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Commentaire de Document sur le Capitulaire de Villis

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Par   •  25 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  4 900 Mots (20 Pages)  •  1 447 Vues

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Justine Maumy

TD03

Le capitulaire de Villis (800-813)

        Dans le haut Moyen Âge de nombreux capitulaires de toutes sortes sont rédigés, dans le capitulaire de Villis que nous étudions, Charlemagne indique la façon dont il veut voir gérer les propriétés affectées à son usage, afin que toutes les personnes qui vivent sûr de tels domaines ne manquent de rien. Il entendait, par ailleurs, s'assurer de l'exécution de ses directives et demande à ses intendants de lui adresser chaque année, à Noël, des états relatifs aux revenus du domaine, il en dresse un inventaire précis. Charlemagne entend réformer l'agriculture et l'administration de ses domaines.

        Le Capitulaire de Villis est un acte législatif du début du IXe siècle, c'est un acte dans lequel Charlemagne indique à l'intention des villici, les gouverneurs de ses domaines (villae, villis), un nombre d'ordre et de recommandations de cultures, il ne s'agit pas en réalité de simples recommandations mais de règles strictes à respecter scrupuleusement, sous peine de lourdes sanctions (amendes, révocation, emprisonnement, bannissement…) car ce texte est une ordonnance royale dont l'application concrète sera contrôlée sur le terrain par les missi dominici (envoyés du maître/seigneur). Le capitulaire de Villis s'applique à toutes les terres impériales et on doit lui reconnaître le caractère de loi d'Empire. En cela Charlemagne n'était pas un novateur, aux IVe et Ve siècles, les terres impériales ou fiscales étaient dotés elles aussi d'une administration propre. Ce document si célèbre n'est pourtant pas un capitulaire proprement dit, à moins qu'on ne veuille appliquer ce nom à toute espèce d'écrit divisé en petits chapitres, capitula. Nous entendons, en effet, par capitalaires, des ordonnances d'intérêt public, rédigées et promulguées d'ordinaire dans les assemblées nationales. Or ce qu'on appelle le capitulaire de Villis ne présente pas ces caractères : d'abord il concerne, non les propriétés en général, mais seulement les terres des domaines du roi ; ensuite il n'a pas été rédigé avec le concours des grands du royaume ni dans une assemblée de la nation. Ce n'est donc pas une ordonnance, c'est un règlement presque exclusivement domestique mais tout de même nommé capitulaire. Le capitulaire a donc été publié, pour la première fois, en 1647, par Hermann Conring, d'après le manuscrit d'Helmstadt, à la suite des lettres de Léon III. L'année de sa rédaction est incertaine, certains historiens s'accordent à dire que c'est à l'an 800 et d'autres la reculent jusqu'à l'année 813. Charlemagne est considéré comme l'auteur du capitulaire car c'est lui qui en a commandé la rédaction, il est important de rappeler qu'en 800 il devient Empereur, c'est le restaurateur de l'Empire d'occident, l'acteur principal de la Renaissance carolingienne, il règne avec l'ambition de reconstituer une Europe unie par la foi chrétienne. Mais le capitulaire n'est certainement pas rédigé par Charlemagne seulement même s'il a participé à certains articles et qu'il a donné des directives, on peut supposer qu'il s'agit d'un travail commun, avec des savants experts dans chaque domaine évoqué, c'est l'une des premières œuvre collective du genre.

        Le monde franc a dû faire face entre la fin du VIIIe et le début du IXe siècle à une série de crises alimentaires : sept famines sont mentionnées dans les sources de la deuxième moitié du VIIIe siècle et vingt-sept dans celles du siècle suivant. C’est peut-être parce que les crises alimentaires ont pris plus d’ampleur que le pouvoir royal a voulu « inventer » des solutions au problème : les prescriptions des messes, des jeûnes et des aumônes étaient le signe du désespoir des gouvernants carolingiens confrontés à des problèmes qu’ils ne parvenaient pas à résoudre. A cette époque une série de textes normatifs, appelés « capitulaires » ont été publiés par les éditeurs des Monumenta Germaniae Historica, qui prévoyaient des mesures destinées à contrer les crises alimentaires. En effet le capitulaire de Villis n'est pas le seul capitulaire durant cette période, parmi tous les capitulaires trois autres sont publiés par Charlemagne entre la fin du VIIIe et le début du IXe siècle : le Capitulare Episcoporum (779), le capitulaire de Francfort (794) et le capitulaire de Nimègue (806), on y trouve des mesures prises par les princes carolingiens pour faire face aux crises alimentaires. Le capitulaire de Villis a été rédigé aussi au moment où l'Empire franc avait acquis son extension maximale, d'où certainement le besoin éprouvé par l'empereur de tenir fermement en main l'ensemble de ses fiscs, par le biais d'un contrôle rigoureux exercé sur leurs administrateurs, les intendants et leur comptabilité.

        Cela nous amène à nous demander en quoi les directives présentes dans cet extrait du capitulaire de Villis témoignent de l'importance que Charlemagne accorde à ses terres ?

        Nous verrons tout d'abord dans une première partie que Charlemagne délègue des charges à des ministériaux, et ensuite qu'ils sont chargés de la gestion du domaine et dans une dernière partie qu'ils possèdent aussi la gestion comptable de ses terres impériales.

I) Une confiance dans ses ministères

a) Le rôle primordial de l'intendant

Le ministère le plus important dont nous parle le texte est sans aucun doute celui de l'intendant, qui est cité dès la première ligne. De plus le mot exact « d'intendant » est cité 6 fois dans notre extrait mais tout le long de l'extrait les concerne, presque la totalité des pronoms personnels sujets désignent les intendants. Il me semble donc primordial que nous voyions qui sont précisément les intendants. Se sont donc les intendants des terres royales : des hommes libres et souvent puissants, qui réunissaient à leur autorité domestique un pouvoir public sur tous les hommes du roi établis dans leur ressort. Ils figurent parmi les principaux officiers du palais ou du roi. Les intendants résidaient sur les terres de leurs districts, comme on doit le conclure de leurs attributions, ils possèdent en effet différents types de missions, on peut voir notamment plusieurs verbes de commandement :« surveiller » l.1 ; « veiller » l.3 ; « préparer » l.9-18 ; « entretenir » l.17...Ils relèvent immédiatement de l'autorité du roi comme nous le montre le texte puisque ce sont des ordres venant directement de sa personne que les intendants doivent absolument respecter. Les intendants sont des personnages fort importants dont le rang peut être comparé à celui des comtes, bien que l'on sache que ces derniers étaient loin d'avoir tous le même degré de richesse et de puissance. Mais cependant les intendants devaient être à peu près indépendants de l'autorité des comtes, pour pouvoir exercer une juridiction exceptionnelle et privilégiée. On leurs confie uniquement et exclusivement la gestion des terres impériale.

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