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Commentaire Composé du poème Le Pin Des Landes de Théophile Gautier

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Par   •  25 Avril 2014  •  1 717 Mots (7 Pages)  •  3 440 Vues

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Théophile Gautier, « Le Pin des Landes »

Commentaire

intro: Si la seconde génération romantique, celle qui naquit autour de 1810 et que caractérise,selon Paul Bénichou, son « désenchantement », affrontée à l’hostilité du réel, renonça auxprétentions prophétiques de ses aînés, elle n’en conserva pas moins une très haute idée du rôlede l’artiste. « Le Pin des Landes », publié dès 1840 dans La Presse avant d’être inséré dans España en 1845, en témoigne : Théophile Gautier y représente et y manifeste l’ambition poétique dans un monde désolé. En effet, l’émouvante personnification du pin se présente finalement comme une allégorie de la fonction du poète.

LE PIN DES LANDES

On ne voit, en passant par les Landes désertes,

Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,

Surgir de l’herbe sèche et des flaques d’eaux vertes

D’autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc ;

Car pour lui dérober ses larmes de résine,

L’homme, avare bourreau de la création,

Qui ne vit qu’aux dépens de ceux qu’il assassine,

Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon !

Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte,

Le pin verse son baume et sa sève qui bout,

Et se tient toujours droit sur le bord de la route,

Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.

Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;

Lorsqu’il est sans blessure, il garde son trésor.

Il faut qu’il ait au coeur une entaille profonde

Pour épancher ses vers, divines larmes d’or !

Le pin de Gautier est humain et sa haute humanité s’éprouve par le scandale de sa

souffrance et la générosité (à tous les sens du terme) de son attitude.

Observons tout d’abord que la personnification du pin est de plus en plus affirmée jusqu’à la comparaison avec le poète au dernier quatrain. Dans un premier temps, le pin n’apparaîtque comme un arbre, jusqu’à ce qu’au quatrième vers le poète utilise à son propos les mots « plaie » et « flanc » qui devraient caractériser un être animé (animal ou humain). Dans le second quatrain, l’humanisation du pin s’accentue, toujours par le biais de termes inadéquats à un végétal et, cette fois, propres à l’être humain exclusivement. Animé, humain, il devient acteur doué de volonté et sujet de verbes d’action au troisième quatrain, et même un héros, un homme accompli, quand Gautier le compare au « soldat blessé ». C’est juste après que le mot ambivalent « tronc » a rappelé que c’est sa verticalité physique qui le fait ressembler à un homme, que les mots « droit » et « debout »représentent une verticalité morale, le signe de sadignité : le poème exhibe ainsi la transfiguration progressive qu’il met lui-même en oeuvre.

La personnification du pin est d’emblée (avec sa « plaie » au vers 4) et constamment

associée à l’idée de souffrance et de dommage : le pin est humain en tant que victime. Dans le deuxième quatrain, les quatre mots placés à la césure, « dérober », « bourreau », « dépens » et« douloureux », présentent ostensiblement le pin comme la victime d’un crime crapuleux, ceque souligne encore l’association par la rime des mots « résine » et «assassine ». Dans le troisième quatrain, l’assonance en ou donne à voir et à entendre le lent supplice du pin. Ce phonème, qui apparaît au premier vers du quatrain avec l’expression « coule goutte à goutte »,se retrouve dans tous les mots placés à la rime (« goutte », « bout », route », « debout »),comme si la sève (et avec elle la vie du pin) s’écoulait le long des vers. Chacun de ces mots précise la rigueur du supplice infligéaupin,abandonné et exposé « sur le bord de la route » ;les mots « toujours » et « mourir », qui comportent aussi ce phonème, rappellent le caractère fatal mais héroïque de cette agonie, que résume, à la fin de la phrase, du quatrain et de ce réseau, l’expression « mourir debout ».

Humain, le pin l’est aussi par son abnégation et, à ce titre, il l’est plus que l’homme luimême.Les deux quatrains centraux opposent nettement le second au premier à travers unestructure identique : un infinitif au premier vers, le deuxième vers s’ouvrant sur « L’homme » et « Le pin », chacun étant sujet des verbes du quatrain qui lui est consacré. L’égoïsme cupide et brutal de l’homme contraste précisément avec le don de soi auquel consent le pin : au premier hémistiche du premier vers, « pour lui dérober » s’oppose à « sans regretter », au premier

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