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Commentaire de document synthétique sur le Diplôme de Pépin le Bref en faveur de l’abbaye de Saint-Denis (753)

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Par   •  19 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  2 273 Mots (10 Pages)  •  799 Vues

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Commentaire de document synthétique sur le Diplôme de Pépin le Bref en faveur de l’abbaye de Saint-Denis (753) :

        La basilique de St-Denis, devenue nécropole royale par l'initiative de Saint Louis (robertiens et capétiens), est cependant liée depuis bien longtemps déjà aux dynasties ayant régné sur le royaume de France. Effectivement, la tradition d'inhumer les rois à proximité du corps d'un saint remonte aux origines de la dynastie mérovingienne. Mais c'est son rôle d'abbaye et son influence en tant que telle qui constitue son importance à la fin de l'époque Mérovingienne et donc au début de l'époque Carolingienne.

        Le texte suivant est une charte diplomatique rédigée au nom de Pépin le Bref et ayant pour but que l'abbaye de St-Denis conserve le privilège de recevoir tous les impôts perçus par le pagus de Paris à l'occasion de la fête de St-Denis. Elle a été rédigée en latin initialement, le « 8 juillet de la 2nde année de notre règne » : le règne de Pépin ayant débuté en 751, cela correspond au 753 du titre. Le lieu de rédaction n'est pas précisé, mais par sa nature nous pouvons déduire qu'elle a été écrite au sein de la cours du roi ou bien au sein de l'abbaye même. C'est un document à usage public, mais sa diffusion est limitée aux fonctionnaires du roi.

        L'auteur de ce diplôme est Pépin le Bref, cependant il ne l'a pas rédigé lui-même c'est probablement un des érudits de sa cours qui a retranscrit ses dires oraux. Dans l'adresse (l.1-2) nous pouvons voir que le document est adressé à tous les fonctionnaires de sa cours quels que soient leur dignité.

        Comme nous le disions plus haut, ce diplôme a pour but de confirmer les privilèges de l'abbaye de recevoir les impôts du pagus lors de la fête de son saint-patron. Tout d'abord en rappelant les origines mérovingiennes pour légitimer son action tout en s'inscrivant dans la continuité de la lignée royale passée, puis il la reformule ensuite à sa manière en ajoutant les bénéfices qu'apportent cette action, tant sur les moines directement, que par extension au peuple et à son règne.

        En 753, lors de la rédaction de ce diplôme, Pépin vient d'accéder au trône en 751, cependant bien qu'il ait été acclamé par le plaid, il est le descendant d'une longue lignée de puissants maires du palais, mais pas héréditairement de la lignée mérovingienne. Ce qui constitue malgré leur puissance en un coup d'état, le début de son règne est donc marqué par la volonté de légitimer sa lignée. Pour se faire il se rapprochera de l'Église, il sera sacré une 1ère fois en 751 par l'évêque de Mayence, instituant par la même occasion cette pratique qui deviendra une tradition pour tous les souverains suivants. Mais il construira surtout avec l'appui du pape une véritable théocratie impériale. Nous savons que en 754, 1 an seulement après ce diplôme il le sacrera lui-même pour la seconde fois, ainsi que ses deux fils à l'abbaye de St-Denis même.

        Nous verrons donc le rôle que ce texte a eu et les conséquences de ses applications dans l'établissement de la théocratie de Pépin et dans la légitimation de la dynastie des Pippinides, future dynastie Carolingienne.

        Et nous nous demanderons donc plus précisément : En quoi l'abbaye de St- Denis est elle un instrument de légitimation pour Pépin le Bref ?

        Tout d'abord, nous verrons de quelle manière il se place naturellement en tant que successeur des mérovingiens, puis comment de ce biais l'abbaye est la bénéficiaire légitime de ce privilège et enfin nous terminerons par l'ancrage de cette tradition sur le long terme.

