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Le tableau est-il seulement une image ?

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Par   •  15 Janvier 2023  •  Dissertation  •  2 193 Mots (9 Pages)  •  181 Vues

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Le tableau est-il seulement une image ?

Un tableau est un ouvrage de peinture sur un panneau mobile de bois, de cuivre etc. ou sur de la toile. On en trouve dans l’Antiquité mais la peinture sur tableau se généralise en Occident au XIVème siècle. Il est jusqu’à la fin du XIXème siècle figuratif, c’est-à-dire qu’il représente des formes, des figures qui s’apparentent au réel. Durant le Moyen Âge et la Renaissance, les tableaux sont presque exclusivement des images religieuses. Une image est une représentation d’objet ou de personne. L’image incarne le sens de l'œuvre, sa signification. Le tableau est donc l’espace où est inscrit cette image.

Dans quelle mesure peut-t-on affirmer que le tableau se limite à une représentation symbolique, une image ? Est-il porteur d’une valeur d’une autre nature ? Une valeur matérielle ? Sensible ? Ces valeurs sont-elles en opposition ?

Nous nous entendrons d’abord sur le fait que l’image soit un élément constitutif du tableau pour ensuite développer l’idée de la valeur du tableau s’exprime à travers sa matérialité. Enfin nous verrons que l’approche sensible d’un tableau est capitale dans sa compréhension totale et entière.

  1. L’image constitutive du tableau

Dans l’histoire de l’art, il n’y pas de distinctions entre image et tableau pour les peintres et théoriciens de l’art. L’image et son sens prennent une place prépondérante dans la conception intellectuelle du tableau pour tout observateur.

  1. On se focalise sur l’image

a. Le tableau du début du Moyen Age à la fin du XIX est figuratif. -image issu du latin imago qui veut dire “représentation”, « effigie ». De la racine indo-européenne *im- qui a donné imitari en latin, et imiter en français.

b. Tableau créé comme une image tendancieuse : procure soit l’adoration soit le débat. Objets de controverses Jugement dernier (1541) de Michel-Ange et La descente de croix (1435) de Rogier van der Weyden

  1. Les représentations ne sont pas neutres : toute image est porteuse d’une idéologie précise
  1. Le concile de Trente entre 1545 et 1563 conçoit la peinture religieuse comme porteuse du message catholique. Cela se constate dans des oeuvres des artistes à Rome du début XVIIe siècle : Simon Vouet ; Manfredi
  2. Allégorie porteuse d’une idéologie politique. Le Massacre Chios (1822) de Delacroix affirme le positionnement politique de l’artiste.  

     

      C.  Ces dimensions culturelles mènent à l’histoire de l’art moderne, l’historiographie de l’art moderne repose sur l’analyse du sens

  1. Histoire de l’art moderne comme une science de l’analyse du sens avec l’iconologie de Panofsky
  2. Les chercheurs qui suivent sont aussi en quête du sens des oeuvres comme Francastel et Arasse :des conceptions culturelles qui dictent l’appréhension sémantique de l’oeuvre d’art

Les questions de signification de l’image, de sa valeur et de sa portée ont suscité de nombreux débats. Cependant on peut noter que Panofsky et tous les penseurs de la sémantique du tableau ne s’intéressent peu au caractère matériel de l'œuvre. Les tableaux sont examinés à travers leur prisme de leur signification. Mais le tableau est un objet concret dont la matière est prépondérante dans la valeur que l’on lui attribue.

II. Le tableau est plus qu’une image, il ne se limite pas à une représentation porteuse de sens mais il incarne davantage. Il est valorisé par la matière de l’oeuvre

  1. L’objet matériel concret
  1. Le tableau, un objet concret : une toile, une planche de bois et de la peinture à base de pigment. Cennini dans Le livre de l’art où le travail artistique est manuel et ouvrier pour l’artiste
  2. Les évolutions techniques sont des changements décisifs de l’histoire de l’art : la transition entre peinture a tempera et peinture à l’huile a complètement transformé les possibilités de création des artistes. La technique du glacis de Van Eyck, La Madone dans l’église, 1438 est une révolution artistique et change la donne

  1. La matérialité du tableau : une problématique millénaire
  1. Querelle des images qui remonte au VIIIème et IXème siècles considérant la peinture religieuse non comme un objet sacré mais matériel. Ce faisant, toute peinture religieuse est considérée comme une hérésie du fait de l'idolâtrie d’un objet matériel
  2. La question de la matérialité traverse le temps avec la querelle du dessin et du coloris entre poussinistes et rubénistes ou entre l’école vénitienne avec Titien et l’école romaine avec le Carrache

  1. L’œuvre d’art reproductible n’a de sens qu’en son authentique matérialité
  1. La matérialité est essentielle puisqu’on trouve des exemples répliqués de l’image d’origine. L’original compte comme le dit W. Benjamin dans L'œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité
  2. L’original implique des pratiques de restaurations, des assurances, de la protection, une adoration, et provoque une fascination chez le spectateur : L’exposition au Rijksmuseum sur Vermeer attire déjà et fait parler grâce au rassemblement des œuvres originales.

C’est ce que l’on appelle l’agentivité de la matière

Le tableau est matériellement construit et c’est ce complexe de formes et de lignes pures originales qui font son authenticité en un sens. Cependant le tableau n’est pas qu’un pur objet. Il existe et coexiste à travers une multitude de modalités que forme son  autant que son image et sa forme matérielle. Cet ensemble de modalités constitue à son tour l’expérience sensible qu’un spectateur vit dans son rapport au tableau.

Le tableau, une expérience sensible qui dépasse la matérialité ou l’étude purement symbolique. Le tableau est un tout, une expérience entière de la forme et du fond qui réside dans le monde sensible. En effet le tableau n’est pas un pur objet intelligible flottant dans un espace immatériel. Il réside dans le monde réel. C’est ainsi qu’il peut être vu. Cependant si l’on considère l’inverse, le tableau sans être vu ne peut pas être compris, ni même entendu par l’intellect. Ainsi c’est par la vue, que la relation entre le spectateur et le tableau prend forme. Sans voir le tableau, il n’y pas d’expérience sensible. Le spectateur interagit avec l’œuvre dans la mesure où il ressent quelque chose en la voyant et qu’elle perd ce statut d’inconnue dans son l’intellect. Le tableau n’est pas neutre s’il est connu. C’est dans l’expérience psychosensorielle et la réflexion d’un public devant le tableau en matière et en formes, que ce dernier existe aux yeux du monde. C’est le public qui fait l'œuvre, qui la crée et la consacre à une destinée précise. Un tableau interprété comme profondément hétérodoxe et qui choque la sensibilité du public religieux ne sera pas accepté dans une église même si il était prévu comme tel. Ce fut le cas de L’inspiration de saint Matthieu (1602) du Caravage qui a vu sa première version de ce tableau refusée car jugée « trop naturelle » par l’église de Saint-Louis-des-Français de Rome.

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