Le pouvoir impérial et l’idéologie augustéenne
Dissertation : Le pouvoir impérial et l’idéologie augustéenne. Recherche parmi 303 000+ dissertationsPar Axel G • 8 Décembre 2025 • Dissertation • 4 116 Mots (17 Pages) • 28 Vues
Le pouvoir impérial et l’idéologie augustéenne
RGDA (extraits)
Les Res gestae sont un résumé par Auguste de son action. Le texte avait été gravé en 14 apr. J.-C., à sa mort, sur deux tables de bronze placées devant son mausolée. Il fut aussi diffusé dans tout l’Empire, et nous est connu grâce à trois copies trouvées dans l’ancienne province de Galatie : la mieux conservée, qui propose un texte bilingue (grec et latin), fut trouvée à Ancyre (Ankara) ; les deux autres furent trouvées plus tard à Apollonie de Pisidie et à Antioche de Pisidie.
Dans ce texte, Auguste justifie son action publique et son élévation à la tête de la res publica, en même temps qu’il propose un modèle de conduite à suivre pour ses successeurs.
Les extraits ici présentés se divisent en trois parties : énumération des charges et honneurs reçus et refusés par Auguste ; dépenses consenties par Auguste en faveur de ses concitoyens ; accomplissements militaires d’Auguste. Auguste termine en précisant qu’il a agi dans le respect d cadre légal de la res publica et qu’il l’emporta sur tous seulement par son auctoritas.
Problématique : Comment Auguste justifie-t-il sa position prééminente à la tête de la res publica ?
Comment Auguste présente-t-il sa prise de pouvoir comme une restauration de la res publica ?
Comment Auguste met-il en scène le prestige militaire/la réussite militaire dans une optique plus ample de restauration de la res publica ? [Perso]
- La restauration de la res publica
- Le rétablissement de la paix civile
Auguste détient une autorité morale incontestée du fait qu’il apparaît comme celui qui a mis fin aux guerres civiles, ramené la paix et rétabli le bon fonctionnement des institutions.
Cf. RDGA, 34.1 : « Pendant mon sixième (28 av. J.-C.) et mon septième (27 av. J.-C.) consulats, après avoir éteint les guerres civiles, étant en possession du pouvoir absolu avec le consentement universel, je transférai la république de mon pouvoir dans la libre disposition du Sénat et du Peuple romain »
- la flotte d’Octavien remporta en 31 à Actium une victoire décisive contre celle d’Antoine et de Cléopâtre, qui se suicidèrent l’année suivante.
Après la mort d’Antoine, Octavien n’avait désormais plus de rival à sa mesure sur la scène politique romaine. À son retour à Rome, en 29, le Sénat décréta la fermeture des portes du temple de Janus, pour célébrer la fin des guerres civiles et le rétablissement de la paix :
- d’après Suétone, c’était seulement la troisième fois depuis l’époque royale que les portes du temple de Janus étaient fermées.
En août 29, il célébra pendant trois jours un triomphe célébrant les victoires obtenues contre les Illyriens et l’Égypte.
La fin des guerres imposait le retour à la « normalité », d’autant que les pouvoirs qu’Auguste détenait en tant que triumvir ne se justifiaient désormais plus.
- en 29, il restaura la dignité du Sénat en écartant ses membres les moins dignes, qui l’avaient intégré au cours de la période triumvirale
- une autre révision de la liste sénatoriale, en 18, ramena le nombre de sénateurs à 600.
En 28, furent émises des monnaies d’or qui célébraient la restitution au Peuple romain de ses lois et de ses droits.
Octavien restaura l’élection des magistrats par les comices, rendit au Sénat et au Peuple le contrôle du trésor, fit annuler toutes les mesures illégales prises pendant le triumvirat.
Lors des séances du Sénat de janvier 27, il abandonna tous les pouvoirs extraordinaires qu’il exerçait encore, rendant au Sénat et au Peuple romain le gouvernement des provinces.
Le retour de la paix et de la prospérité fut célébré notamment lors des Jeux séculaires, organisés en 17
En 13, fut décidée la construction de l’Ara Pacis, l’Autel de la Paix.
- la paix finit par être assimilée à une divinité, Pax, souvent qualifiée d’Auguste, car elle était désormais garantie par le prince.
- Le respect de la tradition républicaine : le refus de nouveaux pouvoirs
Auguste rappelle à plusieurs reprises qu’il a lui-même refusé tout pouvoir qui ne s’inscrivait pas dans la tradition républicaine :
- cf. RGDA, 6.1 : « je n’ai accepté aucune magistrature qui me fût conférée à l’encontre de la coutume ancestrale ».
Cf. RGDA, 5.1 : « La dictature qui me fut conférée par le Peuple et par le Sénat, en mon absence et en ma présence, sous les consuls Marcus Marcellus et Lucius Arruntius (22 av. J.-C.), je ne l’ai pas acceptée ».
- à la fin de l’hiver 23/22 av. J.-C., une importante crue du Tibre cause le pourrissement des stocks de grain, d’où une hausse des prix du blé, qui provoque des émeutes frumentaires.
- la plèbe réclama qu’Auguste reçoive la dictature pour assurer l’approvisionnement de la Ville.
- Auguste refusa : la dictature avait en effet été abolie en 44 av. J.-C. par le Sénat, après la mort de César.
- la dictature était une charge extraordinaire, traditionnellement confiée pendant six mois à un homme, assisté d’un maître de cavalerie, en des circonstances exceptionnelles, pour qu’il accomplisse une mission précise, par exemple pour répondre à un danger militaire.
- la dictature était tombée en désuétude après la 2e guerre punique (218-202), mais avait été revêtue par Sylla après qu’il eut vaincu ses adversaires lors de la guerre civile de 83-82.
- Sylla reçut alors des pouvoirs exorbitants : il fut chargé « d’écrire des lois et donner des fondements à la res publica ». Sylla entreprit plusieurs réformes pour restaurer l’autorité du Sénat, mais sa prise de pouvoir violente et les proscriptions laissèrent de lui le souvenir d’un homme cruel et tyrannique, écornant aussi l’image de cette charge.
Pourtant, ce fut plus tard la dictature que choisit César pour exercer le pouvoir qu’il avait à son tour acquis à l’issue de la guerre civile de 49-45.
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