. En effet, par-delà les limites perceptives inhérentes à sa condition, l’empêchant ne serait-ce que de se figurer l’infini, Bruno a réussi grâce à des arguments rationnels à prouver l’existence de l’infini.

La raison semble dès lors en mesure de nous faire accéder à la compréhension de la totalité du monde sensible. Cet infini étant parfaitement imperceptible par nos sens, il ne peut être saisi que par la raison, qui semble avoir l’apanage de la compréhension du monde. En effet, si les sens font connaître, la mémoire fait savoir et la raison fait comprendre.  

Mais l’exemple de Bruno souligne un paradoxe : la raison peut nous faire dépasser les limites imposées par nos sens, et nous faire accéder ainsi à l’infini, or du même coup, dès lors que l’on sait que l’univers est infini, la raison semble radicalement impuissante. Face à l’infinité de l’univers, la raison se heurte en effet à la finitude humaine, et semble ainsi incapable de tout comprendre.

Le tout est une notion complexe, qui comprend ici, à l’état actuel de nos connaissances, l’univers, mais peut aussi contenir des notions plus abstraites, telles que l’essence, les principes etc. Nous voyons dès lors qu’il s’agit de connaître tous les objets, mais aussi de connaître ces objets dans leur intégralité pour atteindre leur essence même.  

Prenons par exemples les notions de Bien, de Mal, de vertu, dont la multiplicité de définitions, de conception nous laisse penser que nous n’avons pas compris ce qu’elles étaient en elles-mêmes. La raison n’a su s’abstraire du contexte, de la contingence des situations pour donner une forme définitive à la morale, et comprendre rationnellement ce qu’est le bien. Mais cela veut-il nécessairement dire que notre impuissance ?

Peut-être la raison est-elle sur la voie du progrès, et sera capable un jour de comprendre la totalité des objets, et chacun de ces objets eux-mêmes en totalité, ou bien peut-être que l’homme est condamné à l’impossibilité de s’abstraire de sa dimension corporelle, donc à l’impuissance de comprendre la réalité métaphysique du monde, et le caractère éternel et universel de la réalité phénoménale.

  1. La raison permet à l’homme de comprendre le monde au-delà de la réalité sensible, et donc de tendre vers une compréhension globale du monde, des objets et des notions
  2. Mais disproportion incorrigible entre l’homme et l’infinité, la perfection de ce qui lui est extérieur 🡪 la raison ne peut offrir qu’une compréhension partielle du monde
  3. En réalité, cette faiblesse de la raison qu’aucun progrès ne peut palier peut être complétée par d’autres facultés humaines qui sont elles aussi des clés de compréhension du monde.

La raison comme élément essentiel de compréhension du tout.

  1. La raison est en effet la seule faculté humaine pouvant nous faire accéder à une parcelle de vérité autre que la réalité matérielle immédiate qui s’offre à nous, et donc à dépasser notre dimension corporelle. Dans la philosophie platonicienne, l’homme sait tout, et doit passer sa vie à tenter de se ressouvenir de ce qu’il sait. Il a vu les réalités du monde, l’essence des choses, et doit donc utiliser sa raison pour passer de la connaissance enfouie en lui à la compréhension de la réalité. C’est la forme discursive de la pensée, le logos qui permettent à l’homme d’accéder à ce savoir qui est en lui, indépendamment du degré de connaissances théoriques. La dialectique est d’ailleurs la seule manière pour l’homme de passer du savoir à la compréhension. C’est ce que nous pouvons voir avec le passage de l’esclave dans le Ménon : ce dernier n’a pas joui de l’instruction des sophistes ou de professeurs brillants, mais il comprend, en réfléchissant aux questions de Socrate, comment trouver la moitié d’un carré. C’est donc la raison qui lui donne accès à la compréhension de la géométrie, et cette même raison peut lui faire accéder, par l’exercice dialectique, à des réalités d’autant plus hautes. L’essence d’une chose ne se trouve pas en effet en regardant, en sentant cette chose transitoire, mais bien en raisonnant pour en saisir l’essence
  1. Le logos permet donc de comprendre l’ensemble des réalités du monde sensible et intelligible, y compris des notions abstraites telles que le bien et le mal. Même si l’on ne se place pas dans une conception platonicienne du monde, on peut affirmer que la compréhension des concepts de bien et de mal, qui n’ont rien de sensible, sont intimement liés à l’exercice de la raison. Dans la critique de la raison pratique, Kant montre en effet que c’est grâce à la raison dont découle la loi morale que l’on peut comprendre ce qu’est le vrai bien. Ce concept n’existe pas indépendamment de notre raison, il est le fruit de cette dernière et est donc compréhensible par elle. Tout homme raisonnable est alors apte à comprendre une loi ayant une portée objective et universelle qui se manifeste clairement à notre conscience. Chacun a en effet le sentiment qu’une chose est morale, en ce sens que chacun est guidé par sa raison lui permettant de saisir les concepts de B et de M.
  1. Nous voyons donc que la raison est capable de nous faire accéder à la dimension proprement spirituelle du monde, et de nous abstraire de nos limites corporelles en nous faisant connaître des objets métaphysiques. Ainsi, la raison semble véritablement toute puissante et apte à tout comprendre, jusqu’aux mystères les plus insolubles, comme par exemple Dieu. Dans les Méditations métaphysiques, on peut déjà voir que par la raison, Descartes parvient à saisir le je non pas dans sa réalité matérielle mais dans sa réalité spirituelle. Il atteint la substance de son être et comprend ce qu’il est en tant que chose pensante, au-delà de ce qui apparaît à ses sens. La raison permet donc de saisir un plus haut degré de réalité, et même comprendre la totalité du monde jusqu’à ses origines 1eres. Pour prouver que le monde existe, Descartes doit en effet se lancer dans une démonstration de l’existence de dieu ; il donne donc 3 preuves fondées sur des arguments proprement rationnels. L’une de ces preuves est par exemple la Preuve par l’idée d’infini ou de perfection. Infini en moi : il faut bien qu’un être infini l’ait mis en moi. Être infini = dieu. Comment moi qui suis imparfait pourrais-je avoir une telle idée si un être parfait ne me l’avait pas donnée ? 🡪 d existe nécessairement. La raison semble alors capable de faire de la métaphysique, d’accéder aux principes et à l’essence de l’être, en bref, de tout comprendre.

Or la raison peut également produire des arguments démontrant l’inexistence de Dieu, et donc produire deux conclusions rationnelles, mais contradictoires. La raison pouvant prouver tout et son contraire dans la sphère métaphysque, il semble qu’elle ne puisse déterminer si oui ou non Dieu existe vraiment.

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