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La maîtrise des voies de communication

Étude de cas : La maîtrise des voies de communication. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Octobre 2021  •  Étude de cas  •  2 254 Mots (10 Pages)  •  658 Vues

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Camille Proust 1G4

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ANALYSE CRITIQUE DE DOCUMENT HGGSP

La maîtrise des voies de communication : une forme indirecte de puissance

        D’après le géographe Gérard Dorel, une puissance peut se définir par l’exemple d’« un État qui dans le monde se distingue non seulement par son poids territorial, démographique et économique mais aussi par les moyens dont il dispose pour s’assurer d’une influence durable sur toute la planète en termes économiques, culturels et diplomatiques ». Pour s’assurer le nom de puissance, certains États mettent en place des projets afin à développer leur capacité d’influence sur la scène internationale ; comme par exemple la Chine qui entreprend depuis 2013, un projet stratégique visant à relier économiquement la Chine et l’Europe en intégrant des espaces d’Asie centrale par un vaste réseau de corridors routiers, ferroviaires et maritimes. Ce projet du nom des « nouvelles routes de la soie », aussi appelé « One Belt, One Road », est notamment présenté par l’actuel président de la République populaire de Chine Xi Jinping, en fonction depuis 2013, lors d’un discours public en mai 2017. Lors de son discours, qu’il entreprend donc au cours au cours de son premier mandat, juste avant sa réélection en 2018, il présente les objectifs de ce grand projet chinois, qu’il avait lui-même lancer en 2013, dans une période où la Chine était une grande puissance commerciale rivale des États-Unis. Ce projet avait donc permis de de rompre avec la discrétion de la Chine sur la scène internationale et est donc, au fil des années, devenu de plus en plus important pour la Chine car il représente désormais un réel instrument de renouveau de la puissance chinoise. En effet, cette grande puissance s’est retrouvée affaiblie et humiliée à partir du milieu du XIXe siècle face à l’impérialisme européen, à une guerre civile de 1927 à 1941, ainsi qu’à l’impérialisme japonais des années 30 jusqu’en 1945. C’est donc depuis la proclamation de la République Populaire de Chine en octobre 1949, par Mao Zedong, que l’ambition principale de la Chine est de reconstruire sa puissance politique et économique, comme il l’indique dans son discours « Plus jamais les Chinois ne seront un peuple d’esclaves ». C’est donc dans un discours marqué par des valeurs de cohésions, d’entraides et de bénéfices communs, que Xi Jinping appuie également sur le dynamisme et la modernité que représente de ce projet. « Les nouvelles routes de la Soie » sont alors connus dans le monde et des artistes comme Chappatte prennent le projet pour cible dans leur caricature. En effet, dans un de ses dessins de presse publié dans le quotidien suisse « Le temps » le 29 avril 2019, le dessinateur met en scène Xi Jinping entrain de convaincre un investisseur suisse, en lien avec l’accord de libre-échange de 2014 entre la Suisse et la Chine ; sur les bénéfices communs et la notion de partage que représente son projet. Tandis que les deux hommes marchent le long d’un tapis rouge entrain d’être déroulé, symbole de la construction actuelle des nouvelles routes de la soie ; deux personnages symbolisant la communauté ouighours, se font écraser par l’installation de ce même tapis. Alors que l’investisseur suisse semble conquis par les paroles du Président chinois, représenté par un personnage imposant plein d’assurance, la réalité du peuple ouighours semble elle, totalement invisible et inexistante à leurs yeux. Cette caricature, réalisé le 29 avril 2019 cherche en effet à dénoncer la situation critique d’une politique répressive et même d’un génocide culturel à l’égard de la communauté ouighours, qui se déroule depuis le début des années 2010, mais qui se fait connaître depuis quelques années seulement, par le reste du monde. Nous allons donc nous demander, à l’aide de ces deux supports, quels sont les atouts et les failles du projet chinois des nouvelles routes de la soie. Après s’être intéresser à cet outil qui permet d’augmenter la puissance internationale chinoise, grâce à une stratégie de coopération, des atouts économiques et politiques et un dynamisme renforçant l’influence ; nous nous intéresserons aux limites de ce projet qui permettent de nuancer le Soft Power Chinois avec des bénéfices prioritaires à la population et un impact écologique inquiétant.

        Le projet des nouvelles routes de la Soie est donc en effet très important pour la Chine car il s’inscrit dans la suite de l’ouverture à la mondialisation et du développement économique de la puissance entamée à la fin des années 1970 par le président Deng Xiaoping. Ce projet reflète un réel outil qui permettrait à la Chine de se placer parmi les principales puissances de rang international et ainsi de prendre une revanche sur le passé.

        Nous savons que les nouvelles routes de la soie sont basées sur une stratégie de coopération entre la Chine et ses partenaires comme l’évoque le président Xi Jinping au cours de son discours : « coopération gagnant-gagnant », « nous espérons créer une grande famille ». En effet, c’est grâce au principe d’alliance que le projet va pouvoir s’étendre démographiquement et accroître sa puissance territoriale. Pour cause, le projet repose sur une vaste extension géographique, car il concerne plus de 68 pays regroupant 4,4 milliards d’habitants et représentant près de 40% du produit intérieur brut mondial. La création de plusieurs corridors a consenti au développement du projet, comme par exemple des corridors terrestres tels que le corridor reliant la Chine, la Mongolie et la Russie, ou encore un corridor cette fois maritime qui longe les côtes d’Asie du sud-est, de l’Inde en direction du Moyen-Orient, jusqu’au Golf du Persique, qui remonte la Mer rouge pour atteindre la Mer Méditerranée jusqu’au Pirée et Venise. C’est donc grâce au développement de voies de communication que la Chine étend démographiquement sa puissance et étend son aire d’influence au-delà de ses frontières. Cette maîtrise des réseaux sur l’organisation et le contrôle des territoires permettent donc l’affirmation de la puissance chinoise sur la scène internationale et renforce son influence sur son voisinage.

        Le projet ne permet pas uniquement de favoriser la puissance chinoise au niveau du facteur démographique, puisque comme l’indique le Président chinois dans son discours, des atouts économiques et politiques sont également en jeu : « augmenter les échanges et les investissements ». En effet, les objectifs économiques sont multiples pour la Chine, qui cherche tout d’abord à accroitre ses exportations, écouler sa production, trouver de nouveaux marchés, mais également diversifier et sécuriser ses approvisionnements énergétiques qui permettrait de la libérer de sa dépendance énergétique actuelle vis-à-vis des pays de Golf et de la Russie. L’aspect politique n’est pas à négligé puisqu’il représente aussi plusieurs objectifs autant à l’intérieur du pays qu’à l’international. Sur le plan interne, la Chine souhaite assurer l’intégrité de son territoire, notamment par rapport aux conflits ethniques qui agitent régulièrement la province de Xinjiang, très riches en matières premières et situé au carrefour des routes d’hydrocarbures. La Chine souhaite également réduire l’instabilité aux frontières et à l’intérieur du pays en passant par le développement des pays limitrophes comme l’Afghanistan, le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizstan. Du point de vue extérieur, la puissance chinoise souhaite étendre son influence notamment face aux russes, mais aussi s’affirmer comme un acteur stabilisateur des relations internationales.

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