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Le mythe arthurien, entre rupture et continuité

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Par   •  5 Mars 2024  •  Dissertation  •  3 363 Mots (14 Pages)  •  37 Vues

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Le mythe arthurien, entre rupture et continuité

« La légende du roi Arthur plonge ses racines dans la nuit des temps. Bien qu’attestée depuis un millénaire et demi, elle continue de nous interpeller », atteste l’historien Martin Aurell. Ce mythe médiéval, évoquant les exploits du roi Arthur, de son entourage et la quête mystique du Graal, demeure une source d'inspiration et de fascination pour les générations successives. L'aspect atemporel du mythe arthurien, souligné par Martin Aurell, réside dans sa capacité à dépasser les frontières du temps et de l'espace, captivant les imaginations à travers les âges.

Cependant traversant les siècles, la légende a su se transformer et évoluer, ainsi on comprend l’intérêt de notion de rupture dans ses caractéristiques. On caractérise la rupture comme une brusque interruption, dont à son opposé on rattache la notion de continuité au mythe, étant une persistance sans rupture. On saisit alors le paradoxe de la légende arthurienne qui oscille entre ces deux notions apparemment contradictoires. Cette dualité se manifeste à travers les époques, témoignant à la fois des bouleversements historiques et de la pérennité des récits arthuriens.

Les premières traces de la légende arthurienne remontent au VIe siècle, se développant progressivement jusqu'à culminer au XIIe siècle avec l'œuvre fondatrice de Geoffrey de Monmouth, l'Historia regum Britanniae. Ce récit en latin, relatant les événements historiques majeurs de la Grande-Bretagne, marque le point de départ du mythe arthurien tel que nous le connaissons aujourd'hui. Ainsi, la saga arthurienne s'ancre fermement dans le contexte médiéval de la Grande-Bretagne, une époque marquée par de profonds bouleversements politiques, sociaux et culturels, tel que les invasions des saxons. Cette légende émerge de Grande-Bretagne et s'étend principalement en Europe occidentale, avant de gagner ultérieurement les États-Unis et d'autres régions du monde. Son influence transcende les frontières géographiques, attestant de sa portée universelle et de sa capacité à toucher des publics divers à travers les continents et les siècles.

Le mythe arthurien trouve ses origines dans une période de conflit avec les Saxons, qui menacent et envahissent les Bretons. C'est dans ce contexte que naît le personnage d'Arthur, entouré de rumeurs sur un chevalier qui réussit à vaincre ces ennemis. Au fil du temps, cette histoire prend de l'ampleur et se transforme en un mythe, subissant des modifications, des idéalisations et des embellissements au fil des récits.

Ainsi, nous voyons apparaître un personnage et son ensemble créés dans une période propre, qui cependant évoluent selon les auteurs et le temps. Cette évolution soulève alors la question de la rupture et de la modification du mythe. Pourtant, malgré ces transformations, l'œuvre arthurienne perdure jusqu'à nos jours, témoignant de sa persistance et de sa capacité à traverser les âges.

Ainsi nous pouvons nous demander dans quelle mesure le mythe arthurien peut-il être considéré comme une légende atemporelle, tout en reconnaissant son évolution au fil du temps ? Tout d’abord nous verrons la naissance du mythe arthurien dans la société médiévale du XIIe siècle et son impact. Puis nous nous intéresserons au déclin de la légende au moment de la Renaissance. Enfin nous nous concentrerons sur le renouveau du mythe et sa modernisation depuis le XIXe.

En effet le mythe arthurien s’est réellement formé au XIIe siècle, et a eu un impact sur sa société. Notamment, il a été au service d’une idéologie, et a rendu le portrait d’un roi parfait, dont certains rois vont utiliser pour affirmer leur légitimité. La légende arthurienne expose un intérêt particulier dans le développement d'une certaine idéologie. Au Moyen Âge, les récits arthuriens émergeaient comme des épopées, répondant à l'engouement pour les légendes épiques, telles que celles de la Matière de France, une épopée carolingienne, soit un ensemble de récits et de légendes épiques qui mettent en scène les exploits des héros et des rois francs. La Matière de Bretagne, incarnée par les récits de Geoffroi de Monmouth, Chrétien de Troyes et Sir Thomas Malory, offrait un idéal auquel l'aristocratie médiévale pouvait s'identifier. Ces récits épiques représentaient une lueur d'espoir dans une société marquée par des conflits incessants. Le territoire était alors le théâtre de luttes de pouvoir, de rivalités territoriales et d'invasions étrangères, en particulier des Saxons. Ces récits proposaient ainsi une image idéalisée de la société féodale, où chaque chevalier était un héros et Arthur, le garant d'une féodalité idéale. Ainsi, le mythe arthurien devenait un instrument puissant de contrôle social et de promotion des valeurs aristocratiques. De plus, ce mythe participait également à la société chrétienne, notamment à travers l'œuvre de Geoffroi de Monmouth. Si initialement la Bretagne était attachée au paganisme, les Bretons ne pouvaient oublier qu'ils avaient été dépouillés par les Saxons. En outre, les premiers étaient convertis très anciennement au christianisme et devaient le demeurer longtemps encore par la suite. Ayant été dépossédés par les Saxons, les Bretons avaient l'espoir de chasser ces barbares. Ainsi, les croyances populaires ont donné naissance à un mythe, celui du retour d'Arthur, celui qui, selon les légendes, avait infligé aux Saxons une succession de défaites. Les Bretons étaient attachés à cette image de l'idéal sauveur que représentait le mythe arthurien, et l'Église l'instrumentalisait en faisant de lui l'objet d'un messianisme, croyant que par la foi, il sauverait le peuple de ses ennemis.

Le mythe arthurien a servi d'outil puissant pour promouvoir certaines idéologies politiques et sociales. Il a été utilisé pour véhiculer des valeurs telles que la loyauté, le courage et la justice, encourageant ainsi les chevaliers et les seigneurs à se comporter selon les normes de la chevalerie. De plus, la quête du Graal, l'un des éléments les plus célèbres du mythe arthurien, a souvent été interprétée comme une métaphore de la quête spirituelle, renforçant ainsi les valeurs religieuses et morales de l'époque.

De même, le roi Arthur est souvent utilisé comme un personnage hagiographique, c'est-à-dire qu'il est présenté comme un modèle idéal de roi et de chevalier, loué et idéalisé dans les récits. La glorification d'Arthur repose sur sa capacité à incarner les valeurs nobles et les idéaux chevaleresques de son époque. En effet, pour les Bretons, la période de succès et de prospérité était étroitement associée à l'action d'un chef prestigieux tel qu'Arthur. Pour eux, Arthur était non seulement un souverain juste mais également il était devenu un héros inégalé, un symbole de courage et de résistance face aux envahisseurs saxons. Dans la littérature et dans les croyances populaires, Arthur est souvent décrit comme un roi équitable, veillant au bien-être de son peuple en rendant des jugements justes et en garantissant la protection de ses sujets contre les menaces extérieures. Sa bravoure sur le champ de bataille est légendaire, et son courage inspire ses chevaliers à se comporter avec honneur. Il est reconnu comme chef militaire, défendant farouchement son royaume contre les attaques ennemies. Mais l'image d'Arthur ne se limite pas à celle d'un roi guerrier. Il est également loué pour sa piété et son engagement envers l'Église, défendant la foi chrétienne contre les adversaires, qu'ils soient extérieurs ou intérieurs. Cette dimension religieuse renforce encore davantage son aura de souverain juste et pieux, faisant de lui un modèle de vertu et de dévotion pour ses sujets et pour les générations futures.

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