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Discours de Manuel Azaña : "Paz, piedad, perdon" devant la mairie de Barcelone,

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Par   •  2 Mai 2022  •  Commentaire de texte  •  5 203 Mots (21 Pages)  •  300 Vues

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Discours de Manuel Azaña devant la mairie de Barcelone,

le 18 juillet 1938

Introduction :

        « Quel goût aura l’avenir ? […] Jamais personne n’a su ou n’a pu prédire ce qui se prépare avec une guerre », voila de quelle manière Manuel Azaña aborde la conclusion du discours du 18 juillet 1938, où il tente d’entrevoir quelles peuvent être les solutions pour l’avenir concernant la guerre d’Espagne, tout en précisant que personne ne peut être sûr de ces conséquences et que toujours, il faut user d’esprit critique. Le discours dont est extrait notre texte est celui-ci, prononcé par Manuel Azaña, le 18 juillet 1938, à l’occasion du deuxième anniversaire de la guerre civile espagnole (1936-1939) devant la mairie de Barcelone. Il s’agit du dernier discours publique de Manuel Azaña, dernier président de la Seconde République espagnole, ce qui donne à ce texte une forte importance à la fois historique et symbolique.

        Manuel Azaña est un homme politique d’importance en Espagne, très influent dans les années 1930. C’est un homme de gauche qui a pour ambition d’imposer une république réformatrice et sécularisée, fondée sur le suffrage universel. Il est d’abord président du gouvernement provisoire de 1931, puis après les élections devient chef du gouvernement. Son mandat, de 1931 à 1933, est marqué par un rythme soutenu de réformes fortes, parmi lesquelles des réformes militaires (diminution du nombre d’officiers), agraires (redistribution d’une partie des latifundia), séculières (fin de rémunération du clergé), etc. Ces réformes, notamment la diminution du nombre d’officiers dans l’armée et l’amorce de sécularisation, mécontentent fortement les populations de droite, qui lorsqu’elle parviennent au pouvoir en 1934, désamorce totalement ce mouvement. Lors de la victoire du Front Populaire en 1936, Azaña est de nouveau porté au pouvoir après la destitution de Niceto Alcalá-Zamora, qu’il remplace en tant que président de la République, ce qui lui confère une place de forte importance symbolique, mais avec un pouvoir effectif assez faible. Il nomme Quiroga comme chef du gouvernement, à qui l’on attribue un manque de fermeté. Les grèves ouvrières d’avril, mai et juin montent l’antagonisme de la société espagnole à son paroxysme. Le 18 juillet, les généraux espagnols se révoltent. C’est le début d’un conflit civil qui dure presque trois ans.

        L’été 1938 voit se continuer la guerre civile en Espagne, qui fait rage depuis deux ans. Les franquistes sont à ce moment concentrés sur les régions de Valence et Barcelone, quand les républicains entament la contre-offensive de l’Èbre. En Europe, le tensions montent d’un cran également, à cause notamment de l’Anschlüss (mars 1938), et le camp républicain s’inquiète d’une internationalisation de la guerre d’Espagne à cette occasion, ce qui entraîne un appel à la paix et à la raison de la part des républicains modérés.

        Ce discours, qui est le dernier discours publique prononcé par Azaña, est donc avant tout un appel au calme et à la raison. Il est appelé dans l’historiographie espagnole Paz, piedad y perdón, qui sont les mots qui concluent le discours. Azaña à ce moment de la guerre sait qu’elle est perdue ou presque pour le camp républicain. Il cherche alors à amorcer l’idée de la future paix en Espagne. Au sein des républicains, il appartient au partido de la paz (parti de la paix). Azaña est persuadé que la guerre ne peut pas durer et surtout ne peut pas se conclure par une victoire républicaine. Il cherche alors à faire germer dans les esprits la possibilité d’une paix avec les franquistes, afin d’une part de limiter les maux de la guerre (pertes humaines et matérielles), et d’autre part de se pencher sur la reconstruction de l’Espagne et le futur de la nation espagnole. L’enregistrement de Manuel Azaña à l’occasion de ce discours existe encore, et il dure plus de soixante-dix minutes, ce qui en fait un discours conséquent. Notre extrait provient du début du discours du 18 juillet 1938, juste après les quelques mots d’introduction, et prend environ la place d’un quinzième du discours total. Dans cet extrait, Azaña nous parle de l’importance d’avoir une opinion puis nous montre que le premier aspect du problème espagnol est sa dimension internationale.

        Au vu de ce nous venons de voir, nous nous demanderons de quelle manière Manuel Azaña, au début de la guerre opposé à toute entente avec les franquistes, change ouvertement d’idée quant à la continuité de la guerre, tout en pointant du doigt ce qu’il considère comme étant le principal problème de la guerre d’Espagne, c’est-à-dire l’interventionnisme d’états extérieurs.

        Nous verrons dans une première partie de quelle manière Azaña place au centre de son argumentaire l’importance de l’opinion. Nous analyserons dans une deuxième partie que la volonté d’Azaña, au 18 juillet 1938, pour l’Espagne, est avant tout la réconciliation. Enfin nous remettrons en question le problème de l’internationalisation du conflit en Espagne.

I. L’opinion, objet de démocratie ?

        Ce qui est frappant à la première lecture de ce discours, c’est l’importance de l’utilisation de la première personne du singulier. On peut alors se demander dans quels buts Azaña, ayant écrit plusieurs livres et possédant une longue expérience des discours politiques, connaissant parfaitement la langue espagnole, fait cette utilisation.

A. Le débat : outil d’opinion

        Manuel Azaña dans notre extrait défend l’importance du débat d’opinion, il dit aux lignes 22 et 23 « Malgré la guerre, chacun garde le droit d’exprimer publiquement son jugement ». En effet, pour notre orateur, la République ne peut exister que dans la confrontation des opinions, et, même en période de guerre, celle-ci s’avère capitale en ce qu’elle donne une légitimité au pouvoir politique et montre qu’il ne s’agit pas d’un régime autoritaire. Chacun se trouve donc être libre d’aborder tous les sujets, excepté ceux avec lesquelles « on pourrait perturber sciemment ce qui est du domaine exclusif des opérations de défense ». Autrement dit, tant que l’opinion n’est pas dangereuse pour le maintien de la République, c’est-à-dire l’état de droit en Espagne, on conserve le droit de s’exprimer. Comme chacun peut exprimer son opinion, Azaña par ce discours ne fait qu’émettre la sienne, et son auditorat peut donc se sentir libre d’adhérer à ses propos ou non.

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