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Une ordonnance de Philippe III organisant une éventuelle régence avant le retour de Terre Sainte (octobre 1270)

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Par   •  7 Juin 2022  •  Commentaire de texte  •  2 438 Mots (10 Pages)  •  328 Vues

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Boulanger                                                                                09/05/2022

Louis

        

Initiation à l’explication de texte en histoire médiévale

Une ordonnance de Philippe III organisant une éventuelle régence avant le retour de Terre Sainte (octobre 1270)

Le temps de saint Louis a vite été perçu comme un âge d’or parce qu’il fut celui d’un roi exceptionnel, réputé donner à chacun son droit et soucieux de borner l’action de ses agents. Louis IX (1214-1270) a su concilier expansion de l’ordre royal et contrôle de celle-ci. Son fils Philippe III va poursuivre les volontés de son père en agissant sur ce modèle. Le document qui nous est présenté est une ordonnance envoyée par le roi Philippe III au Royaume de France en octobre 1270. Une ordonnance est « le nom donné aux actes législatifs du roi comportant des dispositions permanentes et englobant plusieurs matières […] Les ordonnances furent le grand instrument législatif des rois de France ». (Dictionnaire Mourre).

Philippe III, dit « Le Hardi », est le fils de Louis IX et lui succède après sa mort en 1270. En effet, après avoir engagé une deuxième croisade contre les Maures en 1267, le roi meurt du scorbut à Carthage. Philippe III, ayant comme parents Louis IX et Marguerite de Provence, succède à son père à l’âge de 25 ans et est proclamé Roi de France devant les murailles de la ville. Il organise le retour du corps de son père et de l’armée en France, laissant son oncle Charles d’Anjou continuer de traiter avec l’émir de Tunis. Le retour de la croisade s’effectue en 1271, où il prend connaissance de la mort quelques mois plus tôt de son épouse Isabelle d’Aragon, avec laquelle il a eu 4 enfants (Louis, Philippe, Robert et Charles). Pour diriger le Royaume, le Roi a besoin de conseillers à la hauteur : Mathieu de Vendôme (l’abbé de Saint Denis), Pierre de la Brosse (valet de chambre de Louis IX) et Pierre (Comte d’Alençon, son frère) sont ses principaux hommes de confiance. Philippe III suit les traces de son père en adoptant une politique intérieure expansionniste : agrandir son royaume et affermir son autorité (héritages, unions, annexions et guerres). Si Philippe III ne rayonne à travers l’histoire de la même façon que son père et son fils (Philippe le Bel), il fixe néanmoins quelques mesures importantes dont la majorité des rois de France à 14 ans, affermit la justice royale au domaine seigneurial et instaure l’impôt sur la transmission de fiefs.

Ce texte traite principalement de la gouvernance royale au temps des croisades. Il nous apprend que Philippe III organise le retour de Terre Sainte en octobre 1270, mais aussi que le Royaume de France est composé de seigneuries permettant au roi de déléguer la responsabilité des affaires du royaume lors de son absence. Dès lors, comment Philippe III prépare sa succession dans une conception de la gouvernance royale héritée de Saint Louis ? Afin de répondre à cette question, deux aspects sont analysés : les héritages de Saint Louis et les premières décisions de Philippe III ainsi que la continuité des réformes de Saint Louis par ce dernier.

De 1234, date de la majorité de Louis IX à 1285, date de la mort de Philippe III, s’étend un demi-siècle de paix intérieure assurée par l’ordre royal. Les héritages de Saint Louis vont perdurer par les premières décisions de Philippe III.

Lorsque Louis IX meurt le 25 août devant Tunis, son fils aîné Philippe reçoit le pouvoir royal (Loi Salique de 510-511 qui exclut les femmes de la succession tant qu’il reste héritiers mâles). Il est reconnu immédiatement par les Grands du Royaume comme le Roi de France : « Philippe par la grâce de Dieu roi de France ». Cependant l’accès au trône est différent puisqu’il y accède sans sacre et sera sacré un an après son accession au trône. Le roi est puissant, tout le royaume le reconnaît directement. Les autres frères assurent la tranquillité du règne. L’ancien roi distribue à ses fils des territoires royaux (apanages) afin d’éviter toute concurrence avec le futur roi, selon la pratique que Louis VIII a mis en place au début de ce siècle. Nous retrouvons plusieurs permanences qui sont un symbole pour les capétiens : l’hérédité du pouvoir par le sang et le sacre dans la cathédrale de Reims, qui constitue un moment important sur les plans religieux et politique. Le roi Philippe III organise dans cette ordonnance sa succession s’il devait lui aussi trouver la mort. Ainsi, il suit la même pratique pour son successeur : un de ses fils (ici Louis) qui aura l’âge de prendre les directives du royaume à partir de ses quatorze ans, âge qui représente la majorité royale de l’époque. Les pratiques royales (mariage, succession, transmission du pouvoir, pratiques funéraires) permettent à la dynastie de s’enraciner dans des lieux symboliques et sacrés tels que la ville de Reims pour le sacre et Saint Denis pour les sépultures (abbaye dans laquelle tous les rois se font enterrer).

Jusqu’à son retour, Philippe III délègue le pouvoir à travers tout le territoire du Royaume de France. Dans cette ordonnance, Philippe III énumère les personnes en charge de prendre la direction des affaires du royaume en cas de décès. Ce sont non seulement des gens issus du domaine royal et des alentours de Paris, mais aussi de plusieurs comtés du territoire du royaume : « Simon seigneur de Nesle, Erard de Valery, Julien de Péronne, maître Henri de Vezelay ». Cependant, la personne centrale est le « très cher frère Pierre », le frère du roi Philippe III afin que le pouvoir royal reste entre les mains de la famille royale. Ce dernier est chargé de la « garde du royaume », de « décider des affaires du royaume » ainsi que des « comptes du Temple et des autres comptes ». Il représente également « le principal tuteur, défenseur et garde de ce royaume ». Pierre est soutenu par les vassaux du roi. Il est au cœur des affaires financières par la gestion de la Chambre des Comptes et des affaires militaires pour « la défense de notre royaume ». De ce fait, le pouvoir du Roi s’étend sur l’intégralité du territoire par le relai de ses vassaux, ce qui aboutit à une structure en forme de territoire quasiment autonome. On observe par ailleurs l’influence de l’Eglise très importante dans les directions du royaume. En effet, ce sont principalement des hommes d’Eglise qui sont nommés dans cette ordonnance « archevêques de Rouen, évêques Etienne de Paris, Odon de Bayeux, Philippe d’Evreux ainsi que Mathieu abbé de Saint-Denis […] Jean de Troyes archidiacres en l’église de Bayeux ». Le Royaume de France est un royaume catholique. Très croyant, Louis IX ayant gouverné pendant 45 ans, veut faire de Paris un haut lieu de la chrétienté. Une grande confiance à l’Eglise est accordée par les rois capétiens.  

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