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Commentaire de texte sur l'éducation idéale, Rabelais.

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Par   •  7 Janvier 2019  •  Commentaire de texte  •  3 702 Mots (15 Pages)  •  906 Vues

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« Le masque de la folie n'est qu'un moyen dont Rabelais a usé pour lancer à travers le monde les vérités et les négations qu'il lui était impossible de faire entendre autrement ». Telle est l'analyse de Lucien Febvre, dans son livre Le problème de l'incroyance au XVIe siècle – La religion de Rabelais, concernant le fait que Rabelais était considéré comme un incroyant et devait avoir recours à des subterfuges tels que se cacher derrière ses romans avec des personnages atypiques et dénonciateurs ou utiliser un pseudonyme comme Alcofibras Nasier.

Rabelais est né en 1483 ou en 1494. La date précise divise toujours les historiens à l'heure actuelle, tout comme les débuts de sa vie qui restent assez mystérieux, jusqu'en 1510 où les sources convergent pour dire qu'il a été confié aux moines d'un couvent cordelier du parti des Franciscains. Les Franciscains appartiennent à un ordre mendiant missionnaire fondé par Saint-François d'Assisse au XIIIème siècle. Ce ne sont pas des moines cloîtrés : ils sont actifs et contemplatifs. Une dizaine d'années plus tard, vers 1520, il est ordonné moine. Cette profession lui permet l'étude approfondie du latin et du grec. En 1523, la Sorbonne, collège de théologiens qui doit son nom à Robert de Sorbon, le confesseur de Louis IX, est inquiétée des interprétations personnelles que les érudits font du Nouveau-Testament à cause de l'étude du grec. Celui-ci est donc interdit. Rabelais quitte alors les Franciscains pour les Bénédictins, qui suivent la règle monastique de Saint-Benoît qui est « Ora et Labora », littéralement travailler et prier à la gloire de Dieu, qui sont plus ouverts et laissent alors prospérer l'étude du grec. En 1532, il publie Pantagruel, sous son pseudonyme car il risquait des problèmes avec les autorités ecclésiastiques à cause de sa critique constante de l'Église. Ce dernier rencontra tout de même un vif succès auprès du public.

L'entrée dans le siècle de Rabelais est connue pour ses profonds changements autant culturels que politiques. En effet, les siècles précédents sont marqués par la Renaissance qui permet l'essor d'un mouvement de pensée complètement nouveau : l'Humanisme. Ce mouvement place l'Homme au centre de toutes les réflexions, se consolidant principalement grâce aux textes de l'Antiquité et des philosophes d'alors. En 1453, l'imprimerie va permettre une diffusion énorme de ces textes et idées antiques sur lesquels s'appuiera Érasme quand il publia l'Éloge de la folie en 1511. Cette déclamation satirique avait pour but la critique des hautes instances du Clergé mais aussi de la haute société en général. Elle sera le support principal qui fera naître la Réforme protestante.

En même temps, l'Europe « découvre » le Nouveau-Monde avec Christophe Colomb en 1492 et en France, François 1er est sacré Roi en 1515. Ces deux événements vont avoir un impact sur le plan européen : des guerres vont éclater, principalement avec Charles Quint dont François 1er est le principal rival mais aussi avec l'Italie dans le cadre d'une politique expansionniste. S'en suivront victoires, comme la bataille de Marignan en 1515 mais aussi de lourdes défaites, comme celle de la bataille de Pavie où le Roi est fait kidnapper mais sera libéré avec la signature du traité de Madrid en 1526.

C'est donc pourquoi la Suprématie Monarchique et la centralisation seront renforcées. François 1er profite du climat d'érudition pour se positionner comme le mécène de le Renaissance française en protégeant artistes, lettrés ou encore érudits de son royaume. La philologie, l'étude des langues anciennes connaît un immense essor et les lettrés étudient et traduisent la Bible pour qu'elle puisse être popularisée car sa lecture était alors un privilège réservé aux membres de l'Église. Celle-ci ayant été rendue courante, la Sorbonne panique et François 1er, « Roi Très-Chrétien », laisse alors le Parlement et la Sorbonne décider du sort des « hérétiques ». Leur sentence tombera d'ailleurs sur un humaniste du nom d'Étienne Dolet, libre penseur et ami de Rabelais, qui finira brûlé sur un bûcher. C'est donc dans un contexte culturel en pleine expansion et dans un climat de tensions politiques et religieux que s'inscrit Pantagruel, que Rabelais caractérise de récit d'aventures guerrières et de formation intellectuelle.

Dans cet extrait de livre, Rabelais partage sa vision de « l'éducation idéale »  de 1523. Plus précisément, il la partage dans une lettre d'un père à son fils. Les enjeux de cette lettre sont donc très importants car l'époque est avant-gardiste : l'éducation scolastique n'est plus compatible avec ce siècle novateur car elle consiste simplement à réciter sans réfléchir et remet donc tout le système éducatif, le seul connu jusqu'à aujourd'hui, complètement en cause. Gargantua souhaite une éducation spécifique pour son fils, celle qu'il considère comme « parfaite ».

Comment Gargantua va-t-il remettre en cause l'éducation qu'il a reçue pour parfaire celle de son fils Pantagruel à cette époque audacieuse ?

À peine un siècle s'est écoulé entre l'enfance de Gargantua et de Pantagruel et des différences pourtant flagrantes sont déjà apparues en terme d'éducation. Le père veut une éducation à la fois littéraire et scientifique pour son fils mais aussi religieuse. Ses demandes ne sont pas seulement autoritaires, elle sont aussi porteuses de messages humanistes et religieux.

   L'éducation est un souci qui accable chaque parent, mais les temps changent constamment et les pré-requis ne sont plus les mêmes d'une génération à l'autre. Malgré tout, il reste toujours des points communs entre ces variables. « Des arts libéraux, géométrie, arithmétique et musique, je t'en donnai quelque goût quand tu étais encore petit » (l.21), les arts libéraux sont les arts dans lesquels l'ouvrage intellectuel est dominant et Gargantua montre donc qu'il a suscité très tôt l'envie du travail intellectuel à son fils. Il écrit aussi à propos des langues des lignes 16 à 19 « la grecque [..], la latine, et puis l'hébraïque […] la chaldaïque et arabique pareillement ». Il est fort probable que Gargantua les aient aussi étudiées pour en parler de manière si savante, de décrire à quelles lectures elles servent mais aussi de conseiller, dans ces mêmes lignes, les auteurs antiques tels que « Platon » ou encore « Cicéron » (l.19). Rabelais parle donc d'auteurs qui ont été (re)connus avec la Renaissance et les tenants principaux du mouvement humaniste, dont il est fervent partisan.

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