Commentaire iconographique / Le canard enchainé / Journal satirique

« Le gouvernement a perdu le contrôle de ses facultés. »  

Le Canard enchaîné, manchette de l’hebdomadaire satirique, 8 mai 1968

    En mai 1968, des mouvements sont lancés par des étudiants, ces mouvements qui vont au fil des jours se transformer, avec la grève générale du 13 mai 1968, en une révolte sociale.

Nous allons aujourd’hui’ traiter deux Affiches de mai 1968. Ces affiches sont conçues à l’Atelier populaire par des étudiants et des professeurs des Beaux-Arts à Paris, mais elles sont publiées anonymement. Les Beaux-Arts est une école d’art française fondé en 1817.

Cela fait maintenant dix ans que le Charles de Gaulle est à la tête du pays mais les jeunes s’opposent aux idéologies gaullistes et cette jeunesse est sans cesse en quête d’émancipation.

Les manifestations du mois de mars 1968 entraine la fermeture de la faculté de Nanterre le 2 mai 1968, cette fermeture donnera suite à de nombreuses agitations et altercations avec les forces de l’ordre. En effet, les étudiants se mobilisent dès le lendemain de la fermeture à la Sorbonne, où ils tiennent un meeting mais ils sont très vite évacués par les forces de l’ordre; la tension monte. De nombreuses arrestations des étudiants ont lieu. La semaine suivante, le mouvement prend l’ampleur et une fois la nuit tombée, les violences entre CRS et manifestants atteignent leur paroxysme. La nuit du 10 au 11 mai 1968 marque les esprits, c’est la « nuit des barricades », marqué par une violence sans limite; le Quartier Latin est méconnaissable au matin. La France n’est toujours pas à l’abri des manifestations car le 13 mai se rejoint à ce mouvement une grève, une grève générale mené par les ouvriers qui se joignent aux étudiants. Ces derniers demandent quant à eux une augmentation de salaire mais aussi une amélioration des conditions de travail.

Difficile pour les contestataires de se faire entendre par le peuple à travers les médias, malgré les progrès de la technologie. Les médias sont accusés par de nombreux citoyens d’être corrompu par le gouvernement, les étudiants réclament une totale liberté d’expression.

Les affiches de mai 68 ont pour objectif de sensibiliser la société en dénonçant toutes leurs revendications, c’est pourquoi des centaines d’affiches sont alors placardé dans les rues. Elles sont conçues dans des conditions unique et exceptionnel; l’école des Beaux-Arts de Paris se transforme en atelier populaire.

Malgré la nationalisation de la radio et de la télévision en 1945, beaucoup de personnes accusent le gouvernement de corruption, alors nous nous demanderons quel est le rôle des médias entre l’opinion publique et le pouvoir ?

Pour répondre à cette question nous nous intéresserons dans un premier temps à l’utilisation des médias par le gouvernement puis dans un second temps nous porterons notre attention à la lutte des contestataires.

    Le gouvernement a entre ses mains, à cette époque un contrôle absolu de l’information. Alors que la radio et la télévision ont été nationalisé il y a plus de 10 ans, leur autonomie n’est pas totalement établie. Le gouvernement, notamment le ministre de l’information sous la demande de ses supérieures choisis et désigne le programme de diffusion d’information chaque jour. Les dires et les faits sont choisis et programmés. L’ORTF, jugé comme « la Voix de la France » par le président et son premier ministre. À son origine RTF, radiodiffusion française créée en 1945 se transforme alors en ORTF qui signifie Office de radiodiffusion-télévision française sous la loi du 27 juin 1964. En mai 1968, la neutralité de l’ORTF est remis en cause. Comme le montre les affiches a l’appui, de manière caricaturale est représenté un CRS devant un micro qui a les initiales de l’ORTF. Le CRS est reconnaissable grâce a son casque et l’arme qui tient en arrière plan. Avec l’utilisation de la technique de la  sérigraphie, les auteurs de cette affiche inscrivent en majuscule « LA POLICE VOUS PARLE tous les soirs à 20h ».  Ainsi, la parole est uniquement donné de manière « nationale » et publique aux forces de l’ordre qui représentent le gouvernement.

    L’affiche représentant un le corps humain en plusieurs sections montre à son tour le contrôle de l’état sur les médias. En effet, la croix de Lorraine est le symbole de la résistance choisi par la le Général de Gaulle est placé à la place des yeux, ce qui soulève encore une fois le contrôle de l’état au sein des médias.

Lors des diffusions de l’Assemblé Nationale à la télévision, le son pouvait être coupé. En effet le président de l’Assemblé Nationale avait le contrôle du son, il utilisait le « bouton de censure ». Notamment lors de la prise de parole d’un opposant, il coupé le son de la diffusion pour la télévision.

Ayant uniquement et majoritairement le point de vue du gouvernement, il est difficile de faire entendre les revendications des contestataires à toute la France. Vint alors l’idée de passé par les images. L’image étant une des plus grandes peur du gouvernement, ils ne sont pas en mesure de pouvoir limiter et d’interdire la diffusion de images, multipliées à cette période.

   Face à ce contrôle extrême des médias, les manifestants décident alors de dénoncer ce contrôle à la société par les affiches.

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