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Les pouvoirs souverains en Islam de 632 à 1257

Dissertation : Les pouvoirs souverains en Islam de 632 à 1257. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Janvier 2020  •  Dissertation  •  3 257 Mots (14 Pages)  •  630 Vues

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Aliette Vivies

Institut Albert le Grand

Les pouvoirs souverains en Islam, de 632 à 1517 :

califes, sultans, émirs

                        « Le pouvoir et la religion sont deux frères et aucun ne peut se passer de l’autre » mentionne la Sunna. Pourtant, à la mort du prophète Mahomet, en 632, il n’existe aucune consigne claire concernant sa succession. L’Islam est alors en pleine expansion, et le maintien de son unité est crucial pour son développement. Le pouvoir souverain est alors remis à Abu Bakr, beau-père de Mahomet, reconnu par l’Umma, la communauté des croyants, comme calife. Pourtant, les évolutions politiques et territoriales de l’Islam au cours des six siècles qui suivent ont modifié à plusieurs reprises la nature du pouvoir califal et l’émergence politique des émirs puis des sultans a redéfini l’exercice du pouvoir.

 En Islam, plusieurs termes sont liés au pouvoir : Khalifa, est un terme arabe qui renvoie directement à l’idée de succession, d’hérédité, tandis que le mot Sultaan est d’avantages lié à l’exercice d’un pouvoir coercitif, strictement temporel. A cela s’ajoute le terme amîr, qui signifie commandeur, utilisé dans un ses religieux dans l’expression « commandeur des croyants » attribuée à certains califes, mais qui a surtout une connotation militaire puisqu’il existe le terme wali pour désigner les fonctions de commandement administratives. Pourtant, de 632 à 1257, le pouvoir souverain du calife a été concurrencé par celui des sultans et des émirs, sans toutefois que ceux-ci parviennent à le remplacer complètement.

En quoi la notion légitimité est-elle centrale dans l’exercice du pouvoir en terre d’Islam, depuis 632 jusqu’à la prise de Bagdad par les Mongols en 1257 ?

Dans une première partie, nous étudierons le fait que le problème de la légitimité est au coeur des conflits de succession dans la première phase d’expansion de l’Islam. Puis, nous étudierons la manière dont la dynastie abbasside, en théorisant le pouvoir califal, a permis l’apparition de pouvoirs concurrents à travers les émirs puis les sultans. Enfin, nous verrons en quoi, malgré l’illusion de pouvoir que maintient le califat abbasside à Bagdad, la légitimité reste au coeur des conflits de pouvoirs du monde musulman.

                        La mort du prophète Mahomet en 632 ne pose pas de problème majeur malgré le fait qu’il n’y aie aucune instruction écrite quand à la désignation du chef de l’Umma. L’ami et beau-père du prophète, Abû Bakr, est immédiatement reconnu par la communauté comme son successeur légitime. Il prend aussitôt le titre de « Khalifa », successeur ou remplaçant, plus largement interprétable comme chef de l’Umma. Le titre de calife est donc un gage de légitimité du pouvoir puisque le calife s’inscrit directement dans la lignée du prophète, sans pour autant être de son sang. En tant que successeur de Mahomet, Abû Bakr dirige l’Umma, la communauté des croyants, et est donc investi d’une autorité politique, militaire (puisqu’il est chef de guerre) et religieuse. Le calife est dépositaire de l’autorité politique (Khalifa) et religieuse (Imâm) puisqu’il doit guider dans la prière des croyants. Il y a donc une réelle confusion des pouvoirs temporels et spirituels dans la personne du calife. Ce pouvoir est mal défini et peu limité, si ce n’est par l’idée que le calife doit s’inscrire dans la continuité du prophète et l’imiter. A ce stade, il n’y a pas véritablement d’organisation politique du territoire ou d’administration. Néanmoins, les conquêtes entreprises par Abû Bakr et son successeur ‘Umar (634-644) rendent primordial d’organiser le territoire afin d’assurer une réelle autorité califale. Ainsi, ’Umar établit la dhimma, qui garantit la sécurité de leurs personnes de leurs biens et de leur culte aux chrétiens qui refusent de se convertir en contrepartie d’un impôt spécifique, la djizya. De même, le calife met en place un contrôle financier sur les tribus bédouines qui s’enrichissent, ce qui lui permet d’asseoir son autorité et de financer ses opérations militaires.  Une première forme d’administration voit alors le jour puisque des registres de perception des impôts sont établis. Toutefois, Ces deux premiers califats sont essentiellement consacrés à la conquête : le calife apparaît d’avantage comme un chef de guerre que comme un chef religieux, même si sa légitimité est religieuse puisque le calife est reconnu par tous comme le successeur légitime du prophète, qui marche dans ses pas.

 Il n’y a pas, à la mort d’Umar, de règle précise quant à la succession califale. Celui-ci avait désigné plusieurs successeurs potentiels qui après concertation, ont choisi ‘Uthman comme calife. Outre les décisions politiques et les conquêtes  accomplies sous son califat, la tradition a essentiellement retenu de lui son rôle religieux : ‘Uthman collecte les différentes versions de Coran, le fait mettre à l’écrit et établit une version officielle du Coran. C’est un acte éminemment politique puisque cela permet d’unir l’Umma autour du même texte, répondant ainsi aux problèmes de divisions internes accentuées par l’agrandissement du territoire dominé par l’Islam. L’autorité du calife est reconnue par tous, même si elle ne s’exerce pas partout de la même manière. Toutefois, à la mort d’Uthman, en l’absence de successeur nommé officiellement par le calife, deux forces s’opposent : celle qui, conformément à la Sunna (tradition) veulent choisir un successeur dans le cercle proche du calife, et les partisans d’Ali, gendre du prophète, qui s’approprie le pouvoir après l’assassinat d’Uthman. Cette scission de la communauté, appelée fitna modifie profondément la perception de l’autorité califale puisque la légitimité d’Ali est contestée et que cette question déchire la communauté qui est contrainte d’interrompre ses campagnes militaires d’expansion pour mener une guerre interne. ‘Ali se soumet à un arbitrage avec le général Mu’âwiya et perd son autorité califale au profit de celui-ci. Yazid, fils du général, devient calife, mais son autorité est refusée par le fils d’Ali, ‘Husayn. Celui-ci est finalement vaincu et exécuté lors de la bataille de Kerbala, en octobre 680. Les partisans d’Ali et d’Husayn ne se soumettent pas totalement aux Ommeyades et ne reconnaissent pas la légitimité de leurs califes. Entre la mort de Mahomet le début du califat Ommeyade en 680, le territoire s’est beaucoup agrandi et comprend de nombreuses tribus, ethnies et religions différente. Cela implique une modification de la nature du pouvoir califal, désormais contraint de déléguer une partie du pouvoir exécutif aux wali, qui sont des gouverneurs politiques et militaires nommés par le calife, et de  collaborer avec les mawali, des convertis non arabes, afin de prélever les impôts et de gérer la fiscalité de certaines provinces.

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