Les formes de l’Implantation

Chapitre III : Les formes de l’Implantation

I.- Une aggravation soudaine des affrontements

1. La bataille d’Andrinople (378)

  Durant le IVème siècle, les Huns, un peuple originaire de l’Asie centrale, prit de plus en plus de pouvoir au nord de la mer Noire. Après avoir soumit certains peuples voisins comme les Alains, sa volonté fut de soumettre les Goths, un peuple germanique. La mort du roi Goth et la crainte de cette soumission motivèrent deux groupes de Goths, les Tervinges et les Greuthunges à demander à entrer dans l’empire romain par les rives du Danube en échange de leur soumission aux lois romaines. L’empereur romain Valens y vit une opportunité d’agrandir son armée pour sa future offensive contre les Perses. Il accepta ainsi l’arrivée des Tervinges sur ses terres mais pas celle des Greuthunges (on ne sait pas pourquoi). C’est alors la première fois qu’un groupe barbare ni vaincu ni soumis s’installa sur des terres romaines. Cependant, les Goths, cantonnés au Nord de la Grèce subirent des exactions par les fonctionnaires chargés de leur entretien : leurs enfants furent vendus comme esclaves, leur ravitaillement détourné…Face à cette situation leur chef Fritigern se révolta et la puissante armée « gothique » se mit en place. Elle fut composée des Tervinges, des Greuthunges qui vinrent en renfort, des unités de l’armée romaine de Thrace, majoritairement Goths, et d’autres opprimés de la province. On assista alors à une bataille qui s’avéra être un véritable désastre militaire romain. Valens lui-même ainsi que deux tiers de l’armée romaine tombèrent en une après-midi lors de la bataille d’Andrinople le 9 août 378. Les Goths devinrent ainsi une force centrale dans la vie politique impériale.

2. L’effondrement du limes

  Cette bataille mit fin au mythe de l’invincibilité romaine et les frontières, dites « limes », furent désormais perméables. Après la mort de Théodose en 395 et le partage de l’Empire entre ses fils Honorius et Arcadius le monde romain connut une instabilité politique. Alaric, le chef des Goths en profita pour se révolter. Son armée accomplit un impressionnant périple jusqu’en Grèce qu’elle pilla sévèrement. Pour contrôler la révolte d’Alaric, l’empereur romain d’Orient Arcadius le nomma maître de la milice en Illyrie orientale en 398. Le chef Goth se tourna alors vers l’Occident, l’Italie plus précisément, en 401, où il se heurta aux forces dirigées par Stilicon, le généralissime en chef au service de l’empereur d’Occident qui obligea Alaric à se replier provisoirement en Dalmatie. En 405, un autre chef Goth nommé Radagaise se lança aussi dans la conquête de l’Italie où il fut battu près de Florence et exécuté en 406.

  Pendant ce temps des groupes de Vandales, d’Alains et de Suèves ravagèrent la Gaule puis l’Espagne pendant que l’armée romaine utilisait ses troupes pour vaincre Constantin III qui menaçait l’Italie. Après 408, le pouvoir central comprit qu’il était impossible de rétablir l’ancien « limes » occidental.

3. La prise de Rome (410) et de Carthage (439)

  Avant d’être assassiné en 408, Stilicon fit nommer Alaric maître de la milice en Illyrie occidentale. Le roi Goth exigea alors des subsides pour nourrir ses troupes et fit pression en menaçant de mettre à sac la ville de Rome. Après des négociations l’empereur Honorius finit par refuser de se soumettre au chantage et Alaric envahit Rome. Alaric mourra quelques mois après qu’il eut franchi les murs de Rome et son successeur Athaulf se réconcilia avec l’Empire en 414. Les Goths redevinrent alors des fédérés presque ordinaires.

  Les malheurs s’accumulèrent pour l’Empire avec la prise de Carthage : installés en Espagne les Vandales apprirent les techniques de navigation et rêvaient de s’emparer de l’Afrique, la plus riche et la plus peuplée des provinces de l’Empire d’Occident. Leur roi Genséric débuta alors son offensive en 429 et 10 ans plus tard il prit la capitale : Carthage.

II. - Le temps des fédérés

1. L’expérimentation avec les Goths

  Les Goths et l’Empire romain passèrent différents traités qui redéfinirent la place barbare au sein de l’Empire romain, parmi eux :

- 376 : Les Goths deviennent des fédérés, alliés de Rome.

- 382 : Les Barbares peuvent garder leurs chefs et leur autonomie mais doivent assurer la défense du pays.

- 418 : acte de naissance du premier royaume barbare établi sur les terres impériales, qui prendra le nom plus tard de l’état Wisigoth

2. La généralisation du système

  Après 418, de plus en plus de chefs barbares copièrent les Goths et devinrent des fédérés, c’est-à-dire qu’ils dirigèrent leurs propres troupes et administrèrent les territoires impériaux qu’ils contrôlèrent comme ils le souhaitèrent, tout en témoignant d’une fidélité personnelle envers l’empereur. Par exemple, c’est le cas des Alains, Goths et Huns en Pannonie au début du Ve siècle. Ces fédérés servirent majoritairement l’intérêt romain au départ. Le gouverneur militaire de Gaule, Aetius, plaça des Alains en Armorique en 442 pour écraser des révoltes Bagaudes et pour servir au système défensif de la Gaule.  

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