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Ambassade de Liutprand de Crémone en 968

Commentaire de texte : Ambassade de Liutprand de Crémone en 968. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Mars 2020  •  Commentaire de texte  •  3 600 Mots (15 Pages)  •  1 003 Vues

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Intro :

Durant le Haut Moyen-Âge, tous les chefs de guerre, tous les rois etc. n’avaient que pour but d’obtenir les faveurs du basileus, lempereur romain d’Orient pour avoir un titre légitime. La seule personne qui avait la légitimité de le faire était l’empereur byzantin. C’est dans ce but que sont envoyés de nombreux ambassadeurs à Byzance.

En effet, nous avons ici plusieurs extraits du rapport d’ambassade de Liutprand de Crémone en 968 à Constantinople appartenant à son œuvre Relatio de legatione Constantinopolitana. Arrivé à Constantinople le 4 juin dans des conditions de voyage difficiles, il reçut un accueil loin d’être idéal à son goût. Deux jours plus tard, il a un premier entretien avec Léon, chancelier et frère du basileus Nicéphore Phokas. Le lendemain, il obtient une entrevue auprès de l’empereur, mais ce dernier l’écourte car il doit donner la messe en l’honneur de la fête de la Pentecôte. Après l’office, il est convié au festin à Sainte Sophie, la maison de l’empereur. C’est au début du repas que l’extrait se situe.

Né à Pavie vers 920 dans une famille patricienne (ont rang supérieur aux citoyens Romains), Liutprand de Crémone reçoit une éducation classique. Il a toujours côtoyé les milieux aristocratiques et même royaux : enfant, il grandit à la cour du roi de Provence et d’Italie Hugues d’Arles. Il passe ensuite au service de Béranger d’Ivrée qui l’envoie en ambassade à Constantinople auprès de Constantin VII en 949. De retour en Italie, il rejoint la cour du roi germain Otton Ier vers 955. Peu de temps après il découvre sa vocation pour la littérature : en 958, il entreprend l’écriture d’Antapodose, le récit de sa première ambassade à Constantinople : œuvre inachevée faute de temps à l’époque actuelle. En 962, Otton Ier le sacre évêque de Crémone. 6 ans plus tard, Otton Ier, confie un rôle politique important à Liutprand de Crémone en le chargeant d’obtenir le mariage entre son fils Otton II et la princesse byzantine porphyrogénète c’est-à-dire fille d’un basileus régnant, nommée Théophano Skleraina. C’est donc dans le but d’obtenir une alliance matrimoniale que Liutprand de Crémone se rend à Constantinople en 968 auprès de Nicéphore Phokas, le Co-basileus de l’empire byzantin mais qui a tout de même les pleins pouvoirs, au moment où le Saint-Empire Germanique est en plein essor alors que l’empire byzantin est harcelé de tous les côtés. En effet, Otton Ier roi germain, se proclame roi d’Italie vers 951 et est par la suite couronné empereur des Romains par le Pape Jean XII en 962. Sa nomination instaure le Saint-Empire romain germanique car il se considérait comme le continuateur de l’empire d’Occident et au-delà de l’Empire Romain. Un rôle que s’attribuait aussi l’empire byzantin. Ainsi, c’est dans cette atmosphère conflictuelle que se rend Liutprand de Crémone à Constantinople, capitale de l’empire Byzantin.

Dès lors, en quoi ce texte reflète t’il les tensions politiques entre le Saint Empire romain germanique et l’Empire de Byzance ?

Il convient pour répondre à cette question de traiter prioritairement, le point de vue du narrateur sur Byzance et vice-versa, puis ensuite d’étudier l’empire convoité qu’est Byzance et enfin de s’intéresser à Liutprand de Crémone, un historien de l’an Mille

  1. Le point de vue du narrateur sur Byzance et vice-versa
  1. Le point de vue de Nicéphore Phokas sur Otton Ier et celui de Liutprand sur le basileus :

Tout d’abord, au cours du repas Nicéphore Phokas et les autres diplomates assistant à ce festin critiquent pleinement Otton Ier : l14 : « le but était clairement de vous insulter ». ces insultes ne se limitent pas à Otton Ier, elles vont aussi à l’encontre de Liutprand de Crémone : l14-15 : « En votre nom je fus méprisé, en votre nom je fus avili, en votre nom je fus humilié ». Le traitement réservé à cet ambassadeur s’explique par les rivalités entre les deux empereurs. A cela s’ajoute le manque d’estime de sa personne lors du festin organisé à l’occasion de la fête de la Pentecôte : l2 à 3 « Toutefois, il n’accepta pas de juger digne que j’ai la préséance en aucune manière sur ses grands dignitaires et il me fit asseoir à quinze place ». Liutprand, interprète ça comme si, il n’était pas digne d’être assis à côté de l’empereur car seules les personnes de la cour et les personnes hauts placées avaient ce privilège. La place à table joue un rôle important dans les discriminations sociales.

Mais lors du deuxième repas auquel il assiste à l’occasion de la fête des saints Apôtres, il n’obtient toujours pas une place respectable à son goût : l12 « je fus placé à l’extrémité d’une table qui était longue et étroite, derrière l’envoyé Bulgare ». Il se sent humilié car la place d’honneur qui lui était refusé est donné à l’ambassadeur Bulgare surtout que cette personne vient du parti des ennemis d’Otton Ier. Par la suite, il décide de quitter la table, en colère à la ligne 16, car pour lui s’en ait trop pour lui, fervent défenseur de la réputation de son roi. En effet à la ligne 14 il éprouve le besoin de lui rappeler toute son admiration, après lui avoir rapporter que Nicéphore et ses dignitaires le méprisait : « Mais je rendais grâce au Seigneur Jésus lui-même que, vous, vous servez de toute votre âme, d’avoir jugé digne de supporter que ces injures en votre nom »

                      B) -Les relations entre le Saint-Empire germanique et l’Empire byzantin :

L’empereur se montre ainsi car il ne reconnait pas la légitimité du Saint Empire romain germanique et le rôle d’empereur d’Otton Ier car à ses yeux, le seul véritable empire est celui de Byzance. Seul son rôle de roi d’Italie est reconnu. En effet, Otton Ier a gagné son titre d’empereur grâce à ses talents militaires : en 955 il met fin aux invasions barbares en Europe et sauve le pape Jean XII de l’attaque de Béranger. N’oublions pas que le terme d’imperator veut dans un premier temps dire chef des armées. L’empire d’Occident se fait appeler quelques siècles plus tard « Saint Empire romain » pour se distinguer de l’Empire byzantin de religion orthodoxe. Cependant, il a par la suite mise en place le Privilegium Ottonianum, un texte qui place la papauté sous tutelle impériale et faisant de lui le chef incontestable de la chrétienté. Les byzantins considéraient que l’Italie entière était de leur héritage, eux légitimes descendants des empereurs romains. Si le sud de la péninsule italienne était de tradition, de religion et de langue grec le nord leur avait échappé depuis longtemps.

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