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Le mariage d’Agaristé, texte d’Hérodote

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Par   •  13 Avril 2022  •  Commentaire de texte  •  3 382 Mots (14 Pages)  •  364 Vues

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« Si l’attirance entre homme et femme joue rarement un rôle dans la conclusion d’un mariage, les liens personnels d’intérêts ou d’amitié entre hommes sont souvent déterminants ». Cette citation tirée du livre écrit par Anne-Marie Vérilhac et Claude Vial, Le mariage grec du VIe s av J-C à époque d’Auguste illustre l’importance et l’intérêt du mariage dans l’antiquité grecque.

Le texte dont nous allons parler aujourd’hui est un récit du mariage d’Agaristé de Sicyone avec l’Alcméonide Mégaclès II d’Athènes. Il est extrait du livre VI de l’Enquête d’Hérodote, qui porte le nom de la muse de la poésie lyrique, Erato.                                                      

Nous ne connaissons que  très peu de choses sur Hérodote. La plupart des données que nous possédons aujourd’hui  proviennent de documents byzantins. Ainsi en est-il de la notice de Souda qui nous apprend qu’Hérodote serait originaire d’Halicarnasse en Carie et serait fils  de Lyxès et de Drio. Cependant, nous connaissons les dates probables de naissance et de mort d’Hérodote, même si les indications chronologiques sont très vagues à ce sujet. Ainsi, dans le livre VII de Thucydide, Denys d’Halicarnasse dit qu’Hérodote serait né peu de temps avant les guerres du Péloponnèse. On peut donc dater sa naissance parmi les années 480 av notre ère. Pour ce qui est de sa date de mort, la mention historique la plus basse dans ces textes remonte aux années 424, on pourrait donc la situer vers 420. Hérodote reconnu pour être le premier à effectuer une démarche de recherche historique dans son œuvre qui s’intitule « Historiai » en grec. Ce titre signifie littéralement « enquêtes » ou « recherches » d’où la traduction française du titre par : l’Enquête. L’Enquête compte aujourd’hui comme une source capitale pour comprendre le monde grecque antique. Elle est donc à la fois perçu comme une œuvre littéraire mais aussi comme une source historique.

Le récit met en scène le père de la mariée, Clisthène le tyran de Sicyone, cité grecque de Corinthie dans le nord du Péloponnèse, au début du VIe siècle. Il organise le mariage de son unique fille, Agaristé de Sicyone, dans un cadre grandiose de concours et de festins pour les prétendants. Notre extrait débute avec une description de la famille des Alcméonides ainsi que de l’histoire de leur fortune. Puis c’est au tour de Clisthène d’être rapidement décrit, ainsi que ses ambitions. Nous avons par la suite une présentation des prétendants et des critères de jugement de Clisthène. Enfin, Hérodote nous fait état du banquet final qui se terminera par le don d’Agaristé à l’athénien

Mégaclès.

Il est intéressant de noter que l’Enquête est écrite vers 440-445 av J-C et donc au Vè siècle alors que l’évènement dont il est question dans notre extrait a eu lieu dans la seconde moitié du VIe siècle av J-C (vers 570). Il y a donc 1 siècle de différence entre ces dates. Ce texte semble avoir une portée politique en plus d’historique : de cette union va naître une lignée d’hommes qui joueront un rôle déterminant dans la démocratie : Clisthène et Périclès. A l’époque d’Hérodote se sont les descendants de ce mariage qui sont au pouvoir à Athènes. On peut donc en déduire que le travail de l’historien est significatif d’une légitimation du pouvoir des Alcméonides à son époque en relatant de façon objective son origine.

Ainsi, à travers ce texte, Hérodote nous amène à nous demander en quoi le mariage entre l'élite à l'époque archaïque permet au père ainsi qu'au mari d'élargir son réseau d'influence dans la Grèce et quelle est la place de la femme au milieu de tout cela  ?

Pour répondre à cela nous nous intéresserons au mariage dans la Grèce archaïque. Puis, nous verrons que le mariage d’Agaristé participe d’une stratégie matrimoniale pour monter en puissance. Enfin, nous étudierons la place de la femme dans la société de la Grèce archaïque.

PARTIE I – LE MARIAGE EN GRECE ARCHAIQUE

Il est important de noter qu’à l’époque, en matière de choix des époux, les deux sexes se trouvaient dans une situation totalement différente. Ainsi, contrairement à l’homme, la femme de condition libre n’avait pas le droit de disposer d’elle-même. La femme est donné par son père ou son frère au mari qui lui, est libre de son choix.

A) DÉFINITION GÉNÉRALE ET SIGNIFICATION DU MARIAGE

D’abord le terme de mariage, que l’on appelle « gamos » en grec désigne d’une part l’acte par lequel un homme et une femme deviennent époux mais aussi l’état de vie qui en résulte. Le mariage de la Grèce antique repose beaucoup moins sur des relations personnelles, et il est surtout lié à des enjeux sociaux. Les anciens législateurs grecs considèrent le mariage surtout comme une question d’intérêt public puisque l’acte de mariage instaure une union légitime entre et un homme et une femme, ce qui implique à la fois des rapports sexuels licites mais aussi un changement de statut puisque l’acte du mariage permet de créer un statut de droit non seulement pour les époux mais aussi pour leurs enfants qui seront considérés comme légitimes. Ainsi, loin d’être conçue comme une union librement consentie par les conjoints, l’alliance conjugale n’est qu’un moyen légal pour certifier qu’une femme est reconnue comme mère d’enfants légitimes. Par ailleurs, une autre fonction du mariage était celle de la transmission de biens, aussi bien matériels tels que des terres que immatériels tels que des valeurs, des croyances où des rites.

B) LES CONDITIONS DU MARIAGE

Pour l’époque archaïque nous ne possédons aucun texte normatif relatif au droit de cité et aux conditions de mariage. Cependant, d’après les textes littéraires qui mentionnent divers mariages entre personnes de cités différentes, donc des mariages entre étrangers, il semble que d’ordinaire les cités reconnaissaient la légitimité du mariage d’un citoyen et d’une étrangère ainsi que sa capacité à faire naître de futurs membres de la communauté. Ainsi alors que Clisthène, fils qui naît du mariage entre Mégaklès et Agaristé, comme en témoigne le document « Un enfant naquit de ce mariage, Clisthène, qui donne aux Athéniens leurs tribus et leur régime démocratique » (113-14) va être considéré comme Athénien alors même qu’Agaristé elle-même n’est pas athénienne puisque le mariage s’est fait « conformément aux lois d’Athènes » (108). Cependant on connait aussi un cas inverse à savoir celui de Pisistrate puisque les seuls fils de ce dernier furent reconnus comme Athéniens furent ceux qui étaient nés d’une Athénienne qu’il avait épousée et non ceux qu’il eut de l’Argienne Timônassa.

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