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Etude de texte Principe de la connaissance humaine §56 Berkeley

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Par   •  10 Novembre 2023  •  Commentaire de texte  •  2 714 Mots (11 Pages)  •  81 Vues

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TPLE - Commentaire de texte

Berkeley - Principles of Human Knowledge - §56

“Les hommes ont pris conscience qu'ils percevaient diverses idées dont ils n'étaient pas les auteurs, parce que ces idées n'étaient pas causées de l'intérieur et ne dépendaient pas de l'opération de leur volonté. Cela les a conduits à penser que ces idées, ces objets de perception, avaient une existence indépendante de l'esprit et en dehors de lui ; et il ne leur est jamais venu à l'esprit qu'une contradiction était impliquée dans ces mots. Mais les philosophes ont bien vu que les objets immédiats de la perception n'existent pas en dehors de l'esprit, ce qui les a amenés à corriger, jusqu'à un certain point, l'erreur du commun des mortels. Mais ce faisant, ils se sont heurtés à une autre erreur qui semble tout aussi absurde, à savoir que certains objets existent réellement en dehors de l'esprit, qu'ils ont une existence distincte de leur perception, et que nos idées ne sont que des images ou des ressemblances de ces objets, imprimées par les objets sur l'esprit. Cette conception des philosophes a la même origine que l'erreur du commun des mortels : ils se sont aperçus qu'ils n'étaient pas les auteurs de leurs propres sensations, dont ils savaient bien qu'elles étaient imprimées de l'extérieur et qu'elles devaient donc avoir une cause distincte des esprits sur lesquels elles étaient imprimées.”

Le texte que nous allons ici analyser est issu de l'ouvrage A treatise concerning the Principles of Human Knowledge écrit par George Berkeley et publié en 1710. L’extrait est le cinquante-sixième paragraphe, ou section, de l'œuvre, séparé de ses premières phrases. Le texte doit être analysé dans un premier temps à l’aune de son contexte : Berkeley à ici déjà exposé les fondements de sa théorie et cherche maintenant à la consolider. Il va pour se faire répondre à des objections classiques qui pourraient lui être posées, et de ces treize objections, notre texte en est le neuvième. Cependant, il est nécessaire de revenir sur les bases de sa théorie afin de permettre au lecteur de comprendre toute l’amplitude du texte. Pour Berkeley, tout ce que nous connaissons, ce sont les idées. Toute notre réalité se compose de différentes idées, issues pour certaines de la perception, des sens, et pour d’autres, de la mémoire, et de l’imagination. Toutes ces idées sont centralisées en un esprit, qui les met en relation et forme par la suite une réalité. Ainsi, pour Berkeley, il n’y a pas de réalité extérieure dans la mesure ou tout ce que nous connaissons, tout ce qui existe pour nous, ce sont les idées. Or les idées n'existent que dans l’esprit d’un individu. Il faut donc en conclure que l’existence des choses est conditionnée par la perception que nous en avons, et que cette perception n’existe que dans l’esprit. Esse est percipi aut percipere. Ce que nous pensons être extérieur à nous serait en fait qu’un pure produit interne. Et notre texte prend justement la cause de nos idées comme thème central. Berkeley part d’un constat simple : Certaines idées ne semblent pas venir directement de notre esprit, elles ont donc pour origine quelque chose d’extérieur à nous, ici il la matière. C’est donc d’un possible écueil que l’auteur veut éloigner son lecteur. Ce qui apparaît comme évident ne le serait en fait pas vraiment, et il s’agit de comprendre avec précision comment ces erreurs existent, et ce qui les contredit. Pour Berkeley, notre esprit nous “joue un tour” en nous donnant l’impression qu’une idée non-produite par notre esprit vient nécessairement d’un objet matériel extérieur. Ainsi, nous pouvons nous demander comment cet extrait propose une définition renouvelée de la relation sujet-objet qui sort du schéma épistémologique et ontologique classique ? Pour cela, l’auteur commence par offrir une première objection, la plus simple et la plus vulgaire : puisque certaines idées présentes dans mon esprit ne sont pas issues de ma volonté, c’est que ces idées sont extérieures à mon esprit. Cette première erreur, qui fera office de première partie à notre analyse, va donc permettre à l’auteur de mettre en exergue la contradiction de cette thèse et ainsi par la même occasion renforcer la sienne. Puis dans une seconde partie prenant pour point de départ la phrase “Mais ce faisant, ils se sont heurtés à une autre erreur qui semble tout aussi absurde” (L.7), Berkeley présente la solution que certains philosophes ont trouvé à ce premier écueil. Cependant, cette explication s’avère être remplie du même maux que la première : elle suppose l’existence d’une matière indépendante de l’esprit.

Berkeley commence sa cinquante-sixième section et neuvième objection par un constat que pourrait faire un opposant à sa thèse “Les hommes ont pris conscience qu'ils percevaient diverses idées dont ils n'étaient pas les auteurs, parce que ces idées n'étaient pas causées de l'intérieur et ne dépendaient pas de l'opération de leur volonté” (L.1). Dans un premier temps, il convient d’expliquer ce rapprochement entre la perception et l’idée, qui se fait naturellement dans cette phrase mais qui pourtant contient de nombreuses implications. Comment se fait-il que Berkeley puisse dire “qu’ils percevaient diverses idées” ? La perception n’est-elle pas uniquement de l’ordre du sensible ? Je suis en effet capable, grâce à mes sens, de percevoir un cube en bois posé devant moi. Mais quand je me figure l’idée de ce cube en bois dans mon esprit, il ne m’est pas possible de le percevoir, je ne fais qu’y penser. Il faut pour comprendre cela revenir au fondement de la théorie immatérialiste de Berkeley. Déjà il définit les idées comme tout ce qui est donné immédiatement par les sens ou par l’entendement. Dès lors, toutes les idées qui sont en mon esprit sont soit imprimés depuis mes sens (la couleur, la température, le mouvement), soit depuis les observations de mon esprit (réflexion), soit depuis mon imagination et ma mémoire. L’accumulation de ces idées me permet en tant qu’esprit d’en former des plus complexes : en percevant sa couleur, puis sa forme, puis sa chaleur, je peux me figurer le cube en bois. Puisque pour moi le cube n’est qu’une accumulation d’idées perçues, je ne suis jamais en mesure d’affirmer que le cube en bois existe en dehors de moi. Absolument rien ne me permet de dire que le cube en bois existe en dehors de la perception que j’en ai. Ainsi, le cube en bois en-soi n’existe pas, il n’y a que le cube perçu, et donc l’idée

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