        Comme nous l'abordions plus haut, Pépin le Bref, bien qu'il ai été élu est sacré pour accéder au trône ne l'est pas non plus comme de coutume par hérédité. Mais ces ancêtres sont arrivés au pouvoir grâce à leur puissance et leur influence, et on peut voir dans le texte qu'il les place donc au même rang de dignité que les rois passés de la dynastie mérovingienne aux lignes 5 à 7 : « depuis longtemps, les rois antérieurs – le maitre Dagobert, Clovis, et ensuite, Childéric, Thierry et Clotaire, rois défunts, de même que Childebert et notre ancêtre Grimoald, ancien maire du palais » notamment lorsqu'après avoir énuméré les nombreux rois ayant validé cette traditions il inclus ensuite au même titre son ancêtre Grimoald, ancien maire du palais. Cette intention de se placer de la même manière que les rois précédant peut se remarquer à la ligne 16 : « que par notre autorité et celle des rois antérieurs ». Il se place de cette manière pour légitimer sa lignée, et donc logiquement nous pouvons le voir dans les formulations officielles utilisées dans ce diplôme à la ligne 1 par exemple : « Pépin, roi des Francs, homme illustre » ou ligne 24 « Signature de notre maitre, le très glorieux roi Pépin », puis enfin dans l'adresse nous voyons que les destinataires du document sont les membres de l'administration royale, ce qui appuie qu'il occupe légitimement cette place de roi car il tient les rênes de son royaume avec une organisation royale et surtout des fonctionnaires qui le respecte et lui obéissent. Ligne 1 à 2 : « à tous les ducs, comtes, fonctionnaires de la cour [...] et à tous les agents tant présents que futurs, ainsi qu'à tous nos missi qui quittent le Palais dans toutes les directions [...] » Mais le fait de perpétuer cette tradition qui a été instaurée par les rois passés et d'en faire validation, constitue donc en soit une continuité, car il apparaît comme ayant des droits sur une décision royale ce que l'on peut voir ligne 13 : « Nous avons jugé, décrété et confirmé et à nouveau concédé [ces privilèges] » et ligne 23 : « nous décidons de la signer de notre main et d'y apposer notre sceau ». En plus d'agir dans la continuité au niveau de la validation de cette tradition, le fait d'agir comme les rois passés lui apporte un peu plus de légitimité, et lui permet d'obtenir le soutien de cette abbaye, et donc par extension d'une dignité importante de l'Église.

        Ce lieu justement en lieu même, et surtout par ce qu'il représente lui permet d'apporter à son règne une légitimité supplémentaire, nous voyons donc de quelle manière elle est plus légitime qu'un autre lieu de recevoir ce privilège. Tout d'abord en restant sur l'aspect continuité, pour agir comme les mérovingiens et donc les rois, car l'abbaye appuyait les anciens rois, donc il est important pour lui pour légitimer son règne par avec une abbaye ayant une influence mainte fois reconnue dans le passé. Nous voyons dans les lignes 7 à 9, mais aussi 14 à 16 et 17 à 19 qu'il rappelle la tradition comme elle a été instaurée dans le passé par les mérovingiens. Puis la notoriété de l'abbé Fulrad est utilisée pour légitimer ce choix car c'est lui- même qui rappelle qu'il est important que cette tradition perdure. Il est donc décrit lorsqu'il est mentionné de manière plutôt élogieuse dans la ligne 3 : « L'homme vénérable, Fulrad, abbé de la basilique de notre patron personnel » et dans les lignes 4 et 5 : « et où cet abbé et la vaste troupe de moines vivent et servent le Maitre, Fulrad, donc nous a rappelé par l'envoi d'une requête ». Nous savons également grâce aux données historiques, que Fulrad était le représentant de Pépin le Bref, et que c'était un homme qui avait de l'influence, il avait l'habitude d'effectuer des voyages à Rome et donc probablement de traiter avec le pape. Donc il est important pour Pépin sous un autre aspect de cette tradition de satisfaire par la même occasion un homme influent qui peut lui donner son soutien, ainsi que celui d'hommes du clergé influents et notamment le pape. Nous savons qu'il l'appuiera par la suite dans l'instauration de la théocratie impériale, même s'il obtiendra son soutien total après avoir repris les terres des états pontificaux aux Lombards et lui les avoir rendus, le fait d'obtenir soutien d'hommes influents constituent une première pierre à l'édifice de la théocratie impériale. L'abbaye tient également sa notoriété de son passé et notamment de son saint patron Denis. Donc le prestige de l'endroit est d'autant plus grand et justifié par la présence de la sépulture de saint-Denis qui constituent une relique d'autant plus importante que c'est le saint- patron surtout de la royauté. C'est ce que la ligne 3 : « abbé de la basilique de notre patron personnel, saint Denis, où reposent le corps de ce maitre précieux ainsi que de ses compagnons ». Le prestige de ce saint donne d'autant plus de poids à cette tradition tant est qu'elle tire ses bénéfices d'une fête en son honneur. Cela apporte une justification supplémentaire en faveur de ce lieu et justifie la continuité du privilège des mérovingiens et de l'inscrire dans les générations futures.

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