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Pline le Jeune, Lettres

Commentaire de texte : Pline le Jeune, Lettres. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Décembre 2022  •  Commentaire de texte  •  2 976 Mots (12 Pages)  •  193 Vues

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Le document présentement étudié est un extrait de l’ouvrage de Pline le Jeune intitulé Lettres. Pline le Jeune (61 ou 62-113), de son nom latin, Caius Plinius Caecilius Secundus, est un écrivain et homme politique romain. Il vit sous les règnes de cinq empereurs successifs : Vespasien, Titus, Domitien, Nerva et Trajan. Il est le neveu de l'illustre Pline l'Ancien, auteur d’Histoire Naturelle, qui le prend sous sa protection à la mort de son père. Son oncle surveille de près son éducation et l'adopte par testament juste avant sa mort en 79. Il passe son enfance à Côme puis part étudier la philosophie et la rhétorique à Rome auprès de Quintilien, rhéteur, avocat et premier professeur officiellement rémunéré par l'administration romaine. Pline le Jeune devient lui aussi avocat et entre dans l'ordre sénatorial. A partir du principat de Titus (79-81), il apparaît déjà comme un orateur réputé à la Curie et gravit les échelons du cursus honorum sous le règne de Domitien (81-96), favorisé par le soutien de puissants protecteurs tels que Verginius Rufus. En l'espace d'une dizaine d'années, il est successivement tribun militaire (82), questeur (88), tribun de la plèbe (92) et enfin préteur (93). Pline le Jeune devient ensuite administrateur du trésor destiné aux vétérans de l'armée romaine. Au cours des règnes de Nerva et Trajan, Pline devient, en sa qualité de sénateur, un partisan actif du pouvoir impérial. Il se lie d'amitié avec l'empereur Trajan, dont il fait l'éloge dans son Panégyrique de Trajan (100). La même année, il est nommé consul. Il obtient quelques années plus tard la responsabilité de superviser les travaux d'urbanisme à Rome, en particulier les égouts. Entre 111 et 113, Pline le Jeune est nommé gouverneur de la province de Bithynie et Pont. Il est principalement connu pour ses correspondances, ses Lettres, destinées à l'empereur Trajan ou à d'autres érudits comme Tacite. Les Lettres de Pline le Jeune ont permis aux historiens de faire la lumière sur certains événements, notamment sur l'administration des provinces romaines.

L’extrait constitue un échange entre Pline le Jeune et Trajan. Pline est alors gouverneur de Pont-Bithynie, et il présente à l’empereur, par cette lettre, les difficultés qu’il rencontre dans cette province, et sollicite l’avis de Trajan sur les questions qu’il se pose. Il lui expose qu’il est confronté à la présence d’individus qui disent pratiquer la religion chrétienne, d’autres en sont accusés mais nient les faits, d’autres encore refusent de se soumettre aux procédures de preuve demandées par Pline. Ces deux lettres sont écrites vers 111-112, c’est à dire au cours d’une période où l’empire est encore largement païen et où le christianisme, religion interdite, se propage dans le bassin méditerranéen. En 111, la province de Pont-Bithynie est en désordre, et Pline est choisi par Trajan pour sa formation juridique, son expérience et sa bonne connaissance de la région. En tant que gouverneur, Pline bénéficie d’une grande influence sur tous les habitants de sa province, et le pouvoir romain accorde aux gouverneurs une grande responsabilité pour gérer les affaires juridiques. Il nous informe donc dans cette lettre sur la propagation du christianisme en Asie Mineure et demande à Trajan les modalités des persécutions. Trajan lui répond en lui définissant la conduite à tenir.

L'interdiction légale de la religion chrétienne dans l’Empire romain date de la fin du Ier siècle mais sa pratique peut être tolérée si l’individu se repentit, s’il se soumet aux rites religieux romains et s’il abandonne le christianisme, comme nous le confirme cet extrait. Les chrétiens ne sont pas poursuivis de manière systématique et lorsqu'ils le sont, c'est généralement pour des crimes de droit commun, comme n’importe qui. Ils semblent être condamnés seulement s’ils prônent leur religion de manière convaincue et encouragent sa propagation.

La religion traditionnelle romaine est fondée sur des cultes publics et l'agrandissement du panthéon à chaque victoire, signifiant l'accueil des populations vaincues dans l’Empire et de leur culture. Le Panthéon de Rome (qui au moment de l’écriture de ces lettres est détruit par l’incendie de 110) est dédié à tous les dieux. L'idée d’un dieu unique défendue par les juifs s'inscrit dans un courant qui commence à gagner progressivement les classes supérieures de l’Empire romain. Dans la société romaine, les chrétiens ne sont d'abord pas distingués des juifs ; le christianisme, considéré comme une « secte juive » n’est donc au départ pas incompatible avec la culture romaine. Les chrétiens bénéficient d'un espace intermédiaire entre la pratique clandestine de leur foi et son exposition publique : la pratique familiale et domestique du christianisme est donc largement tolérée. Cependant, toute pratique d'un culte étranger doit être autorisé par le Sénat, sinon quoi sa pratique devient illicite. De plus, le droit d'association mis en place par César et conservé par Auguste demeure très restrictif ; les Chrétiens ont donc beaucoup de difficultés à se réunir dans des endroits prévus à cet effet. Dès le début du IIe siècle, il existe donc des persécutions locales organisées contre les chrétiens. Ainsi, cette lettre, qui parle de « superstition » (L.31 et 36) et de « folie » (L.12), montre le mécanisme de condamnation pour le motif d’obstinatio, l’entêtement dans le refus d'obtempérer à l'ordre et de sacrifier à d'autres dieux. À ce moment-là, l'attitude sévère de l'autorité romaine relève donc plus de convictions politiques que de convictions idéologiques : on réprime en fait le refus public d'adhérer à la cité et à son culte car c’est un exemple qui peut entraîner des troubles locaux.

En quoi cet extrait nous renseigne-t-il sur l’attitude des autorités romaines face à l’émergence, au début du IIe siècle, d’une religion qui s’éloigne du cadre de la culture romaine ? et pourquoi ?

I/ Christianisme à l’opposé de la culture romaine

Pline évoque cette religion émergente comme le total contrepoint des traditions romaines. Il semble ne rien savoir de cette religion en pleine expansion dans le bassin méditerranéen, pourtant terre païenne, et de la manière dont il faut la freiner (L.2 : « j’ignore » / L.3 : « je n’ai jamais participé à des informations contre les chrétiens »). Il dit ne jamais avoir été présent à aucun procès contre des chrétiens. Des procès précédents ont donc eu lieu, mais Pline ignore les éventuels édits ou lois existants sous Trajan ordonnant de poursuivre les chrétiens. Il demande donc conseil à l’empereur et lui faire part de ses interrogations.

